Chapitre 3

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Les rayons du soleil entrent doucement par l'embrasure de la porte, je plisse les yeux à la vue de toute cette lumière qui m'éblouit. Je regarde mon réveil, il est presque midi. Mais qu'est-ce que j'ai fais hier soir?

Je me lève avec difficulté. J'ai une migraine épouvantable, je crois que j'ai abusée de l'alcool hier.
Je m'avance lourdement jusqu'à la cuisine quand j'entends un bruit qui me fait me retourner en sursaut. Jérémy sort de la salle de bain torse nu avec le haut du corps trempé. Mon dieu ce qu'il est bien bâti! Et puis ces goutes d'eau qui coulent le long de ses muscles... Mais qu'est ce que fais? Il faut que j'arrête de le détailler. Et pourquoi il est encore là? Je me souviens l'avoir invité à dormir et que nous avons regardé un film et que nous nous sommes embrassés, mais après, je ne me souviens plus de rien, j'ai un trou de mémoire. Est-ce que nous avons...? Non. Impossible. Enfin, c'est vrai qu'il est horriblement sexy et beau et... Non. Il ne faut pas, ça gâcherait tout. Notre amitié est fragile, instable et nouvel, ça chamboulerait tout. Il faut que je vérifie. Je fonce jusqu'à la chambre d'amis pour voir si les draps sont faits et oui ils le sont, mais pas à ma manière. Ouf, on a évité la catastrophe. Je retourne donc au point de départ: la cuisine où Jérémy fait le café. Il est serviable dis donc.

-Bonjour.

-Bien dormie? je demande.

-J'ai un peu mal au crane mais sinon la chambre était confortable et mon ôte très sympathique.

Est-ce qu'il fait référence à ce qui est arrivé hier soir? En tout cas, moi aussi j'ai mal au crâne, je sens que je vais avoir besoin d'un doliprane.

-À ce propos, pour hier soir... Enfin, tu vois ce que je veux dire.

-Je m'en souviens si c'est de ça que tu parles.

Oui c'est de ça que je parle. C'est ça qui me tracasse. Heureusement qu'il s'en rappelle sinon je ne vois pas comment je lui aurais expliqué. En fait, je pense que je me serais défilée, j'aurai inventé quelque chose.

-Ça change rien entre nous. Ce serait bien si on faisait comme la dernière fois. Comme si rien ne s'était passé.

-Ok, dit-il en détournant le regard.

J'attrape un verre que je remplie à ras-bord de jus d'orange. C'est une sale manie chez moi, je les fais presque déborder, ça énervait ma mère et mon père en riait. C'était la bonne époque ou je croyais encore que la vie était rose mais maintenant que je suis une adulte et que j'affronte la réalité c'est un peu dur. Dur comme mon mal de tête, il faut vraiment que je prenne un cachet.

Je bois une gorgée de mon jus d'orange et file jusqu'à la salle de bain et la trousse à pharmacie.

-Jérémy?

-Quoi?

-Tu veux un doliprane?

-Ça me ferait pas de mal. Je t'assure que je ne reboirais plus jamais autant.

J'ai déjà entendu ce genre de phrases des centaines de fois. Ça me rappelle les soirées d'anniversaires durant lesquelles ma mère buvait un peu trop, en fait elle ingurgitait plus d'alcool qu'elle ne pouvait et elle s'est plusieurs fois retrouvé à dire le lendemain matin "plus jamais je ne bois une goute d'alcool". Trois heures après elle sirotait une bière... Ça me faisais rire mais maintenant que je comprends ce qu'est une gueule de bois je me dis que j'aurais mieux fais de ne pas me moquer.

-On parie? je demande en revenant dans la cuisine et en posant le cachet à côté de son verre

-Non.

Il a peur de perdre, il sait très bien qu'il ne pourra pas s'empêcher de boire autant, que ce soit en ma présence ou non.

-Tu veux manger quelque chose?

-Je peux plus rien avaler. C'est pas ma première gueule de bois mais je me rappelle pas qu'elles étaient aussi puissantes.

-Je crois que j'ai forcé sur la dose de rhum. Ça m'étais encore jamais arrivé. Et puis j'ai mal au ventre...

Et merde, je crois que je vais vomir. Je fonce jusqu'à la salle de bain et là... Beurk. La honte, et dire que Jérémy est dans la pièce d'à côté. Est ce qu'il m'a entendu? Bien sur que oui! Punaise. J'avais oublié qu'après les fêtes ma mère passait du temps dans la salle de bain. Avoir la gueule de bois est encore pire que je ne le pensais. Je me passe de l'eau sur le visage et me lave la bouche avant de me brosser les cheveux qui étaient heureusement attachés.

-Euh, Kylie? Ça va?

Non, je suis morte de honte. Je n'ose même plus sortir de ma propre salle de bain.

-Un peu mieux.

-T'es sure? T'as besoin d'aide?

-Je vais bien je t'assure et ne te dérange pas, j'arrive.

Il me faut juste le temps de trouver ou s'est planqué mon courage qui a eu vite fait de prendre ses jambes à son cou en emportant au passage ma dignité.

Quelques minutes plus tard je sors de la salle de bain en ayant abandonné mes recherches. Je marche en regardant le sol, je n'ose pas le regarder dans les yeux. La situation est trop gênante. Pourquoi ce genre de trucs n'arrivent qu'à moi? J'ai la poisse, c'est vraiment affreux.

-Bon, je vais y aller. On se voit le week-end prochain à la fête foraine.

-Au revoir.

Je ne relève les yeux du parquet que quand j'ai entendu la porte se refermer. Je crois que je vais me limiter à un verre d'alcool la prochaine fois. Plus jamais je ne veux revivre ça...

T'aimer ou te détesterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant