Chapitre 48

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Eloïse

Combien de temps que je suis ici ? Je ne saurai le dire.

Le temps passe à une vitesse extrêmement lente et passant ma journée dans le noir, je n'arrive même pas à savoir quel jour on est, ni même l'heure qu'il est. J'ai l'impression d'être en enfer tellement c'est horrible. Neels voulait me torturer et il a réussi. Rester ici, dans le noir, attachée à une chaise est de loin la pire des tortures. J'ai l'impression de perdre la tête.

La seule chose qui me permet de calculer à peu près le temps que je passe dans cet endroit de malheur sont les balades pour aller faire pipi. Je ne suis pas sûre, mais je pense qu'une fois par jour, un homme de main de N me libère de mes chaînes et m'emmène au bout du couloir où se trouvent des toilettes en piteux état. Bien sûr, je ne râle pas. C'est mieux que de me pisser dessus et en plus, ça me laisse me dégourdir les jambes. Parce que laissez moi vous dire que passer vos journées assis sur une chaise, les bras dans le dos et les pieds attachés est une horreur. Je promets que si un jour je réussis à sortir, je ne râlerai plus jamais parce que mon canapé n'est pas confortable.

"Si un jour je sors ", c'est drôle de dire ça alors que je commence de plus en plus à perdre l'espoir d'une future liberté. Neels passe régulièrement me voir, mais il n'a pas l'air de vouloir me lâcher et je ne pense plus que Race me retrouvera. S'il pouvait me retrouver, il l'aurait déjà fait.

Ou sinon on en parle de mes journées ici ? J'ai le droit à un repas par jour contenant le strict minimum pour me maintenir en vie, des pauses toilettes, quelques visites de la part de monsieur le psychopathe, ainsi que deux verres d'eau à l'heure du repas. Le reste du temps ? Et bien, je suis seule dans le noir, le cul sur cette maudite chaise.

Du coup, pour m'occuper l'esprit, je repasse en boucle des périodes de ma vie plutôt joyeuses, des musiques que je connais par coeur, mes moments avec Race et il m'arrive aussi de compter dans ma tête. Je pense que je suis vraiment en train de perdre la boule. La seule chose qui réussit à me faire garder ne serait-ce qu'un minimum d'espoir est Race. Il est le principal sujet de mes pensées dernièrement et il faut dire que penser à lui m'aide. Je ne cesse de me poser des questions à son égard.

Que fait-il en ce moment ?

Me cherche-t-il ?

Pense-t-il à moi ?

M'a-t-il déjà oublié ?

Est-il passé à autre chose ?

Je ne peux pas me le cacher, il me manque, c'est indéniable. Maintenant que je suis enfermée et dans l'incapacité de m'occuper l'esprit, je comprends ce que c'est d'aimer quelqu'un au point de vouloir lui pardonner ses erreurs tellement vous avez besoin de lui à vos côtés. Je ne cesse de me jurer que si un jour, je réussis à sortir d'ici, je ferai tout mon possible pour me racheter auprès de lui. J'espère juste qu'il ne m'aura pas oublié d'ici là.

Je n'aurai jamais dû le quitter aussi précipitamment. Il m'avait pourtant juré de me protéger et c'est exactement ce qu'il a fait. Il m'a protégé aussi longtemps que je l'ai laissé faire de Neels et m'a empêché ce soir-là de me prendre une balle parce que je comptais faire quelque chose de totalement suicidaire. Maintenant, je le comprends. Je m'en veux d'avoir tout gâché et de nous avoir fait souffrir inutilement.

J'aime Race et il me manque plus que tout. Il est mon ancre dans ce moment si compliqué mentalement. Il est ma lueur d'espoir dans cette cave sombre. Je ferai n'importe quoi pour me retrouver de nouveau dans ses bras.

D'après ce que j'ai compris des plans de N, il veut m'affaiblir en me laissant croupir ici pour ensuite me faire vivre une réelle torture physique. J'avoue que je ne vois pas vraiment ce qu'il y a de pire que de rester ici étant donné que mon mental en prend un sacré coup.

Des fois, dans le noir, j'ai l'impression que les murs se rapprochent et je me mets à faire des crises de paniques. Depuis que je suis arrivée ici, il n'y en a que trois que je n'ai pas réussis à calmer et à ce moment, j'ai réellement cru que j'allais mourir. Plus que jamais je dois paraître faible, mais croyez moi, je pense que n'importe qui à ma place perdrait la boule.

J'ai envie de pleurer rien qu'à penser à ce que je vis. C'est beaucoup trop compliqué et je n'ai qu'une seule envie, sortir d'ici. Je ne suis pas sûre de pouvoir tenir plus longtemps dans cet endroit de malheur. Il faut qu'on me fasse sortir dans les prochains jours à venir.

Je sais que c'est ridicule, mais de temps en temps je prie. Je ne suis pas croyante de base, mais depuis que je suis ici, je prie. Je prie pour que je puisse sortir et qu'on me laisse vivre ma vie une bonne fois pour toutes. Je devrais n'être qu'une étudiante en journalisme dont la seule préoccupation est ses notes, mais moi, ma vie est partie en vrille dès la première menace.

Tout c'est enchaîné depuis.

Les menaces. . .

La disparition de Charlotte. . .

Les motards. . .

Race. . .

Mon enlèvement. . .

Ma vie est devenue un enfer, et même si je sors d'ici, je ne suis même pas sûre de pouvoir redevenir un jour cette fille insouciante et timide qui ne se mêlait pas des affaires des autres et qui ne se retrouvais pas dans les galères. Cette fille-là est morte et à laisser place à une nouvelle moi. . . Une fille totalement paumée qui a quitté la personne qu'elle aimait sans même comprendre ses raisons et qui est devenu instable émotionnellement parlant depuis qu'elle s'est faite enlevée pour se retrouver enfermée dans une cave dans le noir.

Bordel de merde ! Pourquoi ça m'arrive à moi ?

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant