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« Où sont-ils? s'écria Sena, le visage rouge de colère.

   Kharis leva les yeux de son jeu de carte et se tourna vers la rousse debout devant la télévision que Deiko, l'asiatique aux longs cheveux noirs, avachi sur le canapé, regardait. Ce dernier fronça des sourcils et grogna.

— Sena dégage !

— Pas sans savoir où ils sont.

— Qui ça ? s'enquit Collins, les yeux rivés sur son jeu de carte.

   Il hésita entre piocher une carte au hasard parmi celles que lui tendait Sean, le binoclard à sa gauche, ou miser le tout pour le tout. Avec l'épais capuchon noir qui lui cachait la moitié du visage, il était difficile au rondouillet de voir l'expression du visage de son camarade restait de marbre depuis le début de la partie. 

— Nabil et Heley. Ils vont me le payer très cher.

— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? demanda Elsie, debout devant Tony qu'elle rendait jolie pour la soirée.

   Les mains perdues dans ses longs cheveux crépus, la blonde tentait de dompter la masse capillaire grâce à l'aide d'un élastique. À côté d'elles, Luda et Lee jouaient tous deux à la Nintendo.

— Ils ont piqué ma paire de chaussures. Celle que j'ai prévu de mettre pour la fête de ce soir. Cet ordure de Nabil, j'arrive pas à croire qu'il a entraîné Heley dans ces enfantillages.

— T'as vérifié à l'étage ? questionna Lee, sans quitter la console des yeux. Son sourcil gauche et droit se convergèrent pour ne former qu'un en haut du nez.

— Ils n'y sont pas.

— Sena, arrêtes de crier, tu me donnes mal à la tête, se plaignit celui au cheveux bouclés.

   La rousse ouvrit la bouche, surprise, et regarda Luda qui avait détourné ses iris noires pour les plonger dans ses yeux verts. La jeune fille sentit le rouge lui monter aux joues. Voilà qu'elle se ridiculisait devant le garçon qui lui plaisait à cause de cet idiot. Foutu Nabil Tryniski ! Elle lui ferait la peau dès qu'elle mettrait la main sur lui et sur Heley également.

   Cachés non loin du salon dans lequel les autres se trouvaient, les deux concernés se retenaient de rire du mieux qu'ils pouvaient. Sena ne supportait pas ces blagues de « mauvais goûts » et s'emportait facilement. La faire sortir de ses gonds était un passe-temps que Nabil affectionnait particulièrement et toute occasion était bonne pour l'embêter, même si elle le démonterait par la suite. Cette fois au moins, il n'etait pas seul. Heley, qu'il avait entraîné dans sa bêtise, allait également subir le courroux de son amie. Elle qui manquait cruellement de confiance et de courage, c'était sympa de la voir tremper dans ses gamineries.

— Je vais les massacer ces deux-là ! dit la rousse en passant devant la porte de la réserve, derrière laquelle ils se cachaient.

Au son de la voix de Sena, Heley ne put se contenir davantage et s'exclaffa si fort que le reste de la bande l'entendit.

— Et zut ! On s'est fait repéré, Heley. »

D'un coup, la porte de la cuisine s'ouvrit. Nabil tressauta.

— Alors, j'espère que vous êtes prêt parce que la nouvelle commande vient d'arriver et c'est du lourd, les gars ! lança Remey Kurtman en débarquant dans la cuisine.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant