Les ombres du passé

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— Et voilà ! Fit Nabil, un sourire éclatant aux lèvres.

Avec l'aide de Rémi aux bras chargés de plats comme lui, il déposa chacune des commandes sur la table, en face de chacun de ses amis dont les visages s'illuminèrent à la vue des plats fumants et appetissants.

— Génial ! s'exclama Collins sans masquer son enthousiasme.

Il s'empressa de prendre une fourchette qu'il plongea dans son plat de bolognaise. Il prit une grosse portion de pattes qu'il avala d'une traite. Ses paupières fermées, frémirent de béatitude.

— Tu mourais vraiment de faim, dit Luda avec un air dégouté.

— Si tu savais !

Le blond déposa le plat d'Heley devant elle puis s'installa sur le siège vide à sa droite. Elle le remercia du bout des lèvres. Le jeune homme lui sourit. Sean se racla la gorge de sorte à ce que toute la tablée l'entende.

— Surtout, ne tombe pas dans le coma, souffla Sean d'un air taquin.

L'allusion évidente à leur discussion empourpra les joues de Wheeler. Elle ne sut quoi repliquer et se contenta de lui faire comprendre son agacement à travers ses yeux gris. Il semblerait que les garçons s'était passé le mot pour l'embêter au sujet de Nabil, mais ils n'allaient pas l'empêcher de profiter de son déjeuner dans la séreinité pour autant.

   Faisant fi des commentaires de Lee et Kharis, la jeune femme décida qu'il était temps pour elle de reprendre des forces. La part de pizza qu'elle se servit n'eut la chance de faire son chemin jusqu'à sa bouche que le côté tactile de Nabil s'éveilla à la vue de son visage rouge. Il porta aussitôt sa main à son front pour l'examiner. La proximité de ses yeux océans et la pression de sa paume chaude contre sa peau raviva le feu qui ne s'était pas entièrement éteint. La température de son corps monta en flèche et ses joues s'enflammèrent de plus belle, donnant l'image d'un volcan en éruption.

— Ça va, tu m'as l'air malade ?

— C'est toi qui lui fait cet effet, répondit Collins en même temps que le reste de la bande partit dans un énième fou rire à l'évocation de cette phrase qui faisait ressurgir leurs souvenirs passés, quand Heley paniquait à chaque fois qu'il était trop près.

L'apparition subite d'un garçon châtain en uniforme scolaire dans l'enceinte du restaurant coupa court à leur entrain. Son visage déformé par la peur qu'on lisait clairement dans ses prunelles noisettes jeta un froid dans la salle soudainement muette.

Malgré les regards curieux qu'on lui adressait, il se précipita vers une table occupée par d'autres jeunes de son âge et planta son téléphone devant eux.

— La Croix Rouge a encore frappé.

Sa voix résonna à travers toute l'assistance. Personne ne manqua l'annonce qui fit chuter l'atmosphère chaleureuse des lieux, provoquant une vague de frissons générale.

Un quinquagénaire assis dans le fond de la pièce se leva, faisant valser sa chaise au passage. Une soudaine montée d'adrénaline le fit avancer en direction de Nabil qu'il pointa du doigt. L'incertitude sur ce qui va advenir de la ville et la peur qui l'habitait le poussèrent à hausser du ton lorsqu'il s'adressa au garçon :

— C'est toi, dit-il avec rage. C'est de ta faute s'ils sont de retour.

Une deuxième voix s'éleva. Ce fut autour d'une femme d'une trentaine d'années, assise en compagnie de ses enfants, qui prit la parole.