IRRUPTION INDÉSIRABLE

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-Vous êtes en retard, mademoiselle Clarke.

A peine arrivée dans le studio de danse, je suis la victime des foudres de Marion Vaugh, ma professeur au caractère de tyran. Je me fais toute petite et m'excuse expressément en priant pour qu'elle m'accepte dans son cours. Son visage froid et sans la moindre expression me jauge un instant. Je reste de marbre en croisant les doigts. La danseuse au chignon serré et à l'allure sévère me considère un long moment alors que la classe toute entière me fixe. Finalement, Mme Vaugh me fait signe de venir sur le parquet.

-Merci, madame.

-Reprenez l'échauffement avec les autres.

Elle ne me le répétera sûrement pas deux fois. Je m'exécute et rejoins Cami et Oli pour échauffer convenablement mes muscles. Ce temps se fait généralement dans le silence. Mme Vaugh se balade dans la salle tandis que nous nous préparons pour la suite. C'est une sorte de rituel que nous reproduisons à chaque cours. L'échauffement se fait en silence et la professeur se contente de nous surveiller. C'est sans compter sur une Cami plus en forme que jamais.

-Alors comme ça on arrive en retard, jeune fille ?

-J'avais oublié de mettre mon réveil à sonner, mens-je effrontément en étirant mon dos.

-Ce n'est pas la seule chose que tu as oublié de faire, rétorque-je sur un ton de reproche. Je t'ai appelé au moins cent fois cette nuit.

-J'avais laissé mon téléphone à la résidence. Il n'avait plus de batterie.

-Où est-ce que tu étais ?

-Euh...à la résidence, réponds-je d'une voix bien trop hésitante.

-Et ça ne t'ai pas venu à l'idée de le mettre à recharger pour répondre à tes messages ?

-Pas vraiment.

Je déteste mentir. Je l'ai trop fait l'année dernière et j'ai ça en horreur à présent. Malheureusement, je n'ai pas d'autre solution pour l'instant. Je préfère encore dire quelques mensonges plutôt que d'avouer ce que j'ai réellement fait cette nuit.

-Je me sentais super mal, ajoute-je. Gabi m'a ramené. Je me suis écroulée sur mon lit dès que je suis rentrée.

Camila s'adoucit à cette remarque. Les traits de son visage se détendent et son regard se fait plus tendre. Je crois que j'ai réussi à me la mettre dans la poche.

-Ça va mieux maintenant ? s'assure-t-elle.

-Oui, oui.

Je suis un être abominable.

-Bon, d'accord, abdique-t-elle. Mais la prochaine fois, pense à nous envoyez un message pour nous dire que tout va bien. On était inquiets.

-Je le ferais, c'est promis.

Elle esquisse un sourire et je le lui rends tant bien que mal.

-En tout cas, c'est bête que ça te soit tombé dessus le soir de ton anniversaire. On passait une super soirée.

-Oui, je suis déçue, moi aussi. On se rattrapera l'année prochaine.

Ma proposition semble la satisfaire puisqu'elle reprend tranquillement ses étirements. Je retiens alors un soupir de soulagement et l'imite en échauffer mes chevilles. Je suis bien contente de m'être débarrassée de cette discussion. Je n'aime pas mentir à mes amis mais je n'avais rien d'autre en réserve. Maintenant, le sujet est clos pour moi.

Alors que l'échauffement touche bientôt à sa fin, Mme Vaugh se met à crier ses directives au quatre coins de la salle.

-Plus grand dans le mouvement...on s'étire mieux que ça...pensez à échauffer votre cou...

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