Chapitre 31

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Après avoir engloutis plusieurs toasts habillés de confitures, Perla reprenait au fur et à mesure de la ténacité. En effet avoir l'estomac plein allait l'aider sans aucun doute à affronter la future discussion à venir. Et celle-ci semblait être plus proche qu'elle avait pu imaginer.

- Bien, il me semble que nous devons aplanir les choses, amorça Giovanni. Il se mit en position près à combattre, les poignets à plats sur le vernis du meuble ; son visage se renferma pour ne montrer qu'un masque de glace.

Aussitôt la jeune grecque cessa tout geste, sa concentration se porta au mâle à l'opposé de la table. Il avait installé une expression assez terrifiante sur son faciès : son regard sombre la fixait, si bien qu'elle se sentit dénudée. Quant à sa bouche quelque peu camouflée par une barbe brune, elle était pincée.

Qu'allait-il se passer ? S'inquiéta-t'elle en récupérant ses mains pour les poser sur la soie de l'habit. Ses doigts se crispèrent sur le tissu pour tenter de faire évaporer de son être le stresse progressif. Le voir ainsi était une véritable hantise, il était évident que ces années loins de l'Europe l'avait forgé à toutes épreuves.

- Écoutez monsieur Di Marzo, je pens...

Il leva sa main en l'air pour lui intimer de se taire avant de lui couper la parole. - Nous avons passé le cap de simple inconnu, les formules pourront attendre. Appelle-moi tout simplement Giovanni et bannissons le vouvoiement.

- Très bien, murmura-t'elle la voix tout à coup enrouée par l'accent sicilien soudain plus grave qu'à l'accoutumé.

L'homme s'appuya sur la table à l'aide de ses avant-bras dans l'objectif de se rapprocher de son invitée. Cette séduisante nymphe encore toute éblouissante après leur nuit merveilleuse, avait revêtu sa chemise de nuit. L'habit lui allait encore mieux qu'à sa propre personne, les pans tombaient à terre telle une traine...

Son esprit le rappela à l'ordre dès l'instant où il dérailla, il s'éclaira la voix devenu tout à coup plus sèche mais cette fois se fut elle qui lui coupa l'herbe sous le pied.

- Ne t'embêtes pas, c'était une grave erreur de ma part hier de t'avoir embrassé, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je vais retourner à Athènes continuer mon petit bonhomme de chemin et te laisser tranquille. Donne-moi les papiers sur lequel j'atteste de ne rien révéler à la presse...

Horrifié par les bêtises qu'elle affirmait, Giovanni sentit son sang ne faire qu'un tour tellement il bouillonnait de fureur. Si la personne en face n'avait pas été Perla mais une de ces ex-compagnes, ces ruptures auraient été davantage plus simple... mais le fait que se soit elle, changeait la donne.

- Il est hors de question que tu fuis ainsi, rugit-il en rejoignant la banquette, il s'assit de tel sorte à la faire prisonnière contre la vitre.

Prise au piège comme une sourie face à un chat, elle laissa échapper une plainte craintive. Elle se glissa sans aucune discrétion malgré ses essais, contre la paroi. Tout son être trahissait une gêne digne de ce nom ainsi qu'une certaine appréhension.

Voyant son regard briller d'une lueur d'anxiété dû à son côté sauvage refaisant surface, l'homme d'affaires prit une grande respiration pour redevenir calme. Où était passé l'homme connu pour son abstinence de relation ? Il allait devenir une véritable guimauve s'il continuait sur cette lancée, réfléchit-il. Si ce n'était pas déjà le cas ! Se découvrir plus attentif à son entourage, développait un côté protecteur, qu'il ne se connaissait pas, c'était rafraîchissant en quelque sorte.

D'un geste rapide et souple, sa main vint attraper avec douceur son poignet qu'il enferma dans sa grande main chaude. Puis sans qu'elle ne comprenne quoique se soit, son petit corps atterrit sur les cuisses travaillés à la musculation. Perla se retrouva pressé contre un torse surmené au sport physique où se dégageait un parfum épicé du sud.

Elle osa relever son front vers l'homme et ce regard fit palpiter son cœur à une vitesse plus rapide. Il pouvait s'y lire une détermination sans nom mélangée à un lueur inconnue. C'était si intense, qu'elle n'arriva point à détacher ses iris devenus tels des aimants.

Le sicilien entoura de son bras, sa hanche menue après avoir relâché sa prise contre sa peau fragile. Puis son autre main dériva sur sa joue et y fit une douce caresse du revers de la paume. Son cerveau n'arrivait guère plus à contrôler son anatomie, seul son organe vital devenait maître de son corps.

Comment s'était possible ? Qu'avait-elle fait pour le faire devenir impulsif, lui aussi ?

La jeune grecque fixait le comportement inattendu de son hôte, se sentir à nouveau aussi proche de lui était un pur bonheur. Se sentir importante à ses côtés valait des milliards. Elle se laissa emporter par la béatitude et ferma ses paupières pour profiter de cet instant unique. Cette main était rassurante presque paternelle mais laisser béate son épiderme faciale.

- Il est peut-être encore tôt pour toi mais saches que tu es bien plus importante qu'une simple femme parmi d'autres. Tu es devenue mienne dès hier soir dans mon lit ! Lâcha-t'il dans un murmure presque inaudible, les lèvres frôlant son lobe d'oreille. Aussitôt les yeux de Perla s'ouvrirent sous le choque de cette révélation. Elle ne put guère ouvrir la bouche. Très vite tout se précipita en l'espace de deux secondes, un téléphone fit des siennes dans la poche de pantalon pendant que des ouvriers pénétraient dans le living-room sans l'accord du propriétaire.

Elle se sentit pousser sans douceur sur la banquette avant que la voix autoritaire de Giovanni ne résonna dans le patio à son égard : - Ne bouge pas avant que tout ce monde ne soit à l'extérieur, je me déplacerais lorsqu'ils auront déguerpi. Il rejoignit à grands pas la porte coulissante mais avant tout mouvement pour l'ouvrir il s'adressa une dernière fois à elle : - Je ne veux qu'aucun de ses individus n'ait le plaisir de te voir vêtue ainsi !

- Mais... tenta-t'elle de contester peine perdu, il venait de disparaître dans la pièce adjacente ordonnant aux travailleurs de ce dépêcher.

Fratelli siciliani_Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant