Shadow Lover I

Chapitre 23

Race

- C'est Ok. On va accepter la proposition de N. Toi contre Charlotte. Mais ne crois pas que c'est parce que l'on va t'aider qu'on est d'accord avec ça. Personnellement, je pense que ce que tu veux faire est totalement inconscient, mais je n'ai pas mon mot à dire sur ta décision. Si tu veux toujours le faire, alors je te suis...

Je lui laisse le temps de comprendre la signification de ce que je viens de dire tout en essayant de garder une tête neutre pour qu'elle puisse croire à mon mensonge. C'est vrai que d'un côté, je m'en veux de lui mentir car c'est le genre de fille qui ne va jamais remettre ta parole en question car elle a confiance en toi, mais d'un autre côté, c'est un mal nécessaire car il est hors de question qu'elle mette sa vie en danger. Si pour la sauver de ses propres décisions je dois lui mentir, alors je le ferai sans aucune hésitation. J'ai confiance en le plan que nous avons élaboré avec Noah, Ian et Richard alors tout va se passer comme prévu. Enfin, j'espère...

- Tu m'en veux ? me demande-t-elle d'une voix coupable.

C'est vrai que depuis l'appel avec N, je ne me suis pas montré très enthousiaste à l'idée de faire cet échange (c'est le moins que l'on puisse dire). D'ailleurs, en soit, je suis toujours contre cet échange, c'est juste qu'elle n'est pas au courant qu'il n'aura pas lieu.

Je prends un air dégagé et lui réponds,

- Tu fais ce que tu veux de ta vie Eloïse.

En vrai, ma réponse n'est pas vraiment la réalité. Bien sûr que je lui en veux d'avoir pris cette décision, mais je n'ai pas mon mot à dire alors autant fermer ma gueule. Alors que j'allais monter sur la moto, elle me rattrape par le bras puis me retourne. Cette fois-ci, son visage a pris une teinte sérieuse.

- Tu n'as pas envie que cet échange ait lieu parce que tu trouves que cette idée est inconsciente ou c'est bien plus personnel que ce que tu prétends, dit-elle en allant droit au but.

Je pense que c'est la première fois qu'elle est aussi franche avec moi. Cette fois-ci, elle me confronte totalement à ce que je cache à tout le monde y comprit moi-même. Qu'est-ce qu'elle veut que je lui dise ? Moi-même, je ne suis pas réellement sûr de la vérité et je dois même dire que d'une certaine manière elle me fait peur.

Maintenant, c'est moi qui reprends mon sérieux. Je ne réfléchis même plus et déballe tout ce qui me vient à l'esprit. Je ne contrôle pas mes mots...je les laisse sortir et au diable si elle n'est pas contente. Après tout, c'est ce qu'elle veut non, que je sois franc.

- Bien évidemment que c'est bien plus personnel, je m'emporte. Comment veux-tu que ça ne le soit pas alors qu'à chaque fois que je te vois mon coeur fait un bon dans ma poitrine ; qu'à chaque fois que tu me touches des milliers de frissons parcourent mon corps et qu'à chaque fois que tu parles, je meurs d'envie de celer mes lèvres aux tiennes à jamais. Même si tout ça est totalement incompréhensible, c'est devenu personnel à la minute où mon corps à commencé à ressentir des choses en ta présence.

Je me rends soudainement compte de tout ce que je viens de sortir. Certes, c'est la vérité, mais je ne sais pas vraiment pourquoi je viens de tout déballer comme ça. Pas que j'ai honte de ce qu'il se passe (ou peut-être que si finalement), juste que ça ne me ressemble pas et que tout ça me fait totalement flipper. Alors que j'allais m'excuser ou sortir quelque chose de totalement débile pour excuser mon manque de tact et mon impulsivité, la rouquine fait quelque chose dont je ne m'attendais vraiment pas et vient combler les quelques mètres qui nous séparent pour venir coller ses lèvres aux miennes brusquement.

Ce baiser n'a aucune douceur, mais a une signification. Dans ce baiser, elle me fait comprendre qu'elle aussi ressent toutes ces choses que je viens d'énumérer. Ne m'y attendant pas du tout, je n'ai aucune réaction et ce n'est que lorsqu'elle décolle ses lèvres que je comprends. Je ne lui laisse même pas le temps de s'éloigner que je l'attrape par les hanches sans aucune douceur pour venir la coller à moi avant de me jeter à mon tour sur ses lèvres. Et contrairement à elle, je ne m'éloigne pas juste après, mais approfondis le baiser.

Cette fois-ci, ce baiser est plus long, plus excitant et passionné. De ma vie entière, je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi puissant. J'ai l'impression que des milliers de papillons viennent de naître dans mon ventre et prennent tous leur envol. Ses mains viennent dans mes cheveux tandis que je la rapproche encore plus de moi pour que plus aucun espace ne nous sépare. J'ai l'impression de me sentir plus vivant que jamais je ne l'ai été dans ma vie. D'avoir en quelque sorte trouvé la pièce manquante à mon puzzle. Je ne vais pas mentir, j'ai déjà embrassé des tas de filles, mais jamais aucune n'a réussit à me faire ressentir un quart de ce que ma rouquine est en train de me faire.

Je ne sais pas vraiment combien de temps dure ce baiser, mais visiblement, il ne dure pas assez. Nos langues cessent rapidement leur danse endiablée pour se détacher à contrecoeur, puis nous nous éloignons tout en gardant nos corps collés l'un contre l'autre. Je la tiens toujours par les hanches et je ne desserre ma prise qu'une fois que je me rends compte de ce qu'il vient de se passer. . .J'ai embrassé Eloïse sauvagement après lui avoir avoué tout ce que je ressens depuis que je la connais. Mais ce qui m'étonne le plus dans ce qu'il vient de se passer (parce que je savais que tôt ou tard ça allait arriver), c'est ce que j'ai ressentis. Jamais je n'avais vibré autant face à une personne et la rouquine semble avoir réussi l'impossible. Je me demande si elle est une sorcière ou une enchanteresse. Certainement un peu des deux.

Me rendant aussi compte que nous nous trouvons, en plein milieu d'un parking devant le bar où se trouvent mes frères et amis, je me détache rapidement d'elle et passe ma main dans mes cheveux nerveusement.

Je monte sur la moto sans un mot et attends qu'elle en fasse de même. Une fois prêt, je démarre et roule vers l'appartement sans faire le moindre commentaire sur ce qu'il vient de se passer. Je la sens tendue à l'arrière, mais j'essaie aussi tant bien que mal d'oublier son contact. Ce qu'il vient de se passer ne doit plus se reproduire. C'était un égarement, mais tout doit cesser. J'ai apprécié ce baiser et c'est justement le problème. Je dois à tout prix m'éloigner d'Eloïse avant qu'il ne soit trop tard. Parce que ce qui est sûr, c'est que si nous continuons de jouer avec le feu, tôt ou tard nous allons finir par nous brûler et la rouquine est bien trop fragile pour souffrir par ma faute.