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— L'oiseau bleu est dans la place. Je répète, l'oiseau bleu vient d'arriver.

   Le premier reflexe d'Heley fût de faire volte-face et d'inspecter la grande salle. La jeune femme ricocha sur plusieurs visages, mais aucune trace de Kolton au milieu de cette foule de personnes qui discutait gaiement tout en étanchant leur soif avec du champagne. Elle percuta le regard de son père entouré d'hommes et de femmes qu'elle reconnut pour les avoir rencontrer sur son lieu de travail, puis répéra sa sœur bavarder avec un groupe de filles de son âge. Elle aperçut aussi Luda un peu plus loin, près de l'estrade où se tenait l'orchestre. Tout comme elle, il passait la pièce au peigne fin. Cependant, Kolton était nulle part. Neville non plus, songea-t-elle. Heley conclut qu'ils devaient être ensemble.


   Wheeler s'excusa auprès de ses amies qu'elle interrompit alors qu'elles complimentaient un étudiant de leur faculté également membre de la troupe de musicen et s'éclipsa comme une voleuse poursuivit par les défenseurs de la justice. La jeune femme retourna au buffet, sur le coté gauche de l'immense pièce, entre deux hautes statues de bronze datant d'une époque lointaine pour avoir une vue d'ensemble des lieux et le chercha de nouveau. Toutefois, sans jumelles, sa vision était limitée.


   Son attention fût vite captivée par l'imposante carrure d'Othman Slavkin dans son smoking noir qui avançait vers elle d'une démarche semblable à celle d'un félin. Lente, mesurée, gracieuse, son allure dégageait quelque chose qu'elle ne saurait décrire, quelque de différent, quelque chose d'hypnotisant. Tout chez lui suscitait à la peur, au respect et à l'intimidation.


   Le chef de la DEC lui tendit sa main dans laquelle elle glissa délicatement la sienne, se laissant guider par ses pas. Marcher à ses côtés et gratifier leur entourage d'un sourire donna l'impression à Heley que tout était sous contrôle. L'air calme du policier apaisa les battements précipités de son coeur et la jeune fille pût relâcher la pression.


—  Kolton est assis au bar avec ton petit-ami, Sullivan, dit-il subitement, la prenant de court.

— Orh s'il te plaît, pas toi Othis, répliqua-t-elle en appuyant sur chaque syllabe de son surnom, celui qu'elle employait rarement.

   Othman Slavkin rigola. Il jeta un bref coup d'œil autour de lui et se pencha légèrement pour souffler à l'oreille de sa belle-sœur.

— J'oubliais que tu avais une préférence pour les mauvais garçons.

— Nabil n'est pas un mauvais garçon.

— Ô vraiment ? dit-il d'un ton sarcastique.

— Qu'est-ce qu'on fait là à papoter? s'enquit-elle pour changer le cours de la discussion. Ne devrais-je pas m'occuper de Neville ?

— On a un petit soucis.

   Le Maire de la ville leur fit un signe de tête en guise de salutation. Ils lui répondirent avant de poursuivre leurs messes basses. D'un point de vue exterieur, on pourrait aisément croire qu'ils discutaient de sujets banales, non pas de filature.

— Quel soucis ? demanda Heley, l'estomac noué par l'apprehension.

— Ton ami Deiko est avec eux. Ils sont tous les trois assis au bar entrain de boire. Vaik les surveille. Faut qu'on trouve un moyen de le faire quitter le bar lui aussi. On ne peut pas s'approcher de Kolton s'il est présent.

— Kharis pourrait se charger de lui.

— Non, il fait le gai, dit le policier en regardant autour de lui. Ni lui, ni Luda ne peuvent intervenir au risque d'éveiller les soupçons du garçon. Kharis a bien tenté de lui taper la causette, mais il est méfiant.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant