Chapitre 16 -1/2

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Le réveil sonne vers sept heures, pour un samedi matin, c'est beaucoup trop tôt. J'ai les oreilles qui bourdonnent et ça me donne mal au crane.

-Pourquoi tu as mis un réveil, dis-je en râlant.

-J'ai ma sélection aujourd'hui.

Ah, j'avais oubliée que sa sélection est aujourd'hui.
Je sent Jérémy se décoller de moi pour sortir du lit.

-Tu vas où, je marmonne encore à moitié endormie,dis-je en râlant frustrée qu'il laisse une place froide dans le lit.

-Je vais me préparer.

-Mais on a le temps.

-C'est dans deux heures.

-C'est ce que je dis, on a le temps.

-Tu ne te rends pas compte à quel point c'est important pour moi. Je préfère être à l'heure.

Bien sûr que si, je comprends quand il me dit qu'il veut arriver à l'heure, mais s'y prendre deux heures en avance, je trouve ça un peu tôt.

-D'accord.

Il ouvre les volets qui grincent.
La lumière me frappe en plein visage. Je comptais me rendormir, maintenant, c'est impossible.
En temps normal, j'aurais râlé et je lui aurais dit de me laisser dormir tranquillement.
Mais aujourd'hui, je ne lui ferai pas de réflexion, il est déjà sous pression pour sa sélection. Je n'ai pas envie de me fâcher avec lui, il a besoin de tout le soutien possible pour réussir. Si il est énervé, il risque de se planter et je n'ai pas envie qu'il perde par ma faute.
En ce moment, on s'entend bien, pas de disputes, pas de réflexions, pas de vacheries. Je voudrais que ça dure mais je sais qu'à un moment ou à un autre, une dispute éclatera. C'est le calme avant la tempête.
Je me lève après plusieurs tentatives pour me rendormir, malheureusement sans succès.
Je m'assois sur mon tabouret de bar habituel. Je regarde la télé et je prends un café quand Jérémy arrive dans la cuisine torse nu et les cheveux mouillés.
Les gouttes d'eau qui descendent de ses cheveux sur ses abdos le rendent encore plus sexy.
Je me mord l'intérieur de la joue et je rougis quand il me surprend à le regarder.

-Tu me mattes?

-Non.

-Je t'ai vue rougir.

Et je rougis encore plus, mes joues doivent avoir une couleur écarlate.

-Je trouve ça mignon.

-Quoi?

-Que tu rougisses, dit-il en s'asseyant à côté de moi.

Il attrape ma tasse de café et boit.

-T'es gonflé! Tu pourrais t'en préparer un.

-Mais celui-là est déjà prêt.

-T'exagères.

Il m'embrasse sur la joue et je fond littéralement, toute mon autorité s'évapore et je sais qu'il en a conscience et qu'il en joue.

-Garde ma tasse, je vais m'en repréparer un autre.

-Merci mon cœur.

Il vient de m'appeler mon cœur là? Ou j'ai rêvé.

-Mon cœur?

-Quoi? T'aimes pas que je t'appelles comme ça?

-Si, j'adore.

Ce surnom est mignon, doux comme sa main qui me caresse la joue quand je me rassois à côté de lui et j'aime le voir aussi attentionné. C'est quand je crois que je ne peux pas l'aimer plus que mes sentiments se mettent à croitre.

Arrivée à la piscine, j'embrasse Jérémy une dernière fois avant de le laisser filer dans les vestiaires.

-Bonne chance, je t'aime.

-Merci, moi aussi je t'aime.

J'aime qu'il n'y ait pas de gêne entre nous. Nous exprimons nos sentiments naturellement et entendre qu'il m'aime me rassure. Même si j'ai conscience de ses sentiments qu'il m'a déjà exposé, les entendre me fait du bien.
Il lâche ma main et part se changer. Dans les gradins, je m'assois à côté d'Émilie.

-Salut.

-Salut ça va?

-Oui, mieux qu'à mon anniversaire.

Je me rappelle encore de l'hystérie dans laquelle elle était ce jour là, j'ai vraiment eu peur.

-Tant mieux.

- Je vous ai vue tout à l'heure. Vous avez l'air de bien vous entendre tous les deux.

Elle était contre notre relation et maintenant elle nous espionne. C'est bizarre quand même, mais je préfère qu'elle nous épie plutôt que de faire une crise d'angoisse.

-Oui, ça marche bien entre nous.

-T'as l'air heureuse.

Elle ne peut même pas imaginer à quel point je suis comblée, à quel point j'aime son frère qui il y a quelques semaines était l'une des personnes que je détestait le plus. Il n'y a qu'un pas entre la haine et l'amour et nous l'avons franchis et jamais je ne voudrai reculer.

-Je le suis.

-T'es amoureuse?

-Oui.

Je l'aime et plus que tout au monde. Plus que je n'ai aimé, que je ne croyais possible d'aimer et plus que je n'aimerais jamais.

-Jamais je n'aurais cru que ma meilleure amie sortirait avec mon frère.

-Moi non plus.

Si quelqu'un m'avait dit un jour que je tomberais amoureuse du frère de ma meilleure amie qui était en plus l'homme que je détestais le plus au monde, j'aurais ris. Je ne l'aurais pas cru. Jamais je n'aurais envisagé une relation avec lui. Mais aujourd'hui, c'est lui qui fait battre mon cœur.

-T'as de la chance, t'es avec quelqu'un que tu aimes et qui t'aime en retour.
Moi, je n'arrive pas à être heureuse.

-Tu trouveras l'amour de ta vie, j'en suis sûre.

-J'espère que tu as raison.

Les hommes commencent à sortir des vestiaires. Je reconnais Jérémy qui porte un maillot noir.
Il à ses lunettes translucides dans la main et son bonnet sur les cheveux.
J'imagine à quel point ils seront ébouriffés quand il l'aura enlevé. Je m'imagine passer ma main dans cette masse blonde comme les blés et soyeuse. Caresser ses lèvres du bout des miennes...
Wow, il faut que je me calme. C'est le moment de l'encourager pas de penser à faire...
Ils se mettent en place et tout le monde fixe l'arbitre attendant avec impatiente le top départ.
Dans quelques secondes, ils s'élanceront pour une course effrénée.
La tension s'installe en moi, je suis certainement plus stressée que Jérémy qui va jouer son avenir...

Un coup de sifflet retentit et Jérémy est en tête. Il est à quelques centimètres de l'arrivée quand l'un de ses concurrents arrive sur le bord.
Jérémy vient de se faire doubler, lui qui était premier finit deuxième. Et je perçois toute la colère qu'il ressent à travers son regard et ses points serrés. Je suis sûrement aussi triste et déçue que lui, mais je suis persuadée que c'est maintenant qu'il va y avoir la tempête, j'ai comme un mauvais pressentiment.

T'aimer ou te détesterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant