Prologue

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— Allez, va!

Légèrement accroupi, il ramassa ses affaires : livres, montre, t-shirt,... placés dans son casier qu'il rangea dans sa bandoulière à toute vitesse sous le regard impassible du docteur. Une femme aux cheveux aussi blonds que les siens, aux yeux noisettes d'environ un mètre soixante cinq et à la poitrine opulente. Cette dernière avait tenu à être présente lors de son départ pour des raisons qui lui étaient inconnues. Les gardes auraient bien pu se charger de sa libération, mais elle avait tenu à le faire personnellement.

— J'espère que tu n'as rien laissé.


— Tout y est, répondit-il tout en vérifiant une dernière fois.


Le docteur hocha la tête, il lui rendit son geste.


— Je crois qu'il est grand temps pour toi d'y aller, dit-elle en lui indiquant le dehors.


Le jeune homme blond regarda par dessus son épaule. Les portes d'acier grandement ouvertes se présentaient à lui. Il déglutit. Il n'en revenait pas, il allait finalement sortir de cet endroit pourri. Non plus les grisailles ternes de ce lieu que ses yeux bleus auront à supporter, mais les couleurs vives du dehors. C'en était presque irréel tant il doutait encore de la réalité de la situation. Il s'échappait enfin de cet enfer.


— Qu'est-ce que tu attends ? s'enquit le docteur. Vas-y !


Le jeune homme ne fit aucun mouvement, il se contenta de l'observer. Elle croisa les bras et le toisa.


— Ne me dis pas que tu as peur.


Si, tout à fait, il avait peur, mais hors de question de le dire à haute voix et surtout pas à elle.


— Tu n'as pas cessé de me rabacher les oreilles deux années entières sur le fameux jour où tu sortiras pour te retrouver immobile devant moi quand même. Ne me dis pas que tu as peur, Nabil.


Il fût piqué à vif. Un sourire narquois étira ses lèvres charnues.


— Moi avoir peur ? Jamais de la vie.


— Alors qu'est-ce tu attends ?


Nabil replaça correctement la manche de sa bandoulière sur son épaule et fit glisser sa main dans la poche de son jean noir.


— Pas grand chose, je profite juste de nos derniers instants. À partir d'aujourd'hui, je ne te verrais plus aussi souvent.


— Heureusement, d'ailleurs. J'aurais enfin un moment de répit. Je ne suis plus toute jeune. Je n'ai plus la force de m'occuper de gamins comme toi.


Le jeune homme pouffa de rire.


— Prend soin de toi, la vieille.


— Combien de fois t'ai-je dis d'arrêter de m'appeler comme ça ? s'emporta le docteur. Je ne suis pas ta grand-mère, sale petit morveux.


Nabil éclata de rire face à la quinquagénaire qui gesticulait dans tous les sens. Ce qu'elle allait lui manquer !


Dans cette prison qui lui avait servi de domicile pendant deux années entières, Theresa Reed, la vieille comme il la surnommait, avait été sa seule amie, sa famille en quelque sorte. Quand tous ces hommes imbus d'eux-mêmes, se croyant les plus forts le martyrisaient, le docteur, elle, le soutenait, le traitant avec soin. « Ce n'est qu'un enfant. » ne cessait-elle de répéter, « un sale morveux déséquilibré » répliquaient-ils toujours. Dans cet enfer insoutenable, Theresa avait été sa lumière. La seule à croire en lui. Et c'est grâce à elle si aujourd'hui il sortait de cet asile. Il lui devait beaucoup.


Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant