Chapitre 18

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Eloïse

Deux jours...

Ça fait deux jours que j'ai répondu à ma mère que je viendrai au dîner avec mon "petit ami" et je me retrouve avec mes deux parents qui me harcèlent jour et nuit.

En même temps, il faut les comprendre, ce n'est pas mon genre de sortir avec quelqu'un. Je suis plutôt le genre de fille à prioriser les études aux garçons. D'ailleurs, je crois que je ne suis jamais vraiment sortie avec quelqu'un. C'est une première pour eux et je m'en veux de leur mentir. Race n'est rien de ce qu'il se rapproche d'un copain. Mais comment dire à mes parents que j'ai besoin d'un garde du corps parce que je suis la cible première d'un psychopathe ?

D'un côté, je trouve cette histoire de couple affreusement gênante, mais d'un autre côté, c'est un mal nécessaire. Je ne peux pas inquiéter mes parents de la sorte.

Bref, comme nous ne savions pas vraiment quoi faire ce soir, Race et moi avons décidé d'aller faire un bowling (enfin, disons plutôt que je l'ai harcelé pour qu'on aille en faire un et qu'il a fini par accepter à condition que je ferme ma gueule). Bien évidemment, il est en train de gagner et je suis en train de me faire laminer. Mais bon, comme on dit, le plus important est de participer.

- Tu sais que le but du jeu est de viser les quilles. Pas la gouttière, dit-il mort de rire.

Oubliant toutes mes bonnes manières, je lui tends mon majeur en guise de réponse, ce qui fait redoubler son éclat de rire. C'est fou, mais j'ai beau faire genre du contraire, le voir rire me donne des papillons dans le ventre. C'est de loin le plus beau son que la terre n'ai jamais entendu.

- Mais arrête de m'embêter et viens me montrer ta technique.

C'est étrange de pouvoir rigoler avec lui comme ça. Avant, c'était à peine s'il me parlait ou s'il me calculait. Maintenant, il rigole, m'embête, me taquine et fait attention au moindre de mes faits et gestes.

J'attrape ma boule (bien sûr avec ma force de mouche, je prends la plus légère) et me dirige vers la piste suivie de mon garde du corps, puis me place dans le bon angle pour pouvoir tirer.

- Au lieu de viser comme ça, tire comme ça, dit-il en me montrant l'exemple à suivre.

Je prends place comme il me l'a montré puis prends une grande inspiration avant de tirer. Cette fois, la boule ne tombe pas directement dans la gouttière et va même faire tomber trois quilles sur son passage. Je saute de joie et m'invente une petite danse de la victoire face à un Race mort de rire. Il peut juger autant qu'il veut, je vais finir par comprendre le truc et gagner. Et puis, ça ne se voit pas comme ça, mais le bowling, c'est extrêmement compliqué.

- C'est déjà mieux que rien, dit-il d'un air hautain qui ne lui va pas.

Je lui donne une tape sur le torse puis me dirige vers l'écran qui indique les points. Race est en tête avec un score de cent-trente, puis moi, je suis bien plus loin avec un score de treize. C'était sûr que j'allais perdre. Je finis mon verre puis attrape ma veste en jean d'un geste faussement rageur avant de me tourner vers Race toujours aussi mort de rire. Qu'est-ce qu'il est beau lorsqu'il ne fait pas la gueule.

- Bon, c'est bon, on a compris. Tu as gagné et j'ai perdu. Pas besoin d'en faire tout un plat.

Mon garde du corps vient attraper sa veste et passe un bras autour de mes épaules pour me conduire vers la sortie de la salle.

- Je n'ai pas juste gagné, je t'ai explosé, rit-il.

Je fais une moue de bébé et me laisse emmener jusqu'à sa moto. Une fois devant, il s'installe et m'aide à m'installer (d'ailleurs, j'ai fait des progrès depuis la première fois), puis une fois que je suis bien accrochée, il démarre en trombe m'obligeant à m'accrocher à lui de toutes mes forces.

C'est drôle, mais avant, sa présence m'était déstabilisante, mais maintenant, j'ai l'impression qu'il s'est rajouté dans ma routine. D'ailleurs, je peux même dire qu'il a changé ma routine. Avant, je ne serai jamais sortie faire un bowling à vingt-deux heures avec qui que ce soit.
C'est étrange, mais j'aime bien.

Une fois de retour à l'appartement, ayant encore faim, Race se sert des restes du repas de ce soir tandis que je file à la salle de bain prendre une douche et me mettre en pyjama. Je prends mon téléphone et mets une petite musique d'ambiance avant de filer sous les jets d'eau.

Je ressors de la salle de bain une demi-heure plus tard toute propre en me sentant à peu près bien à l'intérieur de moi. Race est assis sur le lit et pianote je-ne-sais-quoi sur son téléphone. Lorsqu'il se rend compte de la présence, il pose son téléphone et se lève du lit pour partir en direction de la salle de bain non sans me frôler au passage provoquant en moi des milliers de frissons. Je suis certaine qu'il l'a fait exprès.

Pendant que monsieur prend sa douche, je me dirige vers le lit et me place sous les draps en allant dans la galerie photo de mon téléphone. Je tombe directement sur des photos de Charlotte et moi et un pincement un coeur me vient. Ma meilleure amie me manque et j'adorerai qu'elle soit là en ce moment. Je tombe sur l'un des clichés que nous avons fait quelques semaines avant sa disparition. Nous avions essayé de faire un gâteau, mais ça avait fini en bataille de farine. Je pense que je n'avais jamais autant rigolé de ma vie.

Lorsque Race sort de la salle de bain, il me rejoint de son côté de lit puis jette un oeil à mon téléphone. Il ne fait aucun commentaire sur mon petit moment de nostalgie puis éteint la lumière de son côté. Je ferme mon portable et éteins la mienne avant de me tourner vers lui.

- J'ai passé une bonne soirée. Merci Race.

- Moi aussi, j'ai passé une bonne soirée. Merci la rouquine.

Je souris puis me tourne de l'autre côté en lui tournant le dos. J'adore le petit surnom qu'il m'a donné. Certes, je le porte depuis que je suis toute petite, mais sorti de la bouche de Race, il paraît beaucoup moins moqueur et plus affectueux. J'aime beaucoup. Je suis certaine que même quand il parle dans sa tête, il m'appelle aussi la rouquine. Cette pensée me fait sourire.

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant