Chapitre 33

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Race

Sur la route, prenant par surprise ma rouquine, je tourne à gauche au lieu de prendre par la droite. J'arrive à voir dans le rétroviseur de la moto des sourcils se froncer.

- Désolée ma belle, mais ce midi, on ne rentre pas à l'appartement.

Pour la première fois de ma vie, j'ai envie de faire les choses bien donc ce midi, j'emmène Eloïse au restaurant. Même si je l'ai déjà fait en l'emmenant plusieurs fois au restaurant d'Alex, cette fois-ci ça sera différent. Un autre restaurant et une différente ambiance étant donné que cette fois-ci, je ne suis ni froid, ni énervé et que nous sommes en couple. Le repas va pouvoir se passer correctement et nous allons pouvoir nous parler sans disputes.

J'avoue que j'ai du mal à me reconnaître depuis que tout a éclaté entre la rouquine et moi. J'ai l'impression que la barrière de protection que je me suis construite toute ma vie est en train de s'effondrer lorsque je suis avec elle et au lieu de me faire peur, ça me rend joyeux. Je dois avouer que je n'avais jamais étais aussi épanoui. C'est un peu étrange de se dire que tous ces changements, c'est une petite femme qui me les apporte. Une petite femme pour qui je n'aurais jamais levé le petit doigt si je l'avais croisé dans la rue. Heureusement, le destin a bien fait les choses et m'a laissé apprendre à la connaître. Elle est très belle aussi bien mentalement que physiquement, mais c'est juste que sa beauté est tellement naturel que ce n'est pas dans mes habitudes. Aujourd'hui, la plupart des filles sexy et belles que tu trouves sont pour la plupart refaites de partout alors trouver quelqu'un d'aussi naturel que Eloïse s'en assez perturbant.

- Où est-ce qu'on est ?  me demande-t-elle une fois que je suis garé.

Pour réponse, elle a le droit à un mouvement de sourcils assez mystérieux puis à un petit sourire. Je lui prends la main puis avance vers l'entrée du petit restaurant tout mignon que j'ai choisi pour l'occasion.

- Entre nous, tout est allé un peu vite et je me suis rendu compte qu'il manquait plein d'étapes. Alors nous y voilà !

En réalité, ce n'est pas moi qui m'en suis rendu compte, mais Noah. Il m'a dit qu'il fallait à tout prix que je lui fasse un rencard digne de ce nom parce que Eloïse mérite ce qu'il y a de plus beau.

Nous rentrons dans le restaurant et un serveur vient nous placer. Je demande une table à l'écart pour que l'on puisse être tranquille sans que les autres clients nous dérangent. Nous nous installons et commençons à discuter de tout et de rien. À aucun moment, le sourire de ma belle rouquine ne faibli ce qui me comble de plaisir. J'ai bien fait d'organiser ça parce que ce sourire, plaqué au beau milieu de son visage en vaut la peine.

Nous prenons rapidement commande et discutons un peu durant le repas. C'est vrai que c'est plutôt compliqué de devoir trouver des sujets de conversations étant donné que nous passons nos journées collés l'un à l'autre. Les seules choses qui peuvent animer nos discussions sont notre passé et le mien n'est pas vraiment un sujet pour lequel j'aime parler.

- Tu crois que N va rapidement appeler ?  me demande soudainement ma rouquine nerveusement.

- Je n'en sais rien pourquoi ?

Ce sujet est plutôt sensible et nous n'en parlons qu'en cas de nécessité. Je sais très bien que plus les heures passent, plus elle redoute sa future confrontation avec N et que plus les heures passent, plus son courage faiblit. Même si elle essaie de le cacher, je vois bien qu'elle est morte de peur et qu'elle n'ose pas m'en parler par peur que je réussisse à la persuader de changer d'avis et de laisser Charlotte là-bas. J'aimerais tellement pouvoir la rassurer et lui dire qu'il ne va rien lui arriver parce que notre plan est juste génial, mais si elle apprend les risques que l'on prend à défier N, elle risque de flipper encore plus ou de nous obliger à ne pas agir. Moins elle en sait, mieux c'est. J'espère juste qu'elle ne m'en voudra pas trop de lui avoir caché ça tout ce temps.

- Parce que plus le temps passe sans qu'il appelle, plus Charlotte est encore coincée là-bas et ça m'inquiète de ne pas la savoir en sécurité. Ça fait déjà trois jours Race. Il n'a toujours pas appelé.

Je pose ma main sur la sienne et plonge mon regard dans le sien.

- Tout va bien se passer. Je suis sûr que Charlotte va bien et que N ne va pas tarder à se manifester. Arrête de stresser et profite du moment.

Elle acquiesce et nos plats arrivent rapidement. Nous continuons le repas sans reparler de cette histoire et mangeons dans le calme. Je dois dire que depuis quelques jours, je me sens mieux. J'ai l'impression que le combat que je mène contre le reste du monde depuis que je suis jeune vient juste de cesser enlevant un poids lourd de mes épaules. C'est comme ça que je me sens quand je suis avec Eloïse. Je me sens apaisé et près à me battre pour la protéger.

Je peux clairement le dire, je crois que j'ai des sentiments pour elle et c'est étrange comme sensation. J'ai enfin l'impression d'avoir trouvé ma place, mais en plus, le fait qu'elle ressente la même chose pour moi me prouve en quelque sorte qu'il est possible de m'aimer. J'ai toujours cru que les gens étaient tous des hypocrites qui ne cessaient de te dire qu'ils t'aimaient pour ensuite mieux te détruire. Maintenant que j'ai ma rouquine, je sais que c'est l'être le plus gentil du monde et que jamais de la vie elle me blesserait consciemment. Je n'ai pas besoin de réfléchir pour savoir que si quelqu'un fait un jour du mal à l'autre, ce sera moi.

Après le repas, tandis que Eloïse part aux toilettes, je décide d'aller payer le repas puis de l'attendre dans l'entrée du restaurant en lisant mes messages, mais dix minutes plus tard, je remarque qu'elle n'est toujours pas revenue et je commence à m'inquiéter. Ce n'est pas son genre de faire patienter les gens donc je me mets à m'imaginer tous les scénarios possibles dans ma tête. Surtout que je me rappelle que la menace n'est jamais loin.

Je me redresse automatiquement puis me dirige à grand pas jusqu'aux toilettes. J'ouvre la porte en fracas et découvre Eloïse assise par terre, le téléphone non loin d'elle, en larme. Pris d'un élan de panique, je m'abaisse directement près d'elle pour la prendre dans les bras où elle vient se niquer sans problème.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

En voyant son état, je ne peux pas m'empêcher de me faire des tas de films. Me copine renifle sans aucune classe dans mon coup puis me lâche pour venir me regarder dans les yeux.

- Il. . . il a appelé. J'ai tellement peur Race.

- N t'as appelé ? je demande gravement.

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant