INFIRMIÈRE !

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Je ne sais jamais à quoi m'attendre quand Lili m'appelle. J'aime énormément la femme de mon père parce qu'elle est toujours gentille et anormalement bienveillante avec tout le monde. Mais cela peut parfois nous valoir de belles surprises. J'ai pris l'habitude de m'en méfier, juste au cas où. 

     -Comment vas-tu, ma puce ? me demande-t-elle quand je décroche. 

     Au premier abord, je ne sais pas trop quoi répondre. On ne peut pas dire que j'aille bien. Je suis complètement à côté de la plaque depuis quelques jours. Je me sens ailleurs en permanence et j'ai bien du mal à sortir de mes pensées quand il le faut. Je passe mon temps à ressasser le passé et à me poser milles questions. Alors, non, je ne vais pas bien. On ne peut pas dire ça de cette façon. 

     -Max, chérie ? Est-ce que ça va ? 

     Comment ça pourrait aller ?

     -Oui, oui, m'empresse-je de répondre pour qu'elle ne s'inquiète pas. Tout va bien. 

-Bon, je suis contente de t'avoir au téléphone. Quoi de beau dans ta vie ? 

     Ben, rien de spécial, belle-maman. Oh, si ! Ton fils m'a enfin dit qu'il m'aimait. Sinon, la vie est un cauchemar pour moi depuis ce jour-là. Et toi, quoi de neuf ?

     Je pousse un grognement involontaire en espérant qu'elle n'est rien entendu et dicte à ma voix intérieur d'aller faire un tour ailleurs. Je n'ai pas besoin d'elle en ce moment. Elle me soûle déjà depuis deux jours et je n'en peux plus de l'entendre blablater toute seule dans ma tête. Elle va finir par me rendre dingue si ça continue. 

     -La vie à L.A. suit son cours, c'est tout, réponds-je bêtement. Rien de très intéressant. 

-Je vois. Tu as bien reçu le petit cadeau que je t'ai envoyé pour te féliciter pour la réussite de tes examens ? 

-Oui, je l'ai reçu hier. Merci beaucoup, Lili. Je l'adore. 

     En effet, un colis est arrivé hier matin à mon intention. C'est ma colocataire qui l'a réceptionné pour moi. Je l'ai découvert sur mon lit quand je suis rentrée à la résidence. Un sourire s'est automatiquement dressé sur mes lèvres lorsque enfilé le beau collier que Lili m'a offert autour de mon cou. Il ne m'a pas quitté depuis que je l'ai mis. 

     -Tu es ma championne, s'exclame-t-elle. Il fallait bien fêter ça d'une façon ou d'une autre. Je pourrais te féliciter en personne quand tu viendras à la maison aux vacances. 

     Mon coeur se serre à cette pensée. Je redoute déjà ce voyage et je préfère ne pas y penser. 

     -Tu as acheté ton billet, ma puce ? 

-Oui, depuis quelques jours déjà. 

-Très bien. J'aurai pu m'en occuper, tu sais. 

-Je suis grande, Lili. Je me suis débrouillée comme une adulte. 

-Tu as raison. Je dois arrêter de vous traiter comme des enfants. Je dois encore me faire à l'idée que vous avez quitté le nid. 

     Attendrie par sa bienveillance maternelle, je glousse doucement à travers le combiné. 

     -Tu m'appelles pour une raison précise ? lui demande-je finalement. 

-En fait, oui. Est-ce que tu as vu Gabriel ces jours-ci ? 

     Mon estomac se contracte automatiquement quand j'entends ce prénom. Je me prépare déjà à faire bonne figure. Lili ne doit pas savoir ce qui se passe entre nous en ce moment. Je dois aller au-delà de la culpabilité qui m'assaille quand je pense à tous les mensonges que je vais encore devoir lui servir. Je n'aime pas agir ainsi mais je n'ai pas le choix. Je dois jouer mon rôle. 

Attraction irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant