Shadow Lover I

Chapitre 36

Eloïse

Ça y est. . . On y est. . .

Il ne me reste qu'une demi-heure avant de devoir prendre la route pour l'échange. Je suis en pleine angoisse et je tremble de tout mon corps sans réussir à me contrôler. Race est revenu tard la veille alors que j'étais en train de dormir et il a passé la journée d'aujourd'hui à écrire des messages à je-ne-sais-qui sur ton téléphone. Dans la matinée, Ian et Noah sont passés pour venir nous apporter du soutien, mais surtout pour nous apporter un mini GPS qu'ils m'ont demandés de glisser dans mon soutien-gorge. Ils m'ont aussi rappelé quelques consignes de survie, conseillés de garder mon téléphone dans une de mes poches au cas où, puis donnés un mini couteau que je dois glisser dans ma chaussure (sans m'entailler le pied bien sûr). Personnellement, je pense que N aura l'intelligence de me faire les poches avant de m'emmener où que ce soit, mais je garde un petit espoir pour que dans la précipitation, il oublie et que les gars puissent me retrouver.

J'ai l'impression de me retrouver dans un film de James Bond où chaque détail va avoir son importance pour pouvoir me retrouver à la fin. Personnellement, j'espère que le film se finira bien et que je pourrai retrouver mes amis, ma famille puis Race. D'ailleurs, ce matin, j'ai envoyé un message à ma maman pour annuler le dîner que nous avions prévu pendant les vacances et pour lui dire que je l'aime. On ne sait jamais ce qui pourra arriver.

Depuis ce matin, à chaque fois que je croise le regard de Race, celui-ci le détourne sans m'adresser un seul mot. J'avoue que je le prends un peu mal qu'il m'évite autant alors qu'il devrait profiter du temps qu'il nous reste à deux, mais je ne lui en veux pas. Il a peut-être juste peur que je parte ?

Je dois avouer que moi non plus, je ne veux pas partir. Je ne sais d'ailleurs même pas si je vais revenir et c'est ça qui m'inquiète le plus. Que va-t-il se passer une fois que je serai à la place de Charlotte ? Elle, va se faire relâcher tandis que moi. . . qui va m'aider à me libérer ? Je ne vais pas rester toute ma vie entre les mains de ce malade mental. Rien que cette idée me donne la nausée. Quoi qu'il en soit, je dois avoir une discussion avec Race parce que je ne veux pas qu'il souffre plus que nécessaire. Je ne sais pas s'il s'est autant attaché à moi que moi à lui, mais si c'est le cas, je ne veux pas partir en le laissant souffrir derrière moi. Je dois rompre avec lui et je sens que ça va être la pire chose que je vais devoir faire de toute ma vie. Malheureusement, je n'ai pas le choix.

- Race ? je demande en le rejoignant dans la cuisine.

- Mmhh ? dit-il sans relever le nez de son téléphone.

- Il faut qu'on parle. . .

Il redresse subitement la tête du téléphone et vient, pour la première fois de la journée, me regarder dans les yeux. Son visage se ferme soudainement et devient dur.

- Je sais déjà ce que tu vas me dire et il est hors de question !

- Mais. . .

- J'ai dit qu'il en est hors de question. Je te l'ai déjà répété soixante-mille fois, je te retrouverai et on pourra reprendre notre relation où elle en était. En attendant, on ne rompra pas.

Je ne sais pas vraiment comment a t-il fait pour lire dans mes pensées aussi bien, mais il a réussi. Peut-on lire en moi aussi facilement en temps normal, ou c'est juste Race qui me connaît trop bien ?

- Mais Race. . .

- Eloïse, si tu veux me quitter, quitte-moi, mais ne mets pas ça sur le dos de cet échange.

Je dois avouer que je ne sais pas quoi dire. Il est clair que je ferai n'importe quoi pour pouvoir rester avec lui, mais je pensais que le quitter rendrait ma décision d'échange plus supportable. Je ne veux pas qu'une fois là-bas, je regrette d'avoir accepté au lieu d'être restée avec mon copain.

- Très bien, je murmure.

Race quitte sa place sur le plan de travail puis vient me prendre dans ses bras.

- Quoi qu'il se passe ce soir, je voulais que tu saches qu'à aucun moment, je regrette cette relation avec toi. On est certes allé très vite, mais ce que je ressens pour toi me fait vivre chaque jour plus épanoui que jamais. Peu importe quelles décisions débiles je prendrai dans le futur, pardonne moi parce que quoi qu'il se passe, je ferai toujours tout dans ton intérêt parce que je ne veux pas te perdre.

Ce n'est qu'un au revoir. . .

Alors que moi je m'apprêtais à lui faire mes adieux, lui, me fait clairement comprendre que quoi qu'il se passera ce soir, nos routes se recroiseront et nous finirons par nous retrouver. Race est mon ange gardien et je sais qu'il fera toujours son possible pour me protéger, alors il a raison. Nous n'avons pas besoin de nous dire adieu parce que j'ai confiance en lui et je sais que tôt ou tard, il me retrouvera. J'ai une confiance aveugle en lui.

J'ai aussi l'impression que cette dernière phrase cache un message que je ne peux pas comprendre. . .

Je me détache de lui et dépose mes lèvres sur les siennes.

- Il. . .Il va falloir que j'y aille, dis-je en essayant de ne pas pleurer.

Il me prend mon visage en coupe avant de me faire un bisou sur le nez.

- Tu veux que je t'accompagne au moins jusqu'à là-bas ? me demande-t-il inquiet.

- Je ne préfère pas. Si jamais il te voit, il risque de faire du mal à Charlotte et je ne me le pardonnerai jamais.

Cette fois-ci, son visage devient sérieux et il plonge son regard dans le mien à la recherche de toute trace de doute dans mon regard.

- Je te poserai la question qu'une dernière fois alors réponds moi bien parce qu'après, il sera trop tard. Est-ce que tu es sûre que c'est ce que tu veux ?

Ce que je veux ? Non ! Ce que je dois faire ? Oui !

Je hoche la tête puis le prends dans mes bras une dernière fois avant de m'éloigner. J'attrape mon sac à main, mets mon téléphone dans ma poche, le GPS dans mon soutien-gorge puis le couteau dans ma chaussure en essayant de ne pas me couper.

Dans un dernier regard, je sors de l'appartement avant que ça ne devienne trop compliqué de le quitter. Je suis totalement flippé, mais je dois le faire. J'ai plus qu'à espérer que tout se passe bien et que Race finisse par me retrouver.