Chapitre 8

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Sur la suite du chemin, le silence avait enveloppé les deux personnes, jusqu'à l'approche de l'appartement. Aucun son n'avait franchit de bouche, seul le bruit de leurs pas sur les pavés comblaient le vide. L'un à côté de l'autre, chacun se tenait à une distance raisonnable du voisin. Néanmoins le calme fut brisé par  Giovanni désireux d'éclaircir un point.

- Pourquoi cherchez-vous tant à cacher le caractère que vos pères vous ont transmis ?

La réponse se fit attendre si bien que le sicilien présuma qu'il n'y aurait aucune réponse à sa question. Pourtant elle finit par avouer.

- Je suis une personne spontanée depuis toujours mais j'ai appris à mes dépends qu'il ne faut pas mélanger l'impulsivité et affaire.

Elle vint repousser une mèche ondulée dans le but d'observer discrètement le séduisant profil de l'homme. Ce regard profond mélangée à une dureté sans pareil donnait des frissons glacés. Et cette mâchoire puissante soulignée par une barbe taillée ne semblant jamais se détendre. Toutefois il était le portrait parfait d'un personnage de film, sans nul doute sa carrure ainsi que sa démarche déterminé devait laissé sans voix ses ennemis.

- Nous ne sommes pas dans votre boutique, je ne suis donc pas votre client, mademoiselle, répliqua-t'il avec son habituel intonation masculine, si féroce et à la fois hypnotisante.

- Mais vous avez été un acheteur, il me semble dans ce cas que je dois garder du professionnalisme, répliqua-t'elle prise d'une soudaine assurance.

Délicieuse créature, pensa le sicilien. Il aimait particulièrement ce côté de sa personne qu'elle tentait de cacher. Le fait qu'il ait découvert ce trait de sa personnalité le rapprochait inévitablement de la vendeuse ; ce qui attisait son désir de connaître davantage sur elle.

- Il me semble qu'un simple consommateur ne vous aurait pas aider pour récupérer votre bien, marmonna Giovanni en italien dans l'objectif que la grecque ne comprenne sa réponse.

- Que dites-vous ? L'interrogea-t'elle en glissant son attention à ce personnage ténébreux.

- Rien qu'il ne soit important, bougonna l'individu dans sa barbe. Il resserra ses poings cachés dans ses poches, pour ne pas laisser ses pulsions masculines reprendre le dessus sur la situation.

Qu'arrivait-il, lui qui arrivait à contrôler quiconque rien qu'avec ses yeux, une jeune femme réussissait à le faire devenir désireux d'une simple attention de sa part. Comment parvenait-elle à ce résultat-là ? Même ses ex compagnes n'envahissaient pas autant son esprit que celle-ci. C'était certainement un simple desire corporel qui s'effacera avec le temp, espérait-il.

- Nous sommes bientôt arrivés devant chez moi, monsieur Di Marzo.

Ce dernier ne répondit pas et pour cause il le savait bien évidemment, il se contenta te continuer sa marche aux côtés de Perla.

Alors qu'ils abordaient l'entrée de l'immeuble, Giovanni se fit plus distant comme si la vie réelle revenait au galop. Il avait cette sensation que petit à petit elle s'éloignait de lui par l'esprit alors que la grecque était toujours à deux pas de son corp.
Mais un sentiment indescriptible le poussait à en savoir toujours d'avantage sur elle. A l'inverse, sa raison lui soufflait qu'il ne pouvait pas faire confiance à une simple jolie inconnue. Néanmoins tout chez elle appelait à la douceur, gentillesse, droiture. Toutefois elle avait ce côté mystérieux, ce petit caractère bien trempé qu'elle cherchait à dissimuler et cela le fascinait. En somme un savoureux mystère, qu'il l'attirait comme il maudissait.

L'index nerveux, la jeune femme appuyait avec lenteur sur les nombres pour déverrouiller la porte du hall.

Devait-elle l'inviter à prendre un thé pour le remercier ? Il ne se connaissait pas, serait-il capable de lui faire du mal ? Peut-être enfin pas sûr, sinon pourquoi avoir récupérer son sac et lui avoir rendu ? Peut-être était-ce une stratégie.

Dos à lui elle se posait une multitude d'interrogations pour le quitter avec sympathie sans paraître ni trop renfermé, ni trop ouverte à une quelconque retrouvaille prochaine. Si bien qu'elle ne l'entendit même pas se retirer après l'avoir saluer. Et lorsque la jeune femme voulut faire face au géant sicilien, il n'y avait plus personne. La rue était vide sans aucune personne dans les alentours.

Ses sourcils se levèrent de surprise et sa bouche s'entrouvrit.

- He bin, il a dû se dépêcher... Quoique vu ses grandes jambes, ça n'a pas duré tant de temps, marmonna la brune avant de rejoindre son logis.

Après s'être rapidement changé, elle s'installa sur son canapé, un roman entre les mains, prête à dévorer l'aventure d'une inspectrice. A peine le prologue fut-il entamé que son téléphone résonna dans l'appartement. La jeune femme sursauta de son assise avant de saisir l'appareil posé sur la table basse. Et à sa grande joie son interlocutrice n'était autre que Charline, sa meilleure amie.

- Allo.

- Salut ma Perla, comment tu vas ? S'exclama l'américaine en utilisant une tonalité aiguë.

- Bonsoir Charlie, je suis épuisée mais en bonne santé et toi ? Demanda-t'elle.

Ses yeux glissèrent vers la baie vitrée en se remémorant la peur de la veille. Elle se leva pour ensuite refermer les épais rideaux d'un potentiel curieux puis rejoignit son canapé.

- Bien, bien écoute voudrais-tu sortir vendredi soir ? L'interrogea Charlie avec un espoir non dissimulé dans sa voix.

Sortir ? Hum c'était à voir sous quelles conditions.

- Il me faut plus de détails pour te donner une réponse. Finit-elle par dire. Les sourcils froncés ainsi que sa bouche pincée montraient un intérêt accompagné par une grande méfiance.

Charline arrivait parfois à dénicher certaines activités plutôt douteuses et la grecque ne désirait pas s'aventurer dans une histoire rocambolesque dans un coin perdu à l'autre bout de la ville.

- L'agence de Sebastian organise une fête pour célébrer les 65 ans de leur patron, pour l'occasion ils ont loué un magnifique manoir dans la banlieue d'Athènes. Évidemment j'y suis invitée pour accompagner mon mari, jusque-là, tu suis ?

- Bien sûr mais je ne vois pas où tu veux en venir... Avoua Perla qui espérait de tout son cœur que ce ne soit pas un plan foireux.

Charline pesta contre un object indésirable que lui présenta son époux avant de répondre à son amie : - He bien c'est que je ne t'ai pas expliqué la suite alors maintenant écoute bien. Timéo Pantazi, un ami à Sebastian souhaite s'y rendre mais n'ai pas accompagné...

- Oh je vois, tu souhaites que je m'y rende pour être en quelque sorte sa cavalière ? Conclut-elle.

- Hum oui, tu as tout compris... avant que tu ne donne ton verdict, sache qu'il est vraiment gentil et qu'il te sera reconnaissant de l'accompagner. De plus sans vouloir insister, il vient de perdre son père dans un accident de voiture et nous avons insisté pour qu'il sorte se détendre.

Un élan de compassion vint aussitôt serrer les tripes de la jeune grecque tant qu'elle accepta sans vraiment savoir à quoi s'attendre.

Fratelli siciliani_Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant