T'aimer ou te détester

Chapitre 15 -1/2

Je tire Jérémy par le bras. Il a les yeux bandés et je le guide à travers les arbres jusqu'au lieu de notre activité.
En chemin, il trébuche à plusieurs reprises sur les racines des arbres et manque de tomber.

-Tadam, dis-je en ôtant le bandeau des yeux de Jérémy.

-Ah, de l'accro branches.

-Oui, c'est cool.

J'adore cette activité, toute mon enfance je me suis prise pour Tarzan et aujourd'hui j'ai envie de revivre ces bons moments avant d'entamer une nouvelle journée de cours.
Nous enfilons des baudrier et nous faisons la course jusqu'à l'échelle qui nous permet d'atteindre la première plate-forme.

-Après vous mademoiselle, dit Jérémy.

Je grimpe et je dévale le parcours sans vraiment prêter attention à Jérémy.
Mais où est-il?
Je me retourne et je le cherche du regard mais je ne l'entend pas.

J'attends quelques minutes et je le vois arriver.

-Qu'est-ce que tu fais? Tu es vraiment lent!

-Je vais à mon rythme, toi tu cours.

-Tu aurais dû me dire que j'avançais trop vite.

-Tu t'es volatilisé.

-Je vais t'attendre cette fois, passe devant.

Il passe devant moi. Je l'observe passer l'obstacle avec difficulté.
Il regarde en bas et se raidit tout en se dépêchant d'arriver à la plate-forme suivante. Moi en revanche, je met quelques secondes à arriver à son niveau.

-Ça va?

-Oui.

-C'est pas l'impression que tu donnes. Qu'est-ce qui ne va pas?

-J'ai honte.

Il détourne le regard.

-Tu peux me faire confiance.

-J'ai... j'ai le vertige.

J'aurais dû m'en douter, il n'avait l'air rassuré avant de monter et maintenant, je comprends mieux pourquoi.

-Quoi?

-Tu vois, tu te moques de moi.

-Mais non. Pourquoi tu ne me l'a pas dit plus tôt et pire, pourquoi tu es monté?

-Ça avait l'air de te faire tellement plaisir.

C'est pour ça que je l'aime, il est tellement généreux, il pense plus au bonheur des autres qu'au sien.

-Maintenant je me sent mal.

-C'est pas de ta faute, tu ne pouvais pas deviner.

-Peut-être. Pour me faire pardonner, je vais essayer de te faire oublier ta peur du vide.

Je le guide au fil du parcours, je lui donne des astuces, je l'encourage et je pense qu'il se sent mieux. Mais le moment de la tyrolienne final est arrivé et je lis de la détresse dans les yeux de Jérémy.

-Je passe avant toi, tu regardes comment je fais et surtout tu ne regarde pas en bas.

-Ok.

Je l'embrasse avant de filer à toute allure sur le câble métallique.
Quand son tour arrive, je le vois hésiter.

-Aller! Tu peux le faire!

Il s'élance sur la tyrolienne et je l'entends crier de joie quand il prend de la vitesse.
Il arrive sur l'herbe dans laquelle il plonge volontiers.