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Il ouvrit brusquement les paupières. La force de la lumière au dessus de sa tête l'obligea à plisser les yeux. Othman passa ses mains sur son visage pour enlever toute trace de sommeil. Il bailla à s'en décrocher la mâchoire puis tourna la tête vers le lit d'hôpital sur lequel reposait Ivan. Celui-ci dormait toujours. Il n'avait ouvert l'œil depuis l'attaque de la veille. Même après son opération, son cousin n'avait fait aucun signe qui pousserait à croire qu'il allait se réveiller, contrairement à Sam qui lui était debout.

Le docteur disait que cela prendrait du temps. Une semaine ou deux, un mois voire plus. Il était dans le coma et tout dépendrait de lui, de sa volonté de vivre. Il avait perdu beaucoup de sang et ses organes internes avaient sérieusement été touchés. Sa vie ne tenait qu'à un fil.

Erein s'était éffondrée en apprenant la nouvelle. Sa belle-sœur avait passé des heures à pleurer, suppliant le ciel de venir en aide à son cher et tendre. Et comme un idiot, il l'avait regardé sans savoir comment réagir.

C'était une attitude qui leur était propre dans la famille Slavkin. Ils manquaient de tact. Ce qu'il regrettait amèrement parce qu'il n'avait pas su comment s'y prendre alors qu'elle était triste.

Il comprenait son chagrin. Seulement, ils ne l'exprimaient pas de la même façon. Lui se cachait derrière son masque d'homme froid, tandis que sa belle-sœur versait quelques larmes pour extérioriser la douleur. La seule chose que le policier avait été capable de faire fût de lui promettre de rester aux côtés de son époux pour qu'elle puisse rentrer dormir. Depuis l'attaque surprise de la veille, elle ne s'était pas reposée. D'ailleurs, lui non plus.

Nolan et le reste de son gang lui menait la vie dure. Imprédictible comme il était, le gangster lui faisait tourner la tête depuis bien des années avec ses coups foireux. Et il en avait marre de jouer au chat et à la souris avec lui.

Othman voulait lui mettre une balle dans la tête. Non, deux. Pourquoi pas trois tant qu'on y est. A lui et à ce connard de Rivera qui était responsable de ce qui arrivait à Ivan et à Sam. Othman les voulaient mort.

Son téléphone vibra. Un message de Vaik Chapman s'afficha sur l'écran. Il était parti de la BCBH sans lui laisser un mot. Il l'avait laissé se charger de Deiko pendant qu'il rendait visite à son cousin. Vu le texto que son second venait de lui envoyer, Othman avait eu raison de le laisser se charger du garçon à sa place.

« Deiko a parlé. C'est Neville qu'il couvre. Il a un lien avec le gang.»

Ces gamins ! C'étaient ces mômes nés de la dernière pluie qui leur causaient autant de problèmes, grommela Othman en serrant des poings. Le boulot l'appelait encore.

Il se leva du fauteuil sur lequel il s'était assoupi et récupéra sa veste en cuir sur le porte-manteaux. Le policier jeta un dernier coup d'œil à Ivan puis sortit. Il traversa le long couloir blanc et froid où plusieurs infirmiers et docteurs défilaient en uniforme et se dirigea vers la chambre de Sam. Il salua brièvement Kev qu'il rencontra en cours de route.

Othman toqua, passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte et fit signe à Nath de sortir. Elle s'exécuta.

— Comment va Sam ?

— Bien. Son état est stable.

— On doit y aller, l'informa-t-il aussitôt. Les affaires reprennent. On a une nouvelle piste à exploiter.

Nath partit chercher sa veste. En son absence, le chef de la DEC passa rapidement un coup de fil à Heley pour connaître la position de Neville puis tenta de joindre son adjoint sur son cellulaire pour avoir plus de détails sur son entretien avec le fils d'un de ses ex-équipiers, mais il tomba sur son répondeur. Il essaya une fois de plus puis entreprit de contacter l'agent Stevenson. Son telephone non plus ne passait pas.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant