Chapitre 8

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En sortant de la piscine, je suis toujours dans cette bulle. J'ai envie de faire durer ce moment avec lui. 

-Ça te dis un pique nique?

-Oui.

-On s'arrête chez moi? J'ai tout ce qui faut.

-D'accord.

Nous montons dans sa voiture qui nous guide jusqu'à chez moi. Je tape le code pour entrer dans l'immeuble et je déverrouille ma porte d'entrée. 

-Assis toi, je prépare à manger et...

-Je vais t'aider.

C'est bien la première fois qu'un homme m'aide à faire la cuisine. D'habitude ils sont plus du genre à se mettre les pieds sous la table et à me prendre pour la bonne à tout faire.

-Qu'est ce que je peux faire?

-Une salade de pâtes.

Je le laisse faire en le surveillant et quand il me surprend, je souris. Pendant qu'il fait la salade, je m'occupe d'éplucher des carottes mais comme je suis maladroite, je me coupe et je fous du sang partout.

Je me rue vers le robinet ou je rince ma main ensanglantée et je fais point de compression.

-Comment tu t'es débrouillé?

-Je sais pas.

-T'as pas due faire attention.

Je fais toujours attention à mes mouvements quand j'ai quelque chose de coupant dans les mains. 

-Tu sais, c'est pas parce qu'on fais pas attention qu'on se fais mal! Même en étant vigilant on peut se couper! Regarde ma main!

-De toute manière, vous les femmes...

Nous les femmes? Quoi? Qu'est ce que nous avons? Si il y a bien quelque chose qui m'énerve, c'est quand on me met dans le même panier que les autres. Je déteste quand on se fait un avis global, il faut juger chaque personne au cas par cas pas se dire qu'elle est semblable à une autre.  Je vais lui faire prendre conscience que je suis différente. Je déteste les aprioris et stéréotypes.

-Quoi nous les femmes? Nous prenons tout mal? C'est ça que tu voulais dire? Mais c'est peut-être parce que nous avons marre de subir des reproches, d'être dénigrés ou pris pour les bonniches. Parce que la phrase "la place de la femme c'est dans la cuisine", je l'ai déjà entendu sortir de la bouche de pas mal de mecs donc si tu veux faire une généralité sur les femmes, je peux aussi en faire une sur les hommes. Vous dites que les femmes sont mois fortes mais il faut prendre en compte la taille, le poids, la musculature, les problèmes cardiaques et respiratoires, etc... Ça dépend des personnes. Vous dites aussi que les femmes sont moins fortes, mais as-tu une idée de ce que ça fait que d'avoir ses règles? D'être dans son lit à se tordre de douleur? De se demander si on va mourir tellement la douleur est profonde? Et ça tous les mois. Est-ce que tu sais ce que ça fait que d'accoucher? Non. Et tu ne le saura jamais. Alors oui, moi non plus je n'ai jamais accouché mais j'ai vue des émissions, j'ai lue des livres, j'ai entendue ma famille en parler. Et vous, les hommes, vous allez me répondre qu'un coup de pied dans l'entre jambe c'est plus douloureux mais qu'est ce que vous en savez? Vous avez changé de sexe? Alors cert quand nous recevons un coup dans cet endroit, il n'y a pas tout qui remonte mais ça fait extrêmement mal. Et vous répondrez peut-être que pour l'accouchement il y a la péridurale, mais ça n'empêche pas d'avoir mal. Et à ce moment là, la femme n'a plus de dignité, elle est à nue devant des dizaines de personnes. 

-Je ne voulais pas te mettre en colère...

-C'est trop tard. Maintenant tu sais ce qui m'énerve. Ça t'évitera de dire des choses qui me déplairont. Maintenant, laisse moi, j'ai besoin d'être seule. Je suis trop énervée, j'ai pas envie de dire des choses blessantes.

-Ok.

C'est comme ça qu'il s'en va. J'y ai peut-être été un peu fort mais au moins je suis sûre qu'il a compris. La prochaine fois ça lui évitera de dire des choses de la sorte.

Je suis donc seule avec une main en sang et avec beaucoup trop de légumes pour une seule personnes. Je regretterai presque de lui avoir dis de partir, mais je sais que c'était la meilleure solution. J'aurai été capable de lui dire quelque chose que j'aurai regrettée.


T'aimer ou te détesterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant