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Harry parlait au serpent, en sifflant et en hochant la tête, comprenant exactement ce qu'il disait. Harry parlait Fourchelangue. Harry était un Fourchelang.

« Sev ? » demanda le jeune garçon apeuré. « Je viens juste de parler à un serpent ? » Un petit sourire se dessina sur le visage du professeur de Potions.

« Tu sais quoi, fiston ? » demanda-t-il alors que son petit sourire se transformait en un immense sourire. « Je crois bien que oui. »

« Je ne suis toujours pas sûr à propos de ça. » déclara Harry, au-dessus de son thé vert à la menthe. Ils avaient fini par quitter la vallée peu de temps après le petit incident avec le serpent la nuit dernière. Et « peu de temps » voulait dire qu'ils avaient récupéré leurs sacs en lin avec les fleurs et étaient montés sur leurs chevaux pour repartir. Severus, juste avant de s'en aller, avait jeté un sort de traçage pour qu'ils puissent trouver la vallée plus facilement la prochaine fois.

Le voyage de retour de trois heures avait été très silencieux puisqu'Harry conduisait son cheval le regard perdu dans le vide, suivant le chemin qu'il avait mémorisé durant leur quête pour trouver les fleurs. Le maître de Potions pouvait bien voir que la découverte de son nouveau don le troublait et ce n'était pas surprenant, compte tenu de toutes les histoires associant les Fourchelang au Mal. Il avait essayé de lui parler une ou deux fois, mais il restait immobile comme s'il n'avait pas entendu qu'on l'appelait. Severus avait juste soupiré et attendit patiemment qu'ils arrivent à la Kasbah.

La chambre était exactement comme ils l'avaient laissé et il plaça rapidement les fleurs dans un coin avant de se tourner pour faire face à Harry, les fleurs pouvaient bien attendre. Il avait finalement réussi à comprendre le garçon, qu'il considérait désormais comme son fils, seulement pour découvrir qu'il n'était pas troublé, il était terrorisé. Et cela ne lui avait pas pris longtemps avant de découvrir que l'origine de sa peur ne résidait pas dans le don lui-même. Harry avait su que Voldemort était un Fourchelang – probablement d'une conversation qu'il avait entendue entre les Potter ou Dumbledore puisque Severus n'en avait jamais parlé – et avait développé une peur irrationnelle : que ce nouveau don ne le rende similaire au Seigneur des Ténèbres d'une certaine manière. Sa peur n'avait fait que s'intensifier quand, en mettant son pyjama, Harry avait remarqué que trois nouvelles runes étaient apparues sur son emblème. Mais cette fois-ci, les symboles verts sombres étaient apparus sur une des lignes de son emblème et non autour. Harry avait pâli et resta fermé comme une huître pendant une vingtaine de minutes lorsque Severus avait traduit ces runes comme étant « Fourchelang ». Ce ne fut qu'après que le maître de Potions réussit à le faire parler.

Severus était resté tétanisé face aux explications d'Harry sur sa crainte et il avait, aussi fermement que possible, rassuré le garçon en lui disant qu'il n'avait rien à craindre de la sorte en étant un Fourchelang. Il lui avait expliqué que ce n'était qu'un don, très rare qui plus est, et qu'il devrait en tirer le meilleur possible. Le garçon avait éclaté en sanglots, silencieux et tremblant, et avait demandé à Severus s'il le détestait parce qu'il était un Fourchelang. Après quelques interrogations délicates, Severus avait découvert que la peur du garçon était enracinée plus profondément encore, elle venait d'une conversation qu'Adrian avait eue une fois avec James. Le plus vieux des Potter avait –pour sa défense, c'était probablement une blague- dit à Adrian qu'il ne le pardonnerait jamais s'il montrait une affinité pour un don si « noir ».

Severus avait eu envie de hurler. Aussi doué qu'était Harry, il n'avait que 8 ans et était encore plus jeune lorsqu'il avait entendu la « menace » de James. Ça n'avait pas été facile de le rassurer que la haine était le total opposé de ce qu'il ressentait pour lui. Harry était finalement tombé dans les bras de Morphée un peu après l'aube et certainement pas avant que Severus ne lui ait fait une liste de Fourchelangs qui avaient été loin d'être mauvais. Il était persuadé qu'Harry n'avait été convaincu que lorsqu'il avait mentionné Merlin – les runes étaient sur son emblème lorsqu'ils avaient eu la chance de le voir – mais avait tout de même continué.

Le père du fils qui n'est pas le filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant