A BOUT PORTANT

360 22 4
                                    

     Bon sang, qu'est-ce que je fous là ? 

     La partie vient à peine de commencer que je regrette déjà d'avoir acceptée cette idée à la con de Cami. Du paintball ? Sérieusement ? 

     Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête. Elle a sûrement pensé que ce serait drôle. Pas pour moi. Je n'aime pas l'idée de me retrouver sur un champ de bataille avec Gabi. Je sais pertinemment qu'il ne va pas se gêner pour me pourrir. Il le fait mieux que personne. Je ne sais pas vraiment me servir de mon arme, en plus. Je n'ai jamais été sur un terrain de paintball de toute ma vie. Je sais que je dois éliminer les joueurs de l'équipe adverse mais je ne suis pas sûre d'être très douée pour ça. 

     Dans mon équipe, il y a Oliver, Jo et Graham, le petit-ami de Jo, tandis que dans l'équipe adverse il y a Gabi, Reed, Cami et Leah. Deux filles et deux garçons de chaque côté. La répartition est équitable. C'est ce qu'a décrété l'organisatrice de cette activité lorsqu'elle a formé les équipes. Je ne sais pas ce qui aurait été le mieux entre avoir Gabi dans mon équipe ou bien qu'il soit, au contraire, mon adversaire. Aucune de ces deux propositions ne me ravie. Le mieux aurait été qu'il ne participe tout simplement pas à la partie. Seulement, je dois m'y faire. Les amis de Gabi s'entendent à merveille avec les miens. Ils se voient régulièrement et je crois bien que les uns et les autres ont, comme qui dirait, formé une bande. J'ai encore du mal à me faire à l'idée que je vais devoir supporter Gabi à chaque sortie organisée. Je n'ai pas le choix néanmoins. 

     Merci, le destin !

     C'est Cami qui donne le top départ. 

     -Courrez, mes petites poules ! beugle Oliver en détalant déjà vers un vieux baraquement délabré. 

     Je ne me fais pas prier bien longtemps. Je m'élance sur le terrain en me débattant avec tout l'attirail réglementaire de paintball. La combinaison est lourde et le fusil que j'ai entre les mains pèse son poids, lui aussi. Tout ce barda me ralentit. Je cours malgré tout comme une dératée dans l'espoir de pouvoir me cacher avant de me faire canarder. Il y a de vraies bêtes dans l'équipe adverse. Je ne dois pas me laisser distraire. 

     Au bout d'une course difficile et épuisante, je parviens à atteindre un espèce de gros tuyau dans lequel je me faufile tant bien que mal. C'est le poste idéal pour repérer mes adversaires. En revanche, je pourrais très facilement me retrouver coincer dans ce gros cylindre. Je m'accorde alors une minute ou deux pour réfléchir à une bonne stratégie. J'ai un certain champ de visibilité sur une partie du terrain. J'inspecte les alentours à la recherche d'un joueur de l'équipe adversaire. J'attends patiemment jusqu'à ce qu'une silhouette familière se présente à quelques centaine de mètres de moi. 

     -Bingo, me dis-je à moi-même. 

     C'est Cami. 

     En sortant de ma cachette de fortune, je prends garde à ne pas faire de bruit. Je ne voudrais pas me faire repérer alors que je m'apprête à attaquer. J'arme convenablement mon fusil chargé de billes de peinture. Je me faufile à travers une haie de buissons et zigzague entre les hautes arbres pour tenter d'atteindre le chalet derrière lequel Cami s'est cachée. Je me sens lourde sous mon équipement. J'essaie de faire le moins de bruit possible en avançant à pas de loup. J'espère que ma cible est toujours ici et qu'elle n'a pas détalé à l'autre bout du champ de bataille. Je compte bien faire ma première victime. 

     Crac

     Merde ! Merde, merde, merde ! 

     J'ai malencontreusement marché sur une petite branche. Le bois a craqué et s'est brisé sous mon pied. Le bruit sec résonne dans les environs. Je me fige aussitôt. 

Attraction irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant