Les ombres du passé

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— Comment ça la Croix Rouge a frappé ? balbutia Lee.

— Il y a eu une tentative d'attentat à la bombe sur la place du marché centrale de la ville, expliqua Vaik, un officier de la brigade, barbu, à la peau foncé et au crâne rasé.

Il retira sa veste de policier et s'installa confortablement sur une chaise. Tout comme Othman, lui aussi était fatigué. Ils venaient tout juste de revenir de la zone de crime où des bandes jaunes avaient été fixées pour éviter au public de s'en approcher.

— Un mort, deux blessés, comptabilisa Othman. Tous issus de milieu social différent et originaires d'endroits différents : New Addington, Ketson et Tatsfield.

— Que des villes frontalières à Biggin Hill, précisa Sean pour lui même.

   Les policiers opinèrent du chef. Othman se pencha en avant, les coudes ancrés dans les cuisses et joignit les mains devant lui. Il poursuivit :

— Leur seul point commun, ils travaillent tous les trois dans notre ville. Le décédé en tant que banquier à la Banque Industrielle et Commerciale de Biggin Hill, B.I.C.B.H. Et les deux autres en tant que vendeurs ambulants.

   À la mention de la B.I.C.B.H, Heley sourcilla car la victime était un employé du groupe Sullivan. Créée en tant que société anonyme, la B.I.C.B.H était une banque commerciale appartenant au père de Neville et dont le mode opératoire correspondait à la gestion des gros comptes et des entreprises désireux de s'introduire en bourse. Elle n'avait aucun doute sur le fait que l'incident aurait des répercussions sur les affaires de la famille du garçon. Même si leur relation était maintenant conflictuelle, sa famille et la sienne restaient néanmoins proches. Heley se sentait affectée par ce qui leur arrivait.

— Ils sont morts dû à l'explosion ? demanda Collins.

   Le chef de la division criminelle se retint de faire un commentaire. Il hésita à lui répondre, de peur de divulguer des informations confidentielles et de les mettre en danger. Mais en même temps, il avait besoin de leur aide pour accomplir sa tâche.

   Othman avait toujours eu pour code d'honneur de faire passer le travail avant tout le reste, de primer sa raison aux dépens de ses émotions afin de mener à bien sa responsabilité. Il y était toujours parvenu, du moins quand il était encore l'adjoint de l'ex-agent Reyen. Mais depuis que la Criminelle était sous sa direction et que l'investigation sur les gangs étaient entre ses mains, ses convictions n'étaient plus aussi centrées qu'auparavant. L'inspecteur ne voulait en aucun cas mêler ces jeunes qui, pourtant, étaient indirectement liés à la Croix Rouge pour les avoir affrontés par le passé.

Son acolyte l'observa, espérant le voir briser le moment de silence oppressant, mais Othman n'en fit rien. Il s'obstina à garder les lèvres scellées, contraignant son adjoint à continuer à sa place.

— Non. On les a retrouvés morts prêt de la bombe.

   Othman décrypta une incompréhension sur leurs visages blêmes, à la manière dont ils parurent tous perplexes. Et ils les comprenaient. Lui aussi l'était tout autant qu'eux. Cette histoire cachait bien trop de détails qu'il se devait à tout prix de rassembler.

Alors que l'une de leurs équipes patrouillait comme à son habitude dans la ville, elle avait reçu un appel d'une femme en larmes qui leur avait signalé pour la bombe à 11h40. Elle leur avait clairement dit que l'atomiseur allait sauter à 11h50. Croyant à faire à un canular téléphonique, l'équipe ne s'était pas rendue sur place dans l'immédiat. C'était après avoir reçu l'appel d'une deuxième femme cinq minutes plus tard, signalant des cadavres dans l'eau de la fontaine au rond-point de la grande place ainsi que d'un sac noir louche à l'image du gang que la brigade de patrouille s'y était rendue d'urgence avant d'appeler le reste de l'unité. Il s'agissait bel et bien d'un explosif, mais il n'avait pas été amorcé.