Shadow Lover I

Chapitre 19

Race

Ça fait quatre jours.
Quatre jours que nous sommes allés au bowling.
Quatre jours que je suis partagé entre l'envie de l'éviter ou continuer ce rapprochement entre nous.

Je flippe totalement parce que je ne me reconnais pas lorsque je suis avec elle. Ce n'est pas normal que je me sente aussi bien avec une personne que je ne connais pas.

Du coup, depuis quatre jours, je suis partagé entre ces deux envies. D'un côté, je ne contrôle pas vraiment mes réactions avec elle, mais d'un autre, ça me dérange de changer. Je ne sais pas vraiment comment je dois réagir donc en attendant, je laisse mon être me guider (mais bon, en ce moment mon être me guide plus vers la rouquine).

Au final, ce week-end, elle est restée à l'appartement pour ne pas déranger Ian et sa femme et nous avions passé notre week-end moitié devant la télé, moitié elle devant ses cours. C'était calme et reposant. J'en ai appris un peu plus sur elle et son passé, mais je suis toujours resté mué comme une tombe lorsqu'on abordait le sujet de ma vie. D'ailleurs, elle a fini par se rendre compte que je sujet était sensible et que je n'étais pas près puisqu'elle a rapidement arrêté de me poser des questions.

Aujourd'hui, nous sommes lundi et je suis actuellement devant le bâtiment de mademoiselle à attendre la fin de ses cours. J'espère ne pas la voir arriver avec son crétin de pote.

Bien évidemment, ce que je ne voulais pas arriva et lorsque son cours se finit, elle sort dans les dernières personnes accompagnée de son clébard totalement in love d'elle. Je ne sais pas comment elle fait pour ne pas remarquer que ce gars en pince pour elle. Elle est beaucoup trop naïve.

Lorsque son ami me remarque, il tire une tronche de deux kilomètres avant de passer un bras autour des épaules de la rouquine comme pour marquer son territoire. Non seulement, ce geste gène Eloïse, mais en plus il me fou les nerfs. Je suis actuellement à deux doigts d'aller lui péter le bras pour être sûr qu'il ne reproduise plus jamais ce mouvement avec ma rouquine - qui d'ailleurs est en train de se défaire de sa prise.

Je me rapproche d'eux puis lui tends son casque sans un mot. Je ne veux pas perdre mon temps avec ce type (surtout que ça risque très certainement de finir mon poing dans sa belle gueule d'ange). Elle attrape l'équipement en me remerciant d'un sourire puis dit au revoir à son ami avant de me suivre jusqu'à ma bécane. Une fois devant, je m'installe et tends mon bras pour qu'elle s'y accroche pour monter, puis une fois qu'elle est assise, je tourne la tête dans sa direction.

- Ton pote, je ne l'aime pas ! dis-je en démarrant.

Il faudrait peut-être que je parle à Noah de ce Baptiste. Il pourra faire des recherches sur lui. Je n'aime pas vraiment le savoir autour de Eloïse alors autant être sûr qu'il n'est pas N (même si d'un coté, j'ai quelques incertitudes sur son innocence, mais ça, je ne dois pas en parler à la rouquine qui risque de ne pas être très contente que je soupçonne son ami).

N'ayant pas vraiment envie d'aller manger à l'appartement, je me dirige vers le petit restaurant près du Smoky auquel je l'avais déjà emmené le premier jour de ma garde. À ce moment-là, je n'étais pas du tout ravie de ma mission.

Lorsque je me gare, j'aide la rouquine à descendre puis me dirige vers l'entrée du restaurant. Alex vient nous accueillir toujours avec le sourire et nous emmène à ma table habituelle, non sans mater un peu trop mon accompagnatrice. Je lui fais les gros yeux et lui demande de nous ramener les menus que je prends habituellement (pourquoi changer quand ça nous convient ?).

Je connais Alex depuis un ou deux ans déjà. Il est arrivé dans le club récemment et m'a fait découvrir ce petit restaurant un jour où nous avions une petite mission à régler ensemble. Nous avons bien sympathisé (même si je trouve qu'il parle beaucoup), puis maintenant, à chaque fois que je ne sais pas où manger, je viens ici. Les plats sont bons, les serveurs agréables et il n'y a jamais beaucoup de monde donc pas trop de bruit. L'idéale quoi !

La rouquine et moi nous installons puis discutons de ses cours de la matinée. Dans la manière dont elle en parle, je vois bien que tout ça la passionne et qu'elle est plutôt à l'aise niveau études. J'ai rapidement compris qu'elle voulait devenir journaliste et je suis sûr qu'elle mieux que quiconque sera parfaite pour ce métier.

Nos repas arrivent rapidement et nous mangeons en silence. Tout en se cherchant du regard de temps en temps.

Juste avant le dessert, la rouquine part aux toilettes et Alex en profite pour venir discuter un petit peu.

- C'est étrange de te voir ici plusieurs fois avec la même fille. Ce n'est pas ton genre.

- C'est compliqué.

- Il y a quelque temps je n'aurai pas cru ça possible, mais tu changes mec.

- Je ne change pas. Je t'ai dit que c'était plus compliqué, mais elle et moi ne faisons rien de ce que tu penses, j'avoue sans vraiment savoir pourquoi je ressens le besoin de me justifier.

- Ce qui prouve que tu as changé. Avant, tu n'aurais pas attendu autant de temps sans avoir tiré ton coup. En plus, tu as vu comment tu la bouffes du regard.

Je prie intérieurement pour qu'il ferme sa gueule et me foute la paix. Je n'ai pas besoin de ses remarques ni de ses commentaires alors je vais me passer de sa présence.

Alors qu'il allait ajouter quelque chose, le téléphone de la rouquine qui est posé sur la table se met à sonner et affiche un appel entrant d'un numéro masqué. Sachant très bien qui en est l'auteur, je fais un signe de tête à Alex lui faisant comprendre de se tirer puis attrape le téléphone.

- Ouais ?

Ce n'est pas la vraie voix de N qui me répond, mais une voix robotisée.

- Tiens, le nouveau toutou de Eloïse. Quel plaisir de faire ta connaissance.

- Qu'est-ce que tu veux connard ? Eloïse n'est pas là.

- Oh ça, je le sais. Justement, c'était toi que je voulais avoir.

S'il sait que Eloïse n'est pas là, c'est qu'en ce moment, il nous surveille. Je passe en revue tous les clients du restaurant uns à uns espérant remarquer quelqu'un le téléphone à la main, mais malheureusement, tout le monde semble le nez dans son assiette. Où est-il bon sang ?

- Race, mon petit Race. Je sais que tu es là pour protéger Eloïse, mais que c'est le père de Charlotte qui t'a envoyé. J'ai un marché pour toi et ton boss.

- Je t'écoute, dis-je en restant sur mes gardes.

- Un échange. Charlotte contre Eloïse. Je suis sûr que ton patron adorerait retrouver sa chère et tendre fille et moi, celle que je veux, c'est Eloïse.

Ma rage monte à la surface et je me retrouve à taper du poing sur la table. Rien qu'à imaginer ce qu'il fera quand il aura la main sur elle, mon sang ne fait qu'un tour.

- Il est hors de question que tu touches à un seul cheveux de Eloïse, tu m'entends.

- Pourtant, c'est ce qu'il va se passer. Je rappellerai demain à la même heure pour donner les instructions. Je te conseil de mettre ton patron au courant.

Sans que je ne puisse répondre quoi que ce soit, la communication se coupe laissant le silence au bout du fil. Je boue intérieurement suite à cet appel. Comment peut-il penser deux secondes que nous allons le laisser mettre la main sur Eloïse ? Moi vivant, il est est hors de question.

- Race ?

Je me retrouve et fais face à une rouquine troublée derrière moi. Je ne sais pas ce qu'elle a entendu de la conversation, mais je pense qu'elle a déjà compris de qui venait l'appel.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?