Chapitre 38

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Eloïse

La route défile, mais je ne la vois pas. Je suis ancrée dans mon monde sous peine d'être détruite si j'en ressors. Je ne cesse de revivre en boucle la scène qui s'est passée il y a quelques minutes. Je pleure tellement que j'ai l'impression que mes larmes contiennent des bouts de mon coeur brisé. J'avais une confiance aveugle en lui et il m'a menacé comme si je ne valais rien à ses yeux. Non seulement, il n'avait pas le droit de choisir à ma place si oui ou non je pouvais aller sauver Charlotte, mais en plus, il m'a forcé de la pire des manières. Je me sens à bout et complètement dévastée. Jamais je n'aurai imaginé il y a quelques heures que cet homme finirait par me menacer, son arme sur ma tempe.

Je reconnais vaguement la route qui mène au Smoky et lorsque nous arrivons sur le parking déjà plein, je descends de la moto sans même un regard pour Race, mais lorsque je le sens descendre à son tour, je lui fais comprendre que je ne veux pas de lui.

- Dégage Race ! Laisse-moi, lui dis-je en pleure.

Je ne savais pas qu'il était possible d'être aussi brisé et déçu par une personne.

- Eloïse, je. . .

Ne pouvant pas entendre une seconde de plus sa voix, je l'interromps immédiatement.

- Épargne-moi cette mascarade comme quoi tu es désolé. J'en ai rien à foutre Race. Rentre chez toi et fou moi la paix.

Mes mots sont peut-être un minimum blessant, mais j'en ai rien à foutre. J'ai envie de le voir souffrir autant que je souffre maintenant. Je savais que j'avais des sentiments pour cet homme, mais jamais je n'aurai pu penser que ça fasse si mal.

Je ne lui laisse même pas le temps d'en dire plus et lui tourne le dos sans pouvoir retenir un gémissement qui menace de sortir depuis quelques minutes déjà. J'avance vers l'entrée du bar sans même savoir ce que je vais faire une fois à l'intérieur. Mon coeur s'effondre une seconde fois lorsque j'entends la moto de Race s'éloigner derrière moi. Je prends une inspiration avant de rentrer dans le bar pour me donner du courage. Je suis beaucoup trop faible pour retenir mes larmes alors je n'en fais rien. Je m'en fou si les motards qui se trouvent dans le bar me remarquent. De toute façon, je pense qu'après ce soir, je ne reviendrais plus jamais ici. D'ailleurs, je n'aurai jamais dû venir ici la première fois. Je n'aurai pas dû leur demander de l'aide pour Charlotte parce que non seulement, ils ont tout foiré, mais en plus, je me suis accordée le droit de m'attacher à la mauvaise personne et maintenant, j'en paie les conséquences.

J'avance dans le bar sans me soucier des quelques têtes qui se retournent sur mon passage. J'avance jusqu'à ce que je trouve le bar ainsi que Ava et Lexy. Mes deux amies se retournent inquiètes dans ma direction puis viennent me prendre dans leur bras me demandant ce qu'il s'est passé, mais tout ce qui arrive à sortir de ma bouche n'est qu'un gémissement qui me fait refondre en larmes. Lexy me prend alors la main pour m'emmener à l'écart dans une cour à l'arrière du Bar que je n'avais jamais remarqué.

Une fois dehors, elles m'installent sur un banc et s'assoient à mes côtés.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demande Ava.

Aucune des deux ne doit être au courant de ce qu'il devait se passer ce soir, car les gars ont certainement dû penser qu'elles me mettraient au courant. Enfin, je crois. . .Après tout, moi aussi j'ai vécu dans le mensonge.

- Je. . .Enfin Race. . ., j'essaie de dire redoublant mes pleures.

- C'est Race ? me demande Lexy.

Je hoche la tête en reniflant sans aucune classe, mais je m'en fiche. Je dois avoir l'air tellement pathétique, mais ma souffrance est trop importante pour que j'en prenne compte.

Alors que je prends une grande inspiration pour vider mon sac, j'entends la porte du bar s'ouvrir et Race apparaître dehors. Je le pensais parti, mais visiblement, il ne me laissera pas tranquille. Alors qu'il avance dans ma direction, je me lève du banc et avance pour regagner l'intérieur du bar. Je ne veux plus le voir.

Malheureusement pour moi, monsieur est trop obstiné et me rattrape par le bras. Je remarque que ses joues sont légèrement humides ce qui prouve qu'il est aussi touché que moi par son acte. J'en ai rien à foutre qu'il s'en veuille. Le mal est fait et on ne pourra pas revenir en arrière.

- Eloïse. . .

- Tu n'as pas compris quoi dans fou moi la paix Race ? je m'énerve.

- Je suis désolé, mais. . .

Encore une fois, je ne le laisse pas finir sa phrase et l'interromps.

- Tu m'as menacé Race, alors j'en ai rien à foutre de tes excuses, dis-je en dégageant mon bras.

- Il fallait que je le fasse. Tu risquais trop ta peau et je ne voulais pas te perdre. Il fallait que je le fasse.

J'arrive à voir de la peine dans son regard, mais le rancoeur est trop grande pour que j'y fasse attention. Je me mets alors à hurler comme une dégénérée.

- Race, tu m'as menacé avec ton flingue !

Il peut bien dire ce qu'il veut, rien ne remplacera jamais ce dégoût que j'éprouve pour lui actuellement. Mais le pire dans l'histoire, c'est que quand je le regarde, j'ai envie de me nicher dans ses bras pour oublier ma peine. Ma peine que lui seul a causée, mais que seuls ses bras puissent atténuer.

- Je suis tellement. . .

- Non Race ! Je ne veux plus t'entendre. Tu ne voulais pas que je mette un terme à notre histoire à cause de l'échange, mais tu y as mis un terme tout seul. Maintenant, tu n'as plus qu'à en assumer les conséquences.

- Attends, tu veux dire que. . .

- Oui Race, toi et moi s'est fini.

D'ailleurs, il avait raison depuis le début, ça n'aurait jamais dû commencer. Il m'avait prévenu qu'il finirait par merder et me faire du mal, mais je ne l'ai pas écouté. Maintenant, j'en paie les conséquences.

Je me dégage de son emprise puis pars en pleurant vers le bar où je m'enferme dans les toilettes histoire d'être tranquille.

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant