Attraction irrésistible

ÉCHAPPATOIRE

Je me suis totalement retranchée dans une bulle impénétrable depuis quelques heures. Ma conversation avec Gabi m'a littéralement achevé. Je n'ai pas réussi à m'en remettre au point d'esquiver tous mes cours de la journée. Après notre rencontre, j'ai foncé au vestiaire pour récupérer mes affaires et je me suis enfermée à double tour dans ma chambre étudiante. J'ai éteins mon téléphone malgré les nombreux appels de Cami et Oliver. Jo a tenté de me joindre, elle aussi. Je suppose que les autres l'ont mit au courant de ce qu'il s'était produit dans le studio de danse. Je n'ai répondu à aucun message. Je ne veux pas avoir à donner d'explications pour le moment. Je dois encore digérer tout ce que Gabi m'a envoyé à la figure. Je n'ai plus de force à l'heure qu'il est.

Ses mots résonnent encore dans ma tête. Je défaille rien qu'à l'idée qu'il puisse oublier tout ce que nous avons vécu. Ce n'est pas juste mais je ne peux pas lui en vouloir. Il se braque et tente de se protéger en niant toute notre histoire. J'aurais peut-être fait la même chose si les rôles avaient été inversés. Je n'aurais pas voulu être confrontée à tout ça. Cela n'empêche que ça fait mal. Terriblement mal.

Je repense à tous les moments que nous avons vécu ensemble. Les rendez-vous clandestins, les étreintes au beau milieu de la nuit, les baisers échangés en douce, les mots doux que nous nous sommes susurrer à l'oreille pour ne pas être compris des autres. Tout ça défile de nouveau dans mon esprit et j'en ai le tournis. J'essaie tant bien que mal de stopper cette rétrospective mais ma mémoire n'est pas décidée à coopérer. On dirait qu'elle veut, elle aussi, me faire payer pour toutes les mauvaises décisions que j'ai prise.

Je peine à croire que Gabriel puisse effacer notre histoire en une seconde. Je n'ai peut-être pas été son premier amour mais je sais que j'ai compté pour lui. Il l'a avoué lui-même avant de tout nier en bloc. Il crève pour moi. Ce sont ses mots. Les sentiments qu'il ressent ou qu'il a un jour ressenti pour moi sont bien réels. Si ce n'était pas le cas, il ne serait sûrement pas aussi touché par notre séparation. Il ne se sentirait pas détruit à ce point. Je m'en veux terriblement pour ça aussi.

J'ai toujours essayé de faire bien, de prendre les bonnes décisions. Je sais que je l'ai fait souffrir. Je nous ai fait souffrir. Je ne suis pas en reste. J'ai vraiment tout fait pour nous épargner. Je me suis brisée le coeur moi-même plus d'une fois en espérant que cela réduirait les dégâts que nous laisserions derrière nous. Je me suis épuisée à trouver les meilleures solutions possibles. J'ai fait de mon mieux.

Malheureusement, le résultat est encore pire que ce que j'avais imaginé. Gabriel est brisé par ma faute. Je ne suis pas en meilleur état, à vrai dire, mais lui a comme touché le fond. C'est l'impression que j'ai eu lorsqu'il m'a dit toutes ses choses atrocement douloureuses à entendre. Il ne s'est pas remis de notre rupture. Moi non plus. Notre histoire a marqué nos vies à jamais. Nous ne sommes plus les mêmes. Je le sens au fond de moi et je le vois quand Gabriel me fait face. Il a changé tout comme moi.

Tout en rechignant les mêmes pensées pour la centième fois de la journée, j'avale le dernier chocolat de la boîte que j'ai ouverte il y a une heure. Je me suis vengée sur les sucreries, je l'avoue. J'aurais sûrement mieux fait d'aller courir pour me vider l'esprit mais l'idée de me goinfrer de cochonneries dans mon lit était bien plus tentante. Je n'ai pas pu résister à la flemmardise.

Je m'apprête à ouvrir une boîte d'oursons en guimauve enrobés de chocolat quand on vient frapper à ma porte. J'abandonne à regret ma drogue du moment pour aller ouvrir. Mon pantalon de jogging et mon t-shirt trop grand ne sont pas très élégant pour recevoir un visiteur mais je m'en fiche. En réalité, je suis trop anesthésiée par mon mal-être pour me soucier de quoi que ce soit d'autre.

J'ouvre la porte et Cole se tient là, un grand sourire aux lèvres et un paquet de feuilles dans les mans.

-Salut.