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Alors que Novembre touchait à sa fin, les températures baissaient de plus en plus. Les premières neiges étaient déjà tombées et, au moment où Décembre arriva, les terrains qui entouraient le château étaient déjà couverts d'un épais manteau blanc. La vie d'Harry était presque devenue une routine. Il étudiait, travaillait un peu sur son projet supplémentaire en commun avec Severus et son entraînement Animagus, croquait et imaginait les améliorations pour son Eclair de Feu spécial Attrapeur. Ca ne le dérangeait pas, bien au contraire. C'était agréable de ne pas toujours être conscient du fait qu'un psychopathe était dehors, assoiffé du sang de votre frère - et probablement du votre par la même occasion - selon lui. Neville avait travaillé dur sur ses Sortilèges ces derniers temps et Harry lui avait proposé de l'aider à s'entraîner. Même si ça leur bouffait une bonne part de leur temps libre, Neville s'améliorait rapidement et était désormais au même niveau que les autres élèves de leur année. Ca aidait aussi de pouvoir expulser ses frustrations, nota Harry un soir en s'affalant, épuisé sur son lit, après une heure d'entraînement rigoureux.

Il rentrait de la Bibliothèque le lendemain matin lorsqu'il percuta Hermione. Elle avait l'air d'avoir pleuré, encore une fois. La jeune fille s'éloigna rapidement de lui, bafouillant une excuse étouffée et Harry la regarda avec exaspération. Ron allait trop loin cette fois. Sérieusement, à quel point c'était dur d'aller la voir et de lui dire qu'il était désolé ? Visiblement bien trop. Il reprit sa route pour la Salle Commune de Gryffondor en essayant de se rappeler le mot de passe pour rentrer. Après l'attaque de la Grosse Dame, l'entrée de leur Salle Commune avait été couverte par le portrait du Chevalier du Catogan, il avait l'air minable, avec son poney gris un peu gras. Le chevalier insistait pour inventer de nouveaux mots de passe au moins deux fois par jour et essayait constamment de défier tous les étudiants, assez malchanceux qui oubliaient le dit-mot de passe, à un duel. Adrian lui avait dit qu'il l'avait déjà rencontré auparavant, lorsqu'il cherchait la Tour de Divination. Le garçon aux yeux noisette semblait vaguement effrayé par la peinture. Harry partageait le sentiment.

Marmonnant le mot de passe actuel – Palsembleu, vraiment ? – il entra dans la pièce où il trouva son frère, énervé, essayant de raisonner un Ron à l'air boudeur. Adrian avait beaucoup joué le médiateur ces derniers temps et il commençait vraiment à en avoir marre. Harry s'assit dans un fauteuil près de la cheminée et sortit son manuel de Potions. En vérité, il avait fini ses devoirs à la Bibliothèque mais il avait toujours trouvé cela bien plus facile d'observer les gens caché derrière un bouquin. Et il observait, en ce moment même, son frère.

Depuis la fête après leur victoire sur les Poufsouffles, Adrian était devenu de plus en plus sombre au fil des jours. Sirius et Remus étaient toujours obsédés par la traque de Pettigrow – et qui pourrait leur en vouloir ? – et ils étaient tracassés de peur pour Adrian et, à la surprise d'Harry, pour lui aussi. Leur mère, de l'autre côté, avait envoyé à Adrian une longue lettre de trois pages après la tentative de Pettigrow d'entrer dans leurs dortoirs, le pressant d'être très prudent et de ne jamais quitter le château sans être accompagné. Il y avait même certains professeurs qui le suivaient de temps en temps, surtout lorsqu'ils allaient en Soin aux Créatures Magiques avec Hagrid. Et puis il y avait eu cette discussion qu'il avait eue avec les jumeaux Weasley cette nuit.

Adrian ne lui avait rien dit et les jumeaux n'avaient rien laissé passé non plus – apparemment ils avaient promis, ces nigauds de roux qui tenaient toujours leurs promesses – mais visiblement quelque chose d'important s'était passé cette nuit et il ne savait rien là-dessus. Il en avait parlé avec Neville qui avait inventé des scénarios de plus en plus loufoques, faisant rire Harry de plus en plus. Parce que, honnêtement, des essais illégaux de sortilèges d'étirements et de tonification des muscles avec le Professeur Flitwick en tant que cobaye, pouvait uniquement le faire envisager des images hilarantes. Mais dès que Neville n'était plus là pour le distraire de ses pensées, son imagination prenait un virage plus sombre. Et si Adrian réussissait à se mettre en danger ? Encore une fois, il se massa les temps et essaya de penser à autre chose, de se calmer. Comment était-il censé protéger son frère s'il ne savait jamais ce qu'Adrian allait faire ? Il avait eu énormément de chance jusque là, il s'en rendait bien compte.

Le père du fils qui n'est pas le filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant