Chapitre 13

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Race

Une fois son sac à dos fait, nous descendons dans le silence puis, je l'emmène en moto jusqu'à chez moi.

Je n'y ai jamais ramené de fille, mais je sais que c'est le seul endroit où elle sera en totale sécurité. À part Ian et Richard, je ne suis pas sûr que qui que ce soit sache où j'habite. En même temps, je ne suis jamais chez moi (enfin, si je peux appeler ce lieu mon chez moi. Je dirai plutôt que c'est l'endroit dans lequel je dors), je passe tout mon temps libre soit sur ma moto, soit dans le lit d'une fille du club ou encore au bar.

Je sais déjà d'avance que cet endroit ne va pas plaire à la rouquine. Un appartement sombre, impersonnel avec un seul et unique lit, une cuisine avec seules des bières dans le frigo et une salle de bain en piteux état. Ce n'est pas un endroit pour elle, mais c'est celui qui pourra la protéger le mieux. De toute façon, il est hors de question qu'elle retourne chez elle sachant que ce psychopathe est assez barge pour prendre le risque de rentrer dans sa chambre. Je ne sais pas quand a été prise cette photo, mais ce qui est sûr, c'est que soit Noah, soit moi était dans la pièce d'à côté.

Lorsque j'ai vu la photo, j'ai cru que j'allais vrier. Au début, j'ai eu du mal à comprendre, mais rapidement, mon esprit s'est mit en marche et la rage a prit possession de mon corps. C'est seulement quand j'ai vu dans quel état de frayeur elle était que je me suis calmé. Ça ne doit pas être facile pour elle qui subît ça depuis des mois.

Lorsque je me gare sur le petit parking à l'arrière de mon immeuble, je l'aide à descendre puis attrape son sac avant de l'emmener en silence jusqu'à mon logement. Le silence qui se trouve entre nous n'est pas pesant contrairement à d'habitude. Là, c'est un silence reposant pour digérer ce qu'il s'est passé il y a de ça une heure.

Une fois devant ma porte qui se trouve au deuxième étage, je soulève le paillasson et attrape la clé avant d'ouvrir la porte qui bien sûr, s'ouvre dans un grincement très peu accueillant.

- Bon, ce n'est pas un hôtel cinq étoiles, mais tu seras déjà plus en sécurité que chez toi, dis-je pour alléger l'atmosphère.

Tandis qu'elle passe le pas de la porte, son regard se balade un peu partout dans la pièce et je vois ses sourcils se froncer.

- C'est chez toi ? demande-t-elle hésitante.

Je lui fais signe que oui de la tête puis referme la porte derrière nous. Je pose son sac et mes quelques affaires que j'avais pris chez elle puis lui fait signe de s'installer où elle veut. (En réalité il n'y a pas beaucoup d'endroits où elle peut s'asseoir hormis mon lit et le plan de travail).

- Je présume que tu ne passes pas beaucoup de temps ici. . .

- En effet, je réponds.

Son regard dévie rapidement sur le lit. Elle remarque qu'il n'y en a qu'un seul et que je n'ai pas de canapé. Je la vois déjà se poser des questions dans sa tête pour savoir si ça veut dire que ce soir (ainsi les autres soirs), nous allons devoir dormir dans le même lit. La réponse est oui. Il est hors de question que je dorme par terre. Je ne suis pas un gentleman alors je ne lui ferai pas cette faveur.

- Bon, je n'ai rien à manger ici donc je commande pizza et on ira faire les courses demain.

Après lui avoir montré où elle pouvait poser ses affaires, je la préviens que je pars appeler Ian pour le mettre au courant et qu'elle peut faire comme chez elle. Elle m'annonce qu'elle a un devoir à faire pour la semaine prochaine et que du coup elle va s'avancer, pendant que moi, je sors sur le balcon pour parler à mon meilleur ami. Il décroche dès la deuxième sonnerie.

- Race ? Dis donc, on s'est déjà vu ce matin, tu ne peux plus te passer de moi, dit-t-il en rigolant.

- Ian, on a un gros problème.

Il a dû comprendre au sérieux de ma voix qu'il n'y avait rien de drôle et que la discussion qui va suivre va être des plus sérieuses.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demande-t-il soudainement inquiet.

- Eloïse a encore reçu des menaces. Mais cette fois-ci, cet enculé est parti beaucoup trop loin. . .

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu m'inquiètes Race.

- Il est venu dans sa chambre pendant qu'elle dormait et l'a prise en photo. Ce connard n'a pas peur de prendre des risques.

- Bordel ! grogne t-il. Et là maintenant vous êtes où ?

- Je ne voyais pas vraiment où elle pouvait être en sécurité alors je l'ai amené chez moi.

- Attends, tu l'as ramené chez toi ? Depuis quand tu laisses dormir des filles chez toi.

- Ce n'est pas la même chose Ian. Elle a un psychopathe sur le dos. Je ne voyais pas où je pouvais l'emmener.

- Très bien, je vais en parler au boss. Faites attention.

Nous mettons fin à la conversation et je prends une grosse respiration avant de retourner dans l'appartement et faire face à la rouquine. Ça fait bizarre de voir quelqu'un à part moi ici.

- Bon, je vais commander des pizzas, tu veux quoi, je lui demande.

Elle relève les yeux de son ordinateur et relève ses lunettes. Je ne savais même pas qu'elle en portait. Je dois dire que ça la rend terriblement sexy.

- Je n'ai pas très faim, merci quand même.

Je me retiens de faire la moindre objection et me rappelle qu'elle doit avoir l'estomac noué face au stress de ce matin. Je pars commander une pizza Margarita pour moi et je lui prends quand même une bolognaise au cas où elle aurait faim plus tard dans l'après-midi.

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant