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« Catarcta ! » hurla-t-il finalement, une immense gerbe d'eau quittant sa baguette pour tomber sur le dragon. Le temps que la fumée ne se dissipe de l'arène, Harry avait escaladé le nid. La vue qui accueillit les spectateurs, lorsque la vapeur s'envola, fut une statue d'un dragon vivant et un Harry Potter, levant son œuf d'or en signe de victoire.

Severus Snape ne pouvait détacher ses yeux de l'arène qui lui faisait face. Sa respiration était difficile. Son cœur battait la chamade et sa tête tournait. Son fils de 14 ans venait de transformer un Magyar à Pointe de 15m, avec une queue bardée de piques, cracheur de feu en statue.

Cela avait été le moment le plus terrifiant de sa vie. Et le maître de Potions avait été témoin de moments particulièrement violents et terrifiants de ces dernières années, sans oublier qu'il avait survécu un nombre de sessions de torture qu'il ne comptait plus, gentiment offertes par Lord Voldemort. Cependant, devoir rester tranquille en regardant son fils se battre contre un dragon ? Il préférerait prendre un Endoloris bien placé, et de loin. Et puis, il y avait aussi la manière que son fils avait choisie pour vaincre ce dragon.

Harry lui avait dit qu'il avait un plan bien sûr. Il avait dit qu'il essaierait d'abord quelque chose mais n'avait pas lâché un mot de plus pour expliquer ce qu'était son plan exactement - l'adolescent aux yeux verts avait réussi à devenir aussi têtu que lui quand même - ne déclarant seulement que, si ça ne marchait pas, il s'était entraîné pour plus de maléfices cuisants dont il connaissait l'existence. S'il devait en arriver là, le dragon en recevrait un droit dans l'œil dans la seconde.

Le maître de Potions avait protesté, bien sûr, soutenant qu'Harry ne devrait pas perdre une seule seconde face à un dragon. La bête pouvait cracher du feu plus rapidement qu'Harry pouvait cligner des yeux et n'était certainement pas une créature à prendre à la légère. Harry lui avait calmement expliqué qu'il s'était entraîné nuit et jour, perfectionnant les sorts dont il avait besoin pour son plan si secret. Les maléfices cuisants n'étaient qu'un plan de secours que toute personne saine d'esprit devrait avoir s'il devait se retrouver devant un dragon. Harry avait déclaré qu'il avait foi dans ses capacités magiques. Et même s'il ne l'avait pas dit à voix haute, le maître de Potions pouvait le voir dans ses yeux, clair comme de l'eau de roche : il lui demandait de croire dans ses capacités aussi. Inutile, en vérité, puisque Severus n'en avait jamais douté. Il voulait juste qu'Harry sorte de cette arène le plus rapidement possible.

Rétrospectivement, il réalisa qu'il aurait du demandé au moins une description grossière de ce qu'Harry avait préparé pour sa tâche, en particulier après avoir su qu'il avait élaboré son plan avec les conseils de Neville Longdubat et Draco Malfoy. En regardant devant lui, il n'arrivait qu'à une conclusion : les trois adolescents étaient soit complètement fous, soit particulièrement brillants.

Le combat en lui-même avait été un miracle à regarder. Les trois champions avant Harry avait fait preuve de courage, bien sûr. Mais au moment où son fils était entré dans l'arène et avait regardé le dragon, Severus savait qu'il allait leur en boucher un coin à tous. Peut-être que c'était la manière dont Harry s'était tenu, en regardant droit dans les yeux jaunes de son dragon. Peut-être que c'était le petit sourire en coin qu'il avait eu avant de lever sa baguette. Quel que soit l'instinct qui avait convaincu le professeur de Potions qu'Harry était capable de faire quelque chose de spectaculaire, il ne l'avait pas trompé.

Lorsque le premier sort toucha le dragon, couvrant sa mâchoire de glace magique, il avait sentit la surprise le saisir. Les mâchoires d'un dragon étaient dangereuses certes, avec ces dents et -Merlin !- le feu surtout, mais ce n'était ce qu'on viserait normalement pour rendre un dragon inoffensif. Au moment où Harry avait lancé son deuxième sort, Severus avait abandonné l'idée d'analyser le combat rationnellement - un mécanisme de protection qu'il avait développé il y avait des années de cela, lorsqu'il espionnait encore pour l'Ordre - et s'était simplement résigné à regarder l'épreuve se dérouler, bouche bée et potentiellement très proche d'une crise cardiaque.

Le père du fils qui n'est pas le filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant