Chapitre 34

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Eloïse

Lorsque nous finissons notre délicieux repas, Race m'annonce qu'il part payer, et même si je négocie pour au moins payer ma part, monsieur est tellement borné que je fini par céder. Du coup, en attendant, je décide d'aller aux toilettes. Je le laisse à la caisse puis pars dans le coin un peu plus éloigné du restaurant où se trouvent les toilettes pour femmes.

Une fois finis, je me dirige vers le lavabo pour me laver les mains, mais la sonnerie de mon téléphone retenti dans mon sac m'interrompant dans mon geste. Je dois tout retourner pour pouvoir retrouver mon appareil et une fois en main, une sueur froide coule dans mon dos lorsque je lis Appel Inconnu sur l'écran. Pas besoin de m'en dire plus, je sais déjà qui peut bien m'appeler. C'est le coup de fil que j'appréhende autant que j'attends depuis des jours. Est-ce un crime d'avoir peur de laisser sa peau pour sauver sa meilleure amie ? Bien sûr, je vais quand même faire cet échange puisqu'il est totalement hors de question que je me défile. Je dis juste que je suis morte de peur.

Je prends mon courage à deux mains puis décroche les mains tremblantes.

- Allô ?

Alors que je m'attendais à entendre la voix d'un homme, c'est une voix robotisée qui me répond, me foutant encore plus les jetons. Je pense que je suis à deux doigts de la crise d'angoisse.

- Eloïse. . . ma belle Eloïse. Quel plaisir de t'entendre.

Son intonation émoustillée me donne envie de vomir ou de me barrer en courant. Malgré tout, je dois rester en appel et attendre qu'il me donne ses foutues instructions.

- Qu'est-ce que vous voulez ? je demande en essayant d'avoir l'air sereine (ce qui est loin d'être le cas).

Un rire résonne à travers le téléphone et j'entends des portes se fermer avant qu'une autre ne s'ouvre.

- Ce que je veux ? Tu vois ma belle, c'est toi que je veux.

- Alors pourquoi avoir enlevé Charlotte si c'est moi que vous voulez ?

J'entends des bruits provenir de derrière lui, mais les sons ne sont pas assez nets pour que je puisse savoir d'où ça provient.

- En parlant de Charlotte, ça te dérange si je te mets sur haut-parleur, je suis certain de ta copine meurt d'envie de t'entendre.

Je sens soudainement mon coeur lâcher à l'entente de cette phrase. Charlotte est belle et bien là, à quelques mètres de lui à m'entendre. Ma meilleure amie est belle et bien en vie.

N semble se déplacer avec le téléphone puisque d'un coup, j'entends beaucoup mieux les petits bruits de tout à l'heure qui semblent être les gémissements de Charlotte. Les larmes commencent à tomber les longs de mes joues face à mon impuissance pour la sauver. Je ne sais pas si je suis heureuse de la savoir en vie après tout ce temps ou triste de savoir qu'elle vit cet enfer depuis des semaines.

- Cha. . . Charlotte ? Tu m'entends ? je réussis à dire entre deux reniflements.

- À vrai dire oui elle t'entend, mais ne lui en veux pas si elle ne te répond pas, m'annonce la voix rieuse robotisée.

À travers le téléphone, j'arrive à entendre les gémissements de ma meilleure amie et j'ai l'impression qu'elle a quelque chose dans la bouche qui l'empêche de parler. Ne me dites pas que cet enfoiré l'a bâillonné !

- Mais qu'est-ce que vous nous voulez à la fin ? dis-je en pleure.

- Ce que je veux c'est toi, je te l'ai déjà dit. Je pense que ton copain t'a prévenu du deal que nous avons convenu.

Voilà, on y est. Ce psychopathe va enfin me dire ce que je dois faire pour sauver Charlotte.

- Un échange. . . je murmure.

- En effet, nous allons faire un échange. Toi contre elle. Ça te va ma jolie ?

Comme si j'avais le choix. Comme si depuis le début, j'étais maître de la situation.

- Ai-je vraiment le choix ? je demande soucieuse.

- À vrai dire, pas vraiment. Si tu ne viens pas de ton plein gré, alors c'est moi qui viendrai à toi et crois moi, ce n'est pas une bonne idée de me faire attendre. Je t'offre l'opportunité de laisser la copine en dehors de ça et de la laisser s'en aller. Maintenant, cette offre est à prendre ou à laisser.

Derrière lui, les gémissements de Charlotte redoublent comme si elle voulait me faire passer un message. Le message de ne pas accepter. Je connais ma meilleure amie par coeur et je sais pertinemment qu'elle ne veut en aucun cas que je me mette en danger pour elle. Malheureusement, je suis comme elle et je ne la laisserai pas souffrir alors que je peux faire quelque chose pour lui venir en aide.

- J'accepte !

Je l'entends se marrer derrière le téléphone et ça me donne aussitôt des envies de meurtres. Comment un homme peut autant se réjouir de la détresse de deux filles comme nous ? Nous n'avons jamais rien fait pour mériter un tel acharnement. . .

- Très bien, alors rendez-vous demain soir sur le pont qui se trouve près du port. Et sois à l'heure et seule. Si un seul de tes motards se pointent, je colle une balle dans le front de ton amie.

Je pousse un cri d'effroi face à la violence dont il fait preuve dans ses mots et rien qu'à imaginer ce salopard tuer Charlotte.

Je prends note dans ma tête et alors que j'allais ajouter quelque chose, N me devance.

- Hâte de t'avoir pour moi tout seul ma belle, dit-il avant de raccrocher.

Je repasse dans ma tête notre appel et fini par m'effondrer au sol en pleure. Dans quel merdier je me suis encore fourré ? Pourquoi il a fallu que ce psychopathe s'acharne de la sorte sur nous ? On n'aurait pas pu rester des étudiantes normales pour qui les seules priorités sont de réussir leurs études. Pourquoi il faut que tout soit toujours compliqué ? Je viens à peine de m'avouer mes sentiments pour Race qu'il faut déjà que je me sépare de lui pour aller me jeter dans la gueule du loup.

Alors que je me vide de mes larmes, la porte des toilettes s'ouvre en fracas pour laisser apparaître un Race totalement paniqué. Se rendant certainement compte de ma détresse émotionnelle, il se précipite vers moi et me prend dans ses bras. Je ne le rejette pas et au contraire, je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? me demande-t-il complètement paniqué.

Je respire une dernière fois l'odeur rassurante de son coup avant de venir le regarder dans les yeux.

- Il. . . il a appelé. J'ai tellement peur Race.

- N a appelé ? demande-t-il gravement.

Je hoche la tête puis replonge dans la chaleur de ses bras où je me sens en sécurité.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ? dit-il dans mon oreille.

- Il. . . Il veut que l'échange ait lieu demain sur le pont près du port. Il veut que je sois seule où il tuera Charlotte. Je. . . Je ne sais pas si j'arriverai à le faire sans toi Race.

Mes larmes continuent de couler dans son cou et son étreinte se resserre autour de moi comme s'il avait soudainement peur de me perdre. Ces derniers jours, je me suis tellement attaché à Race que je ne sais même pas comment je vais faire pour réussir à le quitter pour rejoindre ce psychopathe.

- Chut. . . Ça va aller ma belle, me rassure-t-il totalement crispé.

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant