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Elsie Reyen.

C'était tout bonnement insensé.

Pourquoi elle ?

   Kharis avait beau se torturer l'esprit, il n'arrivait pas à trouver un lien entre le gang et Elsie. Qu'avait-elle qui puisse les intéresser ? A ce sujet, rien n'était écrit sur la fiche pourtant remplie par ses informations notamment son groupe sanguin, son adresse, sa situation financière, ses heures de sorties... tout. Ils savaient tout, absolument tout d'elle, comme s'ils l'observaient, cachés dans l'ombre depuis longtemps. Il frissonna.

   Depuis quand étaient-ils après elle ? Avant ou après le retour de Nabil en ville ? L'observaient-ils constamment ? Mais par dessus tout, que lui voulaient-ils?

   Il n'y avait que Nabil qui la liait au gang. Et aussi son père. Kharis ouvrit grand des yeux.

Son père, bien sûr !

   Ce ne pouvait être que Clovis Reyen. Sinon pourquoi la Croix Rouge en aurait après elle ? Mais qu'avait fait son père pour pouvoir mettre le gang sur son dos ?Le jeune homme avait beau exploité toutes ses connaissances sur le gang, il ne trouvait rien.

   Toutes ces questions sans réponse et le mystère autour de cette histoire ne faisait qu'attiser sa crainte seconde après seconde. La peur de se retrouver acculer et sans moyens d'échappatoire par le gang lui noua l'estomac. Ces connards étaient bien trop imprévisibles.

   La police et lui-même n'avaient aucun contrôle sur cette affaire. Depuis le début, ils se faisaient mener en baguette par ces crapules qui les avaient guidés plus d'une fois vers de fausses pistes.

   C'était triste, mais il devait le reconnaître, la Croix Rouge les avaient dans la main. La porte s'ouvrît brusquement.

— Tu ne vas pas en croire tes oreilles, Kharis.

Tête d'ananas se tourna vivement et cacha le document dans son dos.

— Je nous ai trouvé du pudding au...

   Léonard, ou plutôt Leandro, s'arrêta net à l'entrée de la pièce et braqua son regard sur le garçon. La crainte qu'il vit au travers des yeux du jeune homme le fit perdre le sourire.

— Chocolat.

  L'agent infiltré du gang arqua un sourcil interrogateur. Un silence embêtant s'installa entre les deux hommes qui se dévisagèrent dans le blanc des yeux. Kharis paniqua.

   Leandro regarda d'abord le tiroir qui manquait à l'étagère puis baissa les yeux vers le brique à braque qui trainait par terre. Il remarqua bien vite qu'un dossier, le seul dans le tiroir, avait disparu. Kharis rit nerveusement.

— Crois-moi, je n'ai pas fait exprès, dit Kharis pour détourner son attention. J'ai maladroitement fait tomber tout ça. T'inquiètes, je ramasse.

   Le jeune homme s'exécuta et s'accroupît directement, les mains toujours cachées dans le dos.

— Alors comme ça tu sais ! souffla Leandro.

   Au son de sa voix monocorde totalement morte qu'il ne lui reconnaissait pas, Tête d'ananas se raidit. Ça n'avait plus rien avoir avec la voix suave auquel il avait été habitué. Il avait là une autre facette de l'homme sympa qu'il connaissait et il n'aimait pas ce côté de sa personnalité.

  Leandro s'avança dans la pièce et posa les deux pots de pudding sur l'immense table. Son visage jovial avait laissé place à un masque d'impassibilité.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant