« Hey, Nabil !
Assis sur le vieux canapé poussiéreux qui s'effritait chaque jour un peu plus, il retira une de ses oreillettes et leva les yeux vers Nolan qui se tenait devant lui. Ce dernier, vêtu de son habituel manteau noir imprimé de nuages rouges, attrapait fermement son colt 1911 entre les doigts de sa main droite et de sa main gauche, fumait une cigarette.
La lueur d'amusement que le blond vit dans ses yeux voilés par ses mèches de cheveux roux qui lui tombaient sur le visage lui parut suspect. Ses sourcils se plissèrent.
— Qu'est-ce tu me veux ?
L'intonation de sa voix agacé et peu accueillante fit disparaître le sourire au coin qui étirait les lèvres de N.
— C'est quoi le soucis avec toi ? s'enquit-t-il. Ça fait une semaine que tu nous as rejoint et t'es même pas capable d'être sympa. Tu n'as pas fini de faire ton deuil, c'est ça ? Elle est morte, c'est bon passe à autre.
Le regard de Nabil se fit plus sévère.
— Ne parle pas comme ça de maman.
— Oh ça va, C'est pas comme si elle était une mère exemplaire. Elle ne mérite pas tes larmes.
Elle n'en était peut-être pas une, mais elle restait sa daronne, songea le garçon.
— J'suis pas d'humeur, N.
— Je vois ça.
Nabil n'était pas d'humeur non pas parce qu'il pleurait sa mère, mais parce qu'il se retrouvait au milieu de gangsters dans une usine désaffectée et cela ne lui plaisait nullement. Malheureusement que on cousin ne le voyait pas.
— Une clope ? lui proposa N en lui tendant le paquet de cigarettes qu'il sortit de la poche de son manteau.
— Et si tu me disais ce que tu veux, qu'on en finisse?
Tel un enfant, les yeux noisettes de Nolan s'illuminèrent et son visage se déforma en un grand sourire. Pour un homme qui ne laissait jamais transparaître ses émotions devant les membres de son gang, Nabil ne sût comment réagir. Il lança un regard en biais aux autres. Ceux-ci s'en foutaient d'eux, trop concentrés sur leurs occupations respectives.
— Viens, suis-moi. On va faire du tir.
— Du tir ? répéta Nabil, incertain.
Le chef du gang coinça sa cigarette entre ses lèvres et tint son revolver des deux mains pour qu'il le voit de plus près.
— Sans moi, je ne touche pas à tes trucs, retorqua le garçon en déviant le regard.
— Et pourquoi pas ?
— Je n'ai pas envie de me salir les mains.
— Eh bien, saches que tu n'as pas vraiment le choix. C'est moi qui décide. Lèves-toi qu'on y aille.
Sa voix ferme le fit flancher. Nabil retira ses écouteurs connectés à son téléphone qu'il posa sur le vieux canapé et suivit son cousin au dehors. La vent qui soufflait fort lui procura la chair de poule. Il frissonna et riva ses orbes bleus sur le ciel nuageux au dessus de leur tête.
Il n'allait pas tardait à pleuvoir.
— Faisons vite que je rentre, avertit-il.
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Les ombres du passé
Bí ẩn / Giật gânSa vie n'a été en rien facile. Des erreurs, il en a commises des tonnes. Mais c'était du passé désormais. Nouvellement sorti de prison après avoir purgé sa peine, Nabil Tryniski pense reprendre sa vie. Du moins, la continuer sur de nouvelles bases...