Shadow Lover I

Chapitre 44 { partie 1 }

~ deux mois plus tard ~
Eloïse

Je sors de la salle de bain encore tout endormie. Quand je pense que de base, je suis plutôt matinale comme fille. Visiblement, ce n'est plus le cas depuis quelque temps. Me lever tôt le matin pour aller en cours est vraiment devenu une horreur. Heureusement que l'année scolaire touche bientôt à sa fin.

Depuis la première menace de N, je me suis efforcée de ne louper le moins de cours possible histoire que ma vie ne foire pas partout, mais maintenant ça a changé. Tout est devenu une corvée pour moi. J'ai juste envie de passer une journée seule, sans Noah ni Ian pour me surveiller et de pouvoir passer la journée à déprimer sur ma misérable vie.

D'ailleurs, en parlant de Noah, celui-ci est sorti de l'hôpital une semaine après son admission et il va désormais beaucoup mieux. Maintenant, j'alterne entre chez lui et chez Ian, mais j'essaie quand même de faire en sorte de laisser un peu d'intimité à lui et Ava en restant chez Noah. Ce dernier veille sur moi comme jamais. Il me suit comme mon ombre et j'ai l'impression de manquer d'air tellement il me colle. Je suis une fille qui a besoin de liberté alors le fait que mon ami me suive partout où je vais, fait attention au moindre de mes changements d'humeurs et est constamment sur mon dos pour me dire de faire attention. J'en viens même à des fois regretter la cohabitation avec Race.

Je ne l'ai pas revu depuis la fameuse nuit où tout a basculé. Je ne vais plus au Smoky et ne fais rien qui puisse me faire croiser sa route. Pendant quelques semaines, j'ai eu le droit à des tonnes de messages d'excuses et d'appels auxquels je ne répondais pas, mais tout ça s'est vite calmé. Il est peut-être passé à autre chose. . .

Pour ma part, il est difficile de le chasser complètement de mes pensées. La nuit, je cherche toujours la chaleur de ses bras et le jour, je ne cesse de repasser nos moments ensemble dans ma tête.

La douleur est moins présente, mais est toujours là. À me rappeler ce que j'ai perdu et ce dont j'ai besoin. Parce que nous n'allons pas nous le cacher, c'est de Race dont j'ai besoin. Il a réussi aussi bien à me détruire qu'à me montrer ce que c'est que l'amour. Avec le recul, je me suis rendu compte que je n'avais pas de sentiments pour lui. . . J'étais amoureuse et j'ai beau essayé de la cacher, je ne suis pas passée à autre chose. Il me manque tellement, mais je me dis que ce manque et cette douleur sourde finiront par s'atténuer jusqu'à s'éteindre avec le temps et à ce moment-là j'irai mieux. Je pourrai enfin fermer les yeux sans revoir les trais de son visage. Je pourrai enfin passer à autre chose.

Je sais que ça serait beaucoup plus facile de retourner dans ses bras, mais je ne veux plus souffrir. Il avait raison, nous deux, c'est impossible tout simplement car nous ne venons pas du même monde et que je suis trop fragile pour être avec quelqu'un d'aussi brute que Race. D'ailleurs, les gars s'efforcent de ne pas me donner de nouvelles de lui et tant mieux. Une fois Ava m'a confié que Ian s'inquiétait pour son ami parce qu'il s'était totalement renfermé sur lui-même et qu'il partait en vrille et c'est la dernière fois que quelqu'un a prononcé son nom en ma présence. Malgré tout, j'ai quand même remercié les gars de m'avoir rendu Charlotte cette fameuse nuit.

En parlant de ma meilleure amie. . . Nous nous parlons très souvent par message ou par téléphone, mais c'est très compliqué de pouvoir se voir. D'après ce que j'ai compris, Richard l'a emmené se mettre à l'abri pour qu'elle ne se fasse pas de nouveau attraper. Parce que N me veut peut-être vivante, mais la menace de mort qui plane sur la tête de Charlotte n'est pas très rassurante. Le boss et elle seraient partis dans l'une des villes voisines et il aurait laissé la gestion du bar et des autres motards à Race et Ian. Je ne sais pas vraiment à quoi résume la "gestion" du bar (certainement pour quelque chose d'illégale).

Je me sens seules plus que jamais, mais à vrai dire ça ne me dérange pas. Avec Noah et Ian sur mon dos toute la journée, je pense que je pourrai tomber plus bas, mais d'une certaine manière, je n'en peux plus. Je n'ai plus l'impression de vivre depuis cette fameuse nuit. Même si de l'extérieur, je me montre sous un aspect normal, à l'intérieur, c'est une tout autre chose. J'ai comme l'impression d'être anesthésiée contre tous les sentiments autres que la douleur. Je n'arrive plus à sourire sans me forcer, à rire naturellement. . . Je n'arrive même plus à pleurer. J'ai l'impression de ne plus pouvoir vivre normalement. Je suis devenu un robot.

C'est comme si ce vide que je ressens avait pris place le jour où Race a quitté ma vie. Je n'arrive même plus à me sentir trahie et tout ce que me rappelle constamment mon corps est qu'une seule personne pourra combler ce vide et je l'ai dégagé de ma vie. Putain, mais qu'est-ce qu'il me manque !

~ ~ ~

- Bon alors, Je viens d'avoir Ian au téléphone il ne sait pas quand il sortira de chez le tatoueur alors je t'enverrai un message pour te dire qui viendra te chercher après tes cours, m'annonce Noah quand j'entre dans la cuisine pour me faire du thé.

Je lui fais un bisou sur la joue puis bois ma tasse en quelques gorgées. La sensation de brûlure à travers ma gorge me rappelle que je suis vivante et non pas un zombie qui ne ressent plus rien.

Mes cours de ce matin ont été décalés à ce soir donc je devrais finir vers vingt heures. Quelle torture !

Non seulement, je peine à avoir la moindre motivation à y aller, mais en plus, ils nous font finir à des heures pas possibles. À croire que nous n'avons pas de vie en dehors de la fac. Bon, je dois avouer que je n'ai rien d'autre à faire, mais ça me fait quand même chier d'y aller. Surtout que je serai avec Baptiste et que depuis que je ne suis plus avec Race, j'ai le droit à entendre toutes sortes de phrases comme quoi ce gars n'était pas bien pour moi et que c'était prévu d'avance qu'il me fasse souffrir. Mon "ami" ne connaît en rien mon histoire ni même ce qu'il s'est passé et il se permet d'ouvrir encore une fois sa bouche. Je ne sais pas ce qui me retient de l'envoyer balader. Peut-être que c'est parce que Charlotte l'aime bien.

Je regarde l'heure sur mon téléphone et vois qu'il va falloir que l'on prenne la route si je ne veux pas arriver en retard. J'attrape mon sac à main puis enfile mes converses avant de sortir de l'appartement suivi par Noah. Nous descendons puis arrivons sur le parking où nous montons sur sa moto. À chaque fois que je monte sur cette bécane, je peine à ne pas me rappeler à quel point je me sentais bien lorsque je m'accrochais à Race tout en sentant le vent souffler dans mes cheveux. Je me sentais libre et bien.