Chapitre 44 { partie 2 }

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Eloïse

Il ne me reste qu'une demi-heure avant la fin de mon cours alors je m'oblige à me concentrer sur les paroles du professeur qui passe dans nos rangs pour nous distribuer des feuilles. Notre sujet principal du moment est de savoir analyser des passages de livres. Je ne vois pas vraiment ce que ça a à voir avec le journalisme, mais ce prof est réputé donc je ne remets pas son apprentissage en question.

- Très bien, alors je vous fais passer un passage du livre "Beaux Rivages" de Nina Bouraoui. Pour notre prochain cours, j'aimerais que vous m'analysiez ce texte et que vous m'en parlez avec vos vécus et vos points de vue.

La bonne nouvelle, c'est que ces devoirs vont m'occuper quelques heures donc pendant ce temps-là, je suis certaine que je ne m'ennuierai pas parce qu'on ne va pas se mentir, il n'y a rien à faire chez Noah étant donné qu'habituellement, il est tout le temps en vadrouille.

Lorsque le professeur me tend la feuille, je la prends en murmurant un léger "merci", puis me mets à la lire. Lorsque mes yeux passent en revue chaque mot de chaque phrase de cet extrait, je comprends rapidement que ce devoir ne va au final pas être une partie de plaisir.

"Il m'arrivait d'y penser, l'amour est imprévisible. Il survient quand on ne l'espère plus, disparaît alors qu'on le jugeai acquit. Il est sans prise et sans durée, sinon celle que l'on veut bien lui prêter. Il est cruel. Il est souvent question de sacrifice. Je ne crois pas que l'on puisse mourir d'amour, mais sa perte nous éteint et nous devenons sans lui des pierres sèche, grises."

Un livre d'amour ! Sur des tonnes de propositions possibles, il a fallu que ça tombe sur un livre qui parle non seulement d'amour, mais principalement de rupture. Il faut croire que l'univers s'est mis en tête de me rappeler ma peine à longueur de temps. Durant la dernière demi-heure, cette phrase ne cesse de passer en boucle dans ma tête, "Je ne crois pas que l'on puisse mourir d'amour, mais sa perte nous éteint et nous devenons sans lui des pierres sèche, grises". Cette phrase reflète parfaitement ce qu'est devenue ma vie depuis deux mois. Il n'y a rien d'autre à dire. Je suis devenue une pierre sèches dénuée du moindre sentiment autre que la tristesse. Je fais tellement pitié. Comment j'ai pu tomber si bas ?

Une fois le cours fini, je sors dans les premières de l'amphi sans même attendre Baptiste, puis pars à grande vitesse sur le parking. Je n'ai ni envie de parler avec lui, ni l'envie de l'écouter blablater encore une fois sur Race. Tout ce dont j'ai actuellement envie est de rentrer chez Noah (parce que je ne peux même pas mettre un pied dans mon appartement), prendre une douche et aller me coucher.

Malheureusement pour moi, alors que je m'attendais à trouver la moto de Noah ou de Ian devant l'entrée de mon bâtiment, je ne trouve rien ni personne. Je me dis alors que Ian a dû sortir légèrement en retard du salon de touage et qu'il ne va pas tarder à arriver, mais dix minutes plus tard, je n'ai toujours aucune trace de lui dans les parages. J'attrape alors mon téléphone pour l'appeler, mais je remarque que j'ai un message de Noah.

"Retrouve-moi devant l'église, c'est urgent"

C'est étrange, je ne vois pas ce qu'irait faire Noah devant dans une église. Ce n'est peut-être pas un méchant garçon, mais ce n'est pas un enfant de coeur alors il n'est certainement pas allé prier. Je ne me pose pas plus de question et prends la route jusqu'à la fameuse église qui se trouve à un peu plus de dix minutes de mon bâtiment.

Sur la route, je ne suis pas très rassurée de marcher seule dans la rue alors qu'il fait noir et je le suis encore moins lorsque j'arrive devant l'église et qu'il n'y a aucune trace de Noah. Il n'y a aucun signe de vie que ce soit dans l'église ou dans la rue alors je ne suis pas vraiment sereine. Après tout ce qu'il se passe en ce moment dans ma vie, il m'est parfaitement logique de stresser face à cette situation. En plus, on ne va pas se mentir, il fait froid et j'ai eu la bonne idée de partir de l'appartement sans ma veste.

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant