Attraction irrésistible

PRIS SUR LE FAIT

Il est près de minuit quand j'entre dans ma chambre après une bonne douche et un brossage de dent efficace. J'ai revêtu mon pyjama dans la salle de bain pour ne pas avoir à le faire dans la chambre que je partage avec Gabi. J'ai attaché mes cheveux en un chignon approximatif et enfilé une épaisse paire de chaussettes hautes qui jure avant mon short étoilé noir et jaune et mon débardeur gris. Je n'ai rien de sexy dans cet accoutrement mais je me sens mieux comme ça. J'ai besoin d'être à l'aise dans ma propre maison et je me fiche du regard de Gabi. Il me connaît par cœur. Il connaît mes habitudes, mes drôles de manies ou mon goût pour le ridicule. Il se fou bien de me voir en pyjama. Il m'a déjà vu dans le plus simple appareil. Je ne crains pas ses moqueries non plus. J'ai bien chaud aux pieds grâce à mes chaussettes bariolés et je l'assume totalement. 

     Dès que je passe la porte de ma chambre, Gabriel lève les yeux vers moi. Il me détaille en silence alors qu'un maigre sourire prend place sur ses lèvres charnues. Il est déjà allongé sur le lit de fortune que ma mère a arrangé pour lui dans un coin de la pièce. La couverture qui le recouvre ne cache rien de son torse nu. Visiblement, lui ne craint pas le froid. Il semble à l'aise et plutôt détendu pour quelqu'un qui ne dort ici que depuis deux jours. 

     Ne rougis pas, Clarke. Ce n'est pas le moment de jouer à la midinette qui bave devant deux ou trois abdos.

     Malgré notre pseudo amitié, mes hormones réagissent toujours autant à son corps. Je ne peux m'empêcher de lorgner une seconde sur son torse nu et ses bras parfaitement dessinés. Je n'aime pas être aussi faible. Je ne devrais pas le trouver aussi beau. Pourtant, je suis incapable de résister à sa gueule d'ange et son corps que j'ai si souvent parcouru de mes mains. 

     -Sympa les chaussettes, ricane-t-il en jetant un rapide coup d'œil à mes pieds. 

-Je sais que tu meurs d'envie de te moquer alors fais-toi plaisir. Je m'en fiche. J'aime mes chaussettes. Elles sont super confortables. 

-Confortables mais pas très sexy. 

-Parce qu'il faut que je sois sexy pour toi peut-être ? 

     Une lueur passe dans son regard alors que son sourire s'éteint. 

     -Non, répond-t-il finalement en fuyant mon regard le temps d'une seconde. 

-Alors, aucun problème. Tu peux te foutre de moi autant que tu veux. Ça ne me touche pas. 

-Tu as toujours eu un look bien à toi, Clarke. 

-Et j'en suis fière, clame-je en rejoignant mon lit. Je suis unique en mon genre. 

-Oh, oui. Ça, tu l'es. 

     Ses mots me semblent sous-entendre quelque chose qui nous met tous les deux mal à l'aise. La tension est palpable dans la pièce et je ne sais pas trop pourquoi. La nuit dernière s'est très bien passée. Nous étions si fatigués par le voyage que nous nous sommes endormis en quelques minutes seulement. Nous n'avons même pas fait cas du fait que nous dormions dans la même chambre. Aucune pensée lubrique n'est venu ternir la nuit dernière. 

     A présent, les choses sont différentes. Nous sommes bien éveillés et la particularité de la situation nous frappe de plein fouet. Nous avons conscience que nous pourrions facilement prendre un chemin aventureux tous les deux. Ce serait tellement facile pour nous de nous retrouver sous le même drap. Seulement, nous savons tous les deux que ce n'est pas une bonne idée. Ce n'est pas ainsi que notre nouvelle relation doit fonctionner. Nous nous devons de bien agir, de réprimer nos pulsions les plus profondes. 

     Déstabilisée par ses mots, je tente de reprendre contenance et d'échapper au plus vite à son regard. 

     -Bon...euh...je vais me coucher.