Attraction irrésistible

A CŒUR OUVERT

Sous le soleil californien, un filet de transpiration coule paresseusement le long de ma tempe. Il fait chaud mais encore plus depuis que j'ai commencé mon footing. Ca fait bien longtemps que je n'avais pas couru. C'est une première à Los Angeles. Mon endurance en a prit un coup. Elle n'est plus ce qu'elle était. Mes muscles ont perdu de leur force. Ils sont comme rouillés. Mais une bonne remise en forme suffira à les remettre en état de marche. Tant que mes pieds seront capable de marcher, ils seront tout aussi capables de courir. Tant que mes jambes seront en un seul morceau, ils seront prêt à faire des kilomètres. Je ne compte pas abandonner la course seulement parce que mon endurance n'est plus la même. C'est fou comme elle peut se perdre rapidement. J'ai simplement besoin d'une remise à niveau. Me remettre dans le bain. Rien de plus.

Je dévale la pente devant moi tandis que mes muscles sont en feu. Mes articulations commencent à me faire mal mais il est hors de question de faire une pause. Je meurs de soif. Ma gorge est sèche jusqu'à m'en brûler l'œsophage. Malgré ça, je repousse mes limites. Mes jambes sont encore capable de me supporter dans ma course. Je peux donc poursuivre ma route.

J'ai opté pour ce parc dans les collines pour faire mon footing. Il y a beaucoup de pentes et d'obstacles sur les chemins les plus pentues mais l'endroit est splendide et reposant. Ce n'est pas le choix le plus simple pour reprendre la course mais pourquoi s'en tenir à la faciliter ? J'ai toujours aimé la course pour les endroits qu'elle me permettait de découvrir et d'explorer. J'aime le fait de débarquer dans un lieu et de le parcourir de long en large à la recherche du l'endroit parfait qui retiendra mon intention.

En Australie, j'avais trouvé cet endroit. Une colline abrupte conduisant à un spot en hauteur de la ville. Un petit espace entre les broussailles et les buissons asséchés ayant un panorama exceptionnel sur les alentours. Un lieu presque hors d'atteinte, caché des yeux de tous depuis la route, offrant une bulle apaisante et loin de tout bruit. Quelque part hors du temps où les sons de la ville et les désagréments de la population n'ont pas leur place. Je n'avais jamais vu de plus belle vue que celle-là. C'était là-bas que j'avais rencontré Ava. C'est un grain de sable dans l'immensité du pays – de la terre même – mais il est cher à mon coeur. Je ne l'aurai jamais trouvé si ma curiosité ne m'y avait pas poussé.

Mes pieds frappent le sol à un rythme régulier tout en envoyant valser la poussière acre sur mon passage. Le sol terreux virevolte autour de mes pas chaque fois que je le martèle avec mes baskets de course. J'aime entendre le bruit de mes pas contre la terre. Seul ce son transperce le silence environnant. J'entends les oiseaux piailler dans les feuilles au dessus de ma tête tout comme les branches qui s'agitent légèrement au rythme du vent. Ce calme est apaisant. Voilà ce que je recherchais en venant courir ici. Je savais que mon attention ne serait fixée sur rien d'autre que ma course. Aucune distraction ne pouvant me perturber.

Je prends le rivage à droite continuant sur la même descente. Ce chemin conduit à la ville en zigzaguant le long de la colline. Il me faudra environ une demi-heure ou peut-être un peu plus pour rejoindre la civilisation en bas. J'ai mal partout mais ça ne me fait pas peur. J'ai déjà connu bien pire. J'aurai sûrement des courbatures atroces en rentrant au dortoir et durant les prochains jours mais ce n'est qu'un pale prix à payer pour cette balade dans les collines de Los Angeles.

-Stop !

Je ralentis progressivement jusqu'à m'arrêter sur le bord du chemin.

-J'ai besoin d'une pause, halète Jo à quelques mètres derrière moi.

La pauvre se traîne comme une larve pour me rejoindre. Elle respire bien plus fort que moi. Ses cheveux perlent de sueur et forment une couronne de boucles autour de son visage. Sa peau est aussi luisante que la mienne et son dos est courbé sous l'effort. Je ne suis pas mieux qu'elle mais je n'en montre pas plus.