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   Heley remonta la dernière marche de l'escalier fixé au limon crémaillère métallique. Ses pas la menèrent devant une large porte en bois. Elle poussa sur la poignée et pénétra dans une chambre contemporaine avec un coloris chêne blanc, là où elle dormait ce soir. La jeune femme fit face à un lit double auréolé de deux chevets. Les couleurs vives de l'édredon se reflétèrent dans le miroir encastré dans les portes de l'armoire. La jeune femme résista à l'appel de Morphée qui lui soufflait des paroles séduisantes à l'oreille pour l'alanguir et comme attirée par une force occulte, se traîna vers les tiroirs offrant un espace de rangement pour y poser son lourd sac.

   Consciente d'avoir passer la journée dans sa combinaison bleu marine, Heley décida d'aller se rafraîchir. Il fallait bien le reconnaître, elle était fatiguée. La journée avait été longue et épuisante. Premièrement à cause des cours, sans parler des examens en approche et deuxièmement à cause de la situation avec Nabil.

   Heley mit pieds dans la salle de bain adjacente. La jeune femme retira ses vêtements à la hâte et passa sous la douche. Elle ouvrit le robinet et laissa couler l'eau fraîche sur sa peau laiteuse. Elle frissonna au contact de ces piques de glace sur son corps qui lui procuraient une sensation de bien être indescriptible. Elle ferma les paupières, mais l'esprit occupé par un certain Nabil Tryniski, elle n'en profita pas longtemps.

   La brune se lava rapidement puis saisit une serviette propre avec laquelle elle se nettoya avant de sortir de la salle de bain. Ses pieds humides imbibèrent le parquet stratifié lorsqu'elle s'avança vers l'armoire placé contre le mur en face du lit double qu'elle ouvrit. Comme Kharis le lui avait dit, la jeune femme y trouva des vêtements propres, pliés et rangés.

   Il arrivait au garçon de passer la nuit dans cette pièce quand il rentrait après une soirée trop arrosée, que ses jambes semblaient pesées des tonnes et qu'il se sentait incapable d'aller de l'autre côté du couloir, dans son cocon bien chaud. Il dormait dans cette chambre et laissait quelques habits dans le placard.

   Heley s'appropria un pantalon de jogging qu'elle enfila en dessous de son débardeur. Il était deux fois plus grand qu'elle alors elle l'ajusta du mieux qu'elle le put. La jeune femme se fit un chignon rapide, s'empara d'un survêtement de sport pour Nabil puis s'éclipsa de la pièce.

   Elle traversa assez vite le couloir étroit au mur recouvert de portraits de famille, composée essentiellement de Kharis et son père, et se retrouva en face de la porte de la chambre que l'ancien détenu occupait. Avec délicatesse, la brune happa la poignée et l'actionna. Elle s'engouffra dans la pièce sur la pointe des pieds.

   Wheeler lâcha un cri de surprise lorsqu'elle vit Nabil, debout dans l'ombre, collé à la parois de verre qui donnait une vue imprenable sur le ciel étoilé et entrain de l'observer tel un prédateur.

— Désolé, lâcha-t-il d'une voix blanche. Je ne voulais pas te faire peur.

— Ce n'est rien. Je ne m'attendais pas à ce que tu sois réveillé.

— J'ai perdu le sommeil.

   Un silence gênant s'installa entre eux. Heley en profita pour déposer les vêtements qu'elle avait ramené sur un petit banc en bout de lit.

— Je t'ai ramené des vêtements propres.

— Merci, lâcha-t-il sans grande conviction.

  Un nouveau mutisme s'imposa à eux. Prostré dans son coin, Nabil n'était pas enclin à discuter avec elle. La manière dont il serrait ses bras autour de lui exprimait son envie de créer une bulle dans laquelle lui seul résiderait, mais ce n'était pas pour autant que Heley voulait le laisser tomber.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant