Shadow Lover I

Chapitre 5

Éloïse

À la fin de mon cours de journalisme, je ne m'attendais vraiment pas à retrouver Race en face du bâtiment. Vu la manière dont il ronflait lorsque j'ai quitté l'appartement ce matin, je ne pensais même pas qu'il serait déjà debout à cette heure-ci. D'ailleurs, j'avais même remarqué qu'il avait l'air tellement détendu pendant qu'il dormait que ça le rendait tout de suite beaucoup moins effrayant. Lorsqu'il ne fait pas la gueule, il a le visage plutôt doux, il faut l'avouer.

Nous sommes maintenant sur la moto de Race pour aller je ne sais où et c'est seulement lorsqu'il se stoppe devant un feu rouge que j'en profite pour le lui demander.

- Où est-ce qu'on va ? je crie pour essayer de couvrir le bruit du moteur.

- J'ai la dalle, me dit-il simplement en retour.

J'abandonne et me concentre sur la route. Ce n'est pas la première fois que je monte sur une moto, je suis déjà montée quelques fois sur celle de Noah, mais actuellement, je suis morte de trouille face à la manière dont Race la conduit. À croire qu'il fait exprès de ne pas voir les limitations de vitesse et encore moins les feux rouges. Je regarde le paysage défiler en me serrant un peu plus fort contre lui. Je pense même que je le serre un peu trop parce que je sens ses muscles se contracter sous sa veste, mais actuellement, j'ai tellement peur de tomber que je ne relâche pas ma prise. Il n'a qu'à ralentir s'il tient tant à ce que je le relâche !

Au bout de quelques minutes, il se gare non loin d'un petit restaurant que je n'avais jamais remarqué et coupe le moteur. Il se trouve à quelques rues du Smoky Bar, là où je me suis rendue hier pour demander de l'aide. Race lève son bras pour que je puisse prendre appui sur lui, mais douée comme je suis, je manque de me casser la figure en voulant descendre de la bécane. Je le vois encore une fois dissimuler un sourire moqueur que je trouve plus flippant que mignon (même si ça devrait être l'inverse, mais je ne sais pas pourquoi je le trouve beaucoup plus inquiétant que lorsque son visage reste impassible).

- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, je dis en faisant la moue.

- Tu as l'élégance d'une baleine quand tu montes sur cette moto.

Ne m'attendant pas à ce culot et ce manque de tact et je me retrouve sur le cul et offensée. On ne peut pas lui reprocher d'être franc, ça c'est clair. J'avais bien compris que je ne savais pas monter dessus (ni même en descendre d'ailleurs). En même temps, je suis trop petite et j'ai du mal à enjamber l'engin. Je me souviens que Noah aussi se foutait de ma gueule avant, mais jamais il n'en était venu à me comparer à une baleine. Il faut croire que tout le monde sur cette terre n'a pas la notion du respect.

- Tu es terriblement sexy quand tu boudes, me dit-il à l'oreille tout en s'éloignant en direction du restaurant.

J'ai un mouvement de recul et cesse de bouger. Comment réussit-il à me comparer à une baleine pour quelques secondes plus tard me dire que je suis sexy ? Je me sens tout à coup mal à l'aise. Même si c'est pour rire, c'est la première fois qu'un garçon me dit que je suis sexy avec une pointe de sérieux dans le regard. Il doit certainement rigoler une fois de plus. Mais bon, c'est assez perturbant quand même.

J'écarte ma gêne puis me dirige à mon tour dans la direction de ce petit restaurant. L'intérieur est simple, plutôt mignon, décoré à l'aide de plantes et de tableaux artistiques. Un homme du même style que Race vient nous accueillir. Il est grand, musclé, couvert de tatouage, mais la seule chose qui le différencie de ce dernier est qu'il ne fait pas peur. Un sourire illumine son visage et malgré son style qui peut porter à préjuger, il semble aimable et sympathique.

- Race ! Ça fait plaisir de te voir, dit-il en tendant une main noire de tatouages à ce dernier.

- Salut Alex.