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Le grincement de la porte qui menait aux cellules attira son attention. Deiko tendit l'oreille au son des pas qui martelaient le sol et des clés qui grinçaient contre les barres de fer mais ne daigna lever le regard. Ce devait être le gardien qui faisait la ronde. Encore. Sûrement qu'il s'ennuyait à rester assis devant la porte et qu'il marchait pour se dégourdir les jambes. Le pauvre ! Il le plaignait sincèrement. C'est que sa vie devait être d'un grand ennui s'il devait passer voir deux prisonniers tous les dix minutes. D'ailleurs, en parlant de l'autre prisonnier, il tourna la tête vers lui.

Orlondo Rivera, c'était son nom.

Celui-ci, assis sur le lit de la cellule en face de la sienne, n'avait pas bougé d'un pouce depuis son arrivée. L'homme vieux d'une trentaine d'années gardait les yeux fermés, la tête reposant sur le mur derrière lui, tout en esquissant un sourire. De temps à autres, il murmurait des paroles inaudibles et éclatait de rire tout seul dans son coin. Une sorte de méditation, qui sait ? Il n'y avait que des psychopathes que l'on enfermait.

Deiko passa sa main dans ses cheveux bruns avant de poser son menton sur ses jambes repliées qu'il entourait de ses bras.

Il ne comprenait vraiment pas comment les choses avaient pu finir de la sorte. La journée avait pourtant bien commencé. Il était allé à son entraînement de foot, avait déjeuné avec sa mère et sa sœur dans la sérénité puis s'était rendu le soir au gala de charité et c'est là que tout avait dérapé. Mais il ne savait pas comment, ni à quel moment les choses avaient mal tourné pour lui. Qu'on lui explique parce qu'il ne savait pas.

Son ventre gargouilla.

Le jeune homme mourait de faim. Il n'avait eu le temps de se mettre un morceau sous la dent avant qu'on l'embarque.

Tu parles d'une poisse !

Ses sourcils se plissèrent lorsqu'il sentit la présence de quelqu'un devant sa cellule. Surpris de savoir que le gardien s'intéresse à lui, Deiko leva les yeux mais s'étonna de voir l'officier Chapman à la place. Son visage se ferma.

Le policier sortit une barre de chocolat qu'il croqua devant lui. Deiko se retint de baver.

— Tu va bien, Deiko ?

— Parce que ça vous intéresse comment je vais ?

— On ne t'a jamais dit qu'on ne répond pas à une question par une question ?

— Et on ne vous a jamais dit de ne pas déranger les gens avec des questions idiotes ?

— Ce n'est pas une question idiote, je cherche juste à faire la discussion.

Il croqua dans sa barre de chocolat. Le bruit agaça le brun dont les oreilles étaient devenues super sensibles.

— Ouais bah moi j'ai pas envie de vous parler.

— T'es pas très amical, toi.

— Écoutez, je suis déjà assez chié comme ça, alors ne venez pas ajouter une couche soit disant que vous venez discuter.

Vaik Chapman lui tourna le dos et se colla aux barreaux de la cellule. L'officier se laissa glisser sur sol et s'assit sur le sol froid. Il fit sortir une seconde barre de sa poche et la tendit à Deiko qui refusa de la prendre. Son ventre gargouilla de nouveau.

— Si tu ne la prends pas tout de suite, je vais la manger et c'est toi qui va crever de faim.

Le brun bouda encore un peu, puis l'arracha des mains du policier. Vaik Chapman lâcha un sourire.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant