MÊLES-TOI DE TES AFFAIRES

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     Je croule sous les appels ces derniers temps. A croire que ma famille et mes amis se sont donnés le mot pour me harceler. Hier, j'ai eu Ava au téléphone et Aaron m'a appelé le soir même. Ce matin, ça a été le tour de June et voilà que je suis en ligne avec ma mère depuis plus d'une heure. Il ne manquerait plus que Lili dégaine son téléphone et je suis bonne à me faire greffer mon portable dans la main. 

     -Tu as vraiment besoin de travailler dans ce restaurant, ma puce ? soupire ma mère au bout du fil. Tu sais très bien que je suis prête à te payer tout ce dont tu as besoin. 

-On en a déjà parlé des centaines de fois, Maman. J'ai envie de t'aider. 

-Tu es ma fille, Max. C'est normal que je me charge de tes études. 

-Et c'est ce que tu fais. Je ne donne qu'un petit coup de main en jouant les serveuses de temps en temps. 

-Je continue à penser que tu n'as pas besoin de faire ça. 

     Je ne compte pas m'épancher sur le sujet. Ma mère et moi avons déjà abordé le sujet et mon point de vue reste le même. Je veux alléger ses frais. Son travail est bien rémunéré et Stephen, mon beau-père, gagne bien sa vie lui aussi. Ils peuvent se permettre de me payer mes études. Je veux seulement les aider à mon échelle. Ils doivent aussi se concentrer sur Elliot. Ça me fait plaisir de participer financièrement à mon avenir. 

     -J'ai envie de le faire, affirme-je. 

-Ça te plaît de bosser là-bas ? 

-Oui. J'y ai rencontré des gens sympas et Jo est avec moi. Ce n'est pas toujours facile, surtout pendant les heures de pointes, mais ça me plaît. Il y a une bonne ambiance et je n'ai pas l'impression d'être une bonne à rien quand je travaille. 

-Tu n'es pas une bonne à rien, chérie. Sinon tu n'aurais pas été accepté dans cette école. 

-Je sais. Ce que je veux dire c'est que ça me procure une certaine satisfaction quand je passe des heures à servir des gens et à laver des tables. Ce n'est peut-être pas le job du siècle mais quand je quitte le restaurant j'ai la sensation d'avoir accompli quelque chose. Je ne me tourne pas les pouces. 

-Tu es seulement dix-huit ans, Max. Tu peux encore te tourner les pouces. Ce ne sera plus le cas quand tu seras mariée et que tu auras des enfants à t'occuper. 

-Dix-neuf, marmonne-je. 

-Qu'est-ce que tu as dit ? 

-Dix-neuf ans. Je vais bientôt avec dix-neuf ans. 

-C'est vrai. Oh, d'ailleurs ! J'ai envoyé ton cadeau d'anniversaire par la poste. J'espère qu'il arrivera à temps. Tu me préviendras quand tu l'auras reçu. 

-J'espère que tu n'as pas fait de folie, rétorque-je d'un ton faussement menaçant. 

-Je suis ta mère. J'aurais le droit de faire toutes les folies qui me passent par la tête. 

     Ça ne sert à rien de batailler sur ce sujet. Ma mère finira pas avoir le dernier mot comme toujours. Elle se décarcasse tous les ans pour mon anniversaire. Je pourrais presque m'attendre à ce qu'on me livre un poney ou une voiture décapotable. Rien ne m'étonnerait venant d'elle. 

     -Max, ton frère est là. Il veut te parler. 

     Mon coeur se gonfle dès que j'entends ces mots. 

     -Passe-le moi.  

     Elliot est probablement la personne sur cette terre qui me manque le plus. J'essaie de l'avoir régulièrement au téléphone pour qu'il ne se sente pas délaissé. Je crois qu'il s'est fait à mon absence même si ma mère me dit souvent que je lui manque. Je ressens la même chose. Nous sommes très complices et ses milliers de kilomètres entre nous ne sont pas toujours faciles à gérer. 

Attraction irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant