T'aimer ou te détester

Chapitre 36

Depuis plusieurs semaines, c'est la première fois que je me réveille dans ses bras, et ça fait du bien. J'ai si bien dormie, ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas passé une nuit aussi longue et reposante.

Je me retourne doucement dans le lit pour ne pas le réveiller, je regarde son visage qui paraît si paisible quand il dort. Je lui caresse la joue avec mon pouce et lui embrasse le front. Il ouvre les yeux. Bon, je l'ai réveillé, en même temps, c'est ce que je voulais inconsciemment il faut l'avouer.

-Je t'ai réveillé?

-Non, ça fait une demi-heure que je suis réveillé, je me reposais en attendant que tu te réveilles.

J'avais tout faux, je croyais qu'il dormait, mais il était encore réveillé. Quand nous sommes tous les deux, c'est toujours moi qui dors le plus longtemps. Moi aussi, j'aimerais le voir dormir, imaginer à quoi il rêve. J'aimerai savoir si il ronfle. Mais tant que j'aurais le sommeil aussi lourd, je ne pourrais pas savoir ce que ça fait de regarder l'autre comme il l'a si souvent fait avec moi.

-Je te prépare un café?

-Oui, je me change et j'arrive.

Il sort de la chambre. Je me lève et sort de ce lit tellement moelleux que j'ai crue être dans un nuage.

J'enfile mon pull et mon jean de la veille avant de le rejoindre dans la cuisine. La pièce s'envahit petit à petit d'une bonne odeur de café. Je me met derrière Jérémy qui est debout en face de la cafetière à attendre que les tasses se remplissent. Je passe mes bras autour de sa taille, je place ma tête à côté de la sienne, du moins j'essaye. Je suis plus petite que lui du coup, je suis sur la pointe des pieds et ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable, mais sentir son odeur si envoûtante ça vaut bien ça.

-J'ai quelque chose à te dire.

-Oui, je t'écoutes.

Il reste silencieux ce qui commence à m'angoisser.

-Tu sais que tu me stresse là? Est-ce que c'est grave? Je continue face à son silence.

-Non, t'inquiète pas. Mais assis toi, je suis pas sur que tu sois très contente.

Euh, il m'inquiète encore plus là. Qu'est-ce qu'il veut me dire? Qu'est-ce qu'il a fait pour que je sois en colère quand il va me le dire? Bon, je vais attendre ses explications, si ça se trouve, ce n'est pas si terrible que je le crois. Comme il me l'a demandé, je m'assois et en face de lui, sur un tabouret de bar. Il me sert un café bien fumant avant de s'asseoir en face de moi.

-Alors, j'ai appelé ton père.

J'avale la gorgée que je viens de prendre de travers.

-Et ta mère pour les inviter à venir manger ici.

Alors là, c'est trop. Je recrache carrément tout ce que je venais de boire. Non mais qu'est-ce qui lui a pris d'appeler mes parents pour qu'ils viennent? Je me demande si il ne s'est pas cogné la tête un peu trop fort à Paris ou si les secousses dans l'avion ne l'ont pas fait dérailler. Il sait très bien que je ne m'entends pas très bien avec ma mère, voir pas du tout. Et puis, comment il a eu leur numéro? Non, il n'aurait pas fouillé dans mon téléphone quand même.

-Attend, j'ai bien entendue?

-Oui. T'es fâchée?

-Non, j'aimerais comprendre pourquoi tu as fait ça. T'es complétement malade ou quoi? Tu veux qu'on s'entretue avec ma mère? Et comment tu as eu leur numéro?

-C'était pour les connaître. Je t'ai présenté aux miens avant de partir, mais toi tu ne l'as pas fait et si tu ne veux pas leur dire comme c'était le cas avec Émilie, je dois le faire moi-même. Et pour répondre à ta question, j'ai eu leur numéro par ma sœur. Et s'il te plaît, ne te met pas en colère et fait un effort avec ta mère.

À l'entendre, j'ai l'impression qu'il a peur de moi quand je suis fâchée.

-Ok pour la colère mais pour ma mère je ne promets rien.

Il fait le tour du bar et me prend dans ses bras. Il a de la chance que je l'aime, sinon, je serais déjà partie en courant. Je n'arrive pas à y croire, il veut rencontrer mes parents, bon il les connait déjà vaguement, mais là il va les voir en tant que petit copain. Ce n'est pas la première fois que je présente un homme à mes parents, mais je ne peux pas m'empêcher d'être stressée.
Et ma mère... Il fallait vraiment qu'il s'en mêle? Plusieurs personnes ont essayés d'arranger les choses mais ça n'a pas fonctionné et je pense qu'il faut s'y faire, nous ne nous entendons pas.

-Et, c'est quand?

-Ce midi.

-Ce midi?! Mais pourquoi tu ne me l'as pas dis plus tôt?

-Parce que je les ai appelés quand tu dormais encore.

Et voilà, ça m'apprendra à trop dormir, mais c'est de sa faute, si ses bras n'étaient pas aussi confortables je dormirais moins.

Je me précipite donc jusqu'à la salle de bain pour être présentable. Je sors tous mon maquillage et met à chauffer le fer à boucler.

Je vois Jérémy qui entre dans la salle de bain dans le reflet du miroir.

-Tu sais que ce ne sont que tes parent? Je n'ai pas invité le président ou une star internationale.

-Oui oui, je sais. Mais je ne vais pas ressembler à un sac à patate non plus.

-Mais moi je t'aime bien, sac à patate.

Je lui met une petite tape pour que l'envie de me rappeler comme ça lui passe. Il y a mieux comme surnom que sac à patate.
Je sais qu'il me taquine mais je n'ai pas le temps de rire.

Le temps que je me maquille, il ne bouge pas d'un centimètre et reste collé contre le mur en carrelage blanc.

-Pourquoi tu restes planté là?

-Je te regarde te tartiner tout tes machins sur la figure. Tu es très belle sans tout ça, tu n'en as pas besoin.

Ce ne sont pas des machins mais des produits de beauté.

-Merci du compliment mais je vais quand même continuer à m'étaler des machins comme tu dis, sur le visage.

-T'es mieux au naturel. Et puis, tes parents changeaient tes couches, tu peux très bien ne pas être préparée comme si tu rencontrais la reine d'angleterre.

-Oui, mes parents ont changés mes couches, mais si je me sens mieux maquillée, je me maquille. Et puis, j'enlèverai tout ça ce soir si tu me préfères au naturel.

Je finis mon maquillage en le voyant grimacer dans le miroir.
Quand j'attrape le boucleur, il me l'arrache des mains avant que je puisse l'utiliser.

-Non, tes cheveux sont très bien, laisse les tranquilles.

-Bon ok. Mais, c'est parce que je ne t'ai pas écouté pour le maquillage.

Je sors de la salle de bain pour le laisser se préparer et je file m'habiller.