LA FIN D'UNE PARENTHÈSE

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 Pendant tout le reste de notre séjour, je n'ai cessé de repenser à ce nouvel arrangement entre Gabi et moi. Je n'ai toujours pas décidé si c'était une bonne ou une mauvaise idée. J'avoue que je n'aurai jamais imaginé que nous en arriverions là, à un point où céder à la tentation pour la contrôler est devenue une potentielle solution à nos problèmes. Jamais je n'aurai dû accepter une éventualité pareille.

Depuis cet accord, Gabi semble bien plus détendu et serein. Je ne l'avais pas vu comme ça depuis l'Australie. Il paraît moins crispé et sur la défensive que d'habitude, plus spontané dans ses réactions envers moi et surtout, il a retrouvé ce sourire extraordinairement solaire dont je suis tombée amoureuse quand tout allait bien entre nous et que nous étions à l'autre bout de la planète. Je crois qu'il a réussi à trouver le bon équilibre entre sa rancœur envers moi, son attirance pour la fille que je suis et qu'il a aimé et son envie d'apaiser les choses entre nous pour que tout aille mieux. Il a définitivement franchi un cap que j'ai moi-même encore du mal à apercevoir.

Contrairement à lui, je ne suis pas encore totalement à l'aise avec cette nouvelle situation. Je viens à peine de m'habituer au fait que nous ayons enterré la hache de guerre. Ces derniers mois, nous avons passé notre temps à nous détester, à nous prendre le bec à la moindre occasion et à tenter d'annihiler toute trace de notre histoire passée. Tout a été si compliqué, si chaotique. Je vais avoir besoin de temps pour assumer cette nouvelle dynamique.

-Est-ce que ça va ?

Assise sous le plus vieil arbre de mon jardin, je lève les yeux vers Gabriel.

-Tu avais l'air complètement ailleurs, ajoute-t-il.

J'esquisse un sourire timide.

-Parce que je l'étais, réponds-je en riant.

-Je vois. Est-ce que je peux m'asseoir avec toi ?

Je hoche la tête.

Sans rien ajouter de plus, Gabi vient s'installer à ma droite. Il étend nonchalamment ses longues jambes devant lui et s'adosse à l'épais tronc d'arbre qui s'élève majestueusement derrière nous.

-Alors, à quoi est-ce que tu pensais ?

Même si la situation est différente depuis quelques temps, je n'ai pas envie de me livrer entièrement à lui. Je considère que Gabi en sait déjà bien assez. Je lui ai rouvert bien des portes sur ma vie depuis que nous avons choisi de contenir nos vieilles rancœurs. J'aurai très bien pu rester fermée comme une huître mais je ne l'ai pas fait. J'ai préféré baisser les gardes pour que nous trouvions un terrain d'entente. J'ai ravalé ma fierté et je lui ai avoué ce que je ressentais réellement vis-à-vis de tout ça. Je crois qu'il faut mettre quelques limites à ma sincérité.

-Tu n'as pas envie de partir d'ici, c'est ça ? en déduit Gabriel face à mon silence.

Il est vrai que nous allons bientôt rentrer à L.A. Nos heures ici sont comptées puisque notre avion est censé décoller dans quatre heures. Nous sommes près de dire au revoir à tout le monde et plus particulièrement à Elliot. Ça me brise le coeur de savoir que je vais devoir le laisser encore une fois et qu'il va sûrement pleurer après notre départ. Je n'aime pas devoir le quitter. Le séjour à Seattle m'a semblé bien trop court.

-Si, j'ai envie de rentrer chez nous, réponds-je malgré tout. Notre nouveau « chez-nous », je veux dire. Seulement, je n'ai pas envie de dire au revoir à Elliot. La dernière fois, ça a été tellement dur.

-Je comprends.

-Comment est-ce que ça s'est passé avec tes frères quand tu as quitté l'Australie ?

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