UNE TRÊVE

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Gabriel


     Enchevêtré dans mes couvertures, je me réveille en sursaut quand je sens le lit trembler brusquement sur le sol. Mes yeux s'ouvrent instantanément. Ma chambre toute entière vibre alors que l'obscurité de la nuit a englouti mon environnement. Je ne comprends pas ce qui se passe autour de moi. Mes paupières sont encore lourdes de sommeil et mon cerveau ne semble pas répondre pour le moment. 

     Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!

     Finalement, je réalise rapidement quelque chose. Ce n'est pas seulement mon lit qui tremble, c'est l'immeuble tout entier. Les murs grondent autour de moi. Les flacons de médicaments vacillent sur ma table de chevet tout comme la lampe en verre sur ma commode ou mes manuels sur mon bureau. La porte de mon placard convulse elle aussi sous les tremblements qui secouent le monde tout entier. 

     Soudain, un cri aigu provenant du salon m'interpelle et je me fige. 

     Max.

     Je réagis aussitôt en envoyant mes couvertures sur le côté. Je m'élance hors de mon lit sans réfléchir. A cause de la fièvre, j'encaisse un léger étourdissement en même temps que je découvre la sensation du sol tremblant sous mes pieds nus. Mon corps s'adapte tant bien que mal à la situation. Tout est encore flou autour de moi Je m'appuie contre le mur pour me stabiliser et me dépêche de rejoindre le salon, paniqué à l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à Max. 

     Heureusement, la lampe du salon éclaire suffisamment l'espace pour que je puisse être guidé. Je sors du petit couloir conduisant à ma chambre et débarque telle une furie dans la grande pièce à vivre. 

     Recroquevillée sur le canapé, Max s'accroche à ce qu'elle peut alors que son visage est livide. Son regard affolé rencontre le mien. Je fonce aussitôt vers elle. Ses mains trouvent mon t-shirt qu'elle serre entre ses doigts. Je m'affale près d'elle et manque de la reverser. Elle se blottit contre moi quand je passe mes bras autour d'elle. Elle a tellement peur qu'elle tremble presque aussi violemment que les murs autour de nous. 

     -Je suis là, la rassure-je d'une voix rauque.  

     Malgré toute la colère qu'elle m'inspire, je ne pourrais jamais m'empêcher de la protéger. Ce n'est même pas une question de volonté. C'est un besoin. Son cri m'a tout de suite alerté. Je n'aurai pas pu la laisser ici dans cet état-là. 

     Je la serre fort contre moi tandis que les tremblements qui secouent le sol diminuent petit à petit au fil des minutes. Le chaos qui règne dans l'appartement se calme progressivement. Max est toujours aussi affolée alors je caresse lentement son dos pour tenter de l'apaiser. J'ai l'impression que je suffis à la réconforter même si ses mains sont toujours crispées sur mon t-shirt. 

     -Je déteste ça, couine-t-elle quand le grondement du tremblement se tait enfin. 

-Ce n'est pas ton premier tremblement de terre ? 

-Non mais j'ai toujours eu horreur de ça. 

-Je crois que c'est fini. Tout va bien. 

     Lentement, Max desserre sa prise autour de moi. Elle semble respirer à nouveau alors qu'elle avait retenu son souffle tout ce temps. Malgré tout, elle ne s'éloigne pas de moi. Je crois que ce tremblement de terre l'a véritablement troublé. Moi-même j'ai besoin d'un moment encore pour faire le point sur la situation. 

     -Je n'avais jamais vécu un tremblement de terre aussi intense, soupire Max. 

-Moi non plus. 

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