Chapitre 14

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Eloïse

Je me réveille le cerveau encore tout endormi. Nous sommes vendredi, et la veille a été un vrai désastre. J'ai passé toute la journée dans un état second. Impossible de penser à autre chose qu'à cette photographie. Je voudrais que cette histoire prenne fin le plus vite possible que je puisse enfin reprendre ma vie d'avant et retrouver Charlotte. Hier, tout est parti beaucoup trop loin. J'étais loin de me douter que N serait assez culotté pour venir me rendre visite pendant mon sommeil.

Je savais que cette personne n'avait pas peur et qu'elle tenait vraiment à nous faire peur, mais depuis qu'il a enlevé Charlotte, j'ai vite compris qu'il était capable de tout et que nous avons eu tort de le sous-estimer.

Si seulement j'avais compris dès le départ de quoi il est capable. Charlotte serait peut-être encore là. . .


Je me lève du lit en essayant de ne pas réveiller Race qui dort de son côté du matelas, puis me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche. La veille, Race avait dû me forcer à manger, mais mon estomac était bien trop noué pour pouvoir avaler quoi que ce soit. Après une demi-heure de négociations intensives j'ai fini par céder et ai mangé une part de pizza qu'il m'avait quand même commandé.

Au final, la soirée s'est passée dans le silence le plus complet et nous avons regardé un début de film avant d'aller nous coucher sans aucun mot sur ce qu'il s'était passé dans la matinée. Il faut dire aussi que j'ai eu du mal à dormir sur mes deux oreilles cette nuit. Même si la présence de Race à mes côtés était rassurante, à chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais sa main contre ma joue et mon visage endormi, loin de se douter de ce qu'il se passait en dehors de mon sommeil. Je ne voulais plus baisser ma garde.

Dans la salle de bain, je remarque que les tiroirs sont quasiment vides. Seuls des rasoirs, une brosse à dents et quelques autres objets sont posés sur un petit meuble, mais elle semble presque vide. Rien n'indique non plus qu'une fille soit déjà venu ici.

Je pose ma trousse de toilette que j'avais rapidement préparée la veille au matin, puis me déshabille avant d'entrer dans la douche. Je ne laisse même pas le temps à l'eau chaude de venir que je me jette déjà sous les jets à la recherche de leur sensations réconfortante et apaisante. Je suis encore plus sous les nerfs que d'habitude et si je n'essaie pas de me détendre un minimum, je risque d'exploser à tout moment.

Une fois sortie de la salle de bain, je suis presque toujours autant sur les nerfs, mais cette fois-ci, Race est réveillé et je ne veux pas qu'il se rende compte de mon état de panique. Secrètement, je l'admire. Cet homme en a rien à foutre de ce que les gens pensent de lui ou de ce qui peut lui arriver. Il fonce dans le tas sans se soucier des conséquences et n'a peur de rien (en tout cas, c'est ce qu'il laisse paraître).

- Bonjour, dis-je doucement.

- Salut.

Je le laisse sur son téléphone puis m'avance vers la cuisine avant d'ouvrir le frigo. Dedans, je suis étonnée de ne trouver que nos restes de pizzas d'hier ainsi que des bouteilles de bières. Je pense que j'ai sous-estimé le peu de temps que passait Race dans cet appartement. Je me rappelle alors qu'hier, il m'avait annoncé que nous irions faire les courses aujourd'hui après mes cours donc je me dis que je n'ai que. . .

BORDEL, MES COURS !

Je me mets alors à courir telle une dégénérée de la cuisine au salon à la recherche de mon téléphone. Dès que je l'allume, je regarde l'heure qui indique que d'ici une demi-heure, il sera midi et que j'ai donc loupé une matinée de cours. Je remarque aussi que j'ai reçue une trentaine de messages et d'appels de la part de Baptiste me demandant pourquoi je n'étais pas venu en cours. Ses messages dévient peu à peu sur Race et il commence alors à faire des suppositions comme quoi il m'avait forcément fait quelque chose de mal. Je ne sais pas si je dois me trouver agacée ou bien rigoler de son comportement, mais je finis par lui envoyer un message lui disant que tout va bien et que ça ne sert à rien d'appeler la police.

Je lève les yeux de mon téléphone et tombe sur Race qui me regarde bizarrement. Je lui explique alors et pour seule réponse, il lève les yeux au ciel. Je suis un peu dégoûtée d'avoir loupé mes cours de ce matin. Je ne veux pas qu'à cause de ce qu'il se passe avec ce psychopathe, je loupe mon année.

Une notification apparaît sur mon téléphone m'indiquant un nouveau message, et automatiquement, je me crispe. C'est seulement lorsque je découvre que ce n'est pas un message de N, mais juste la réponse de Baptiste que je recommence à respirer normalement.

- C'était quoi ça ? me dit alors Race face à mon petit coup de pression.

- Rien, je. . . ça va.

Mon mensonge doit se sentir à deux kilomètres, mais je prie intérieurement pour que Race ne fasse aucune remarque. Malheureusement pour moi, ce dernier a décidé de me forcer à tout lui avouer.

- À d'autres ouais. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- J'en peux plus, je suis tellement sous pression que j'ai l'impression que je risque d'exploser à tout moment, dis-je en me prenant la tête entre les bras.

- C'est justement ce qu'il faut que tu fasses.

Je relève la tête sans vraiment comprendre ce qu'il dit. Il avait fini par poser son téléphone sur le lit et me regardait attentivement.

- De quoi ?

- Exploser. Ce n'est pas en gardant tout en toi que tu vas aller mieux. Il faut que tu lâches prise.

Je le regarde, comprenant le sens de ses paroles. Le problème et que je ne sais pas faire ça. D'habitude, je garde tout à l'intérieur et je ne laisse rien ressortir. Mais là, c'est une toute autre chose. Ce que je vis en ce moment est juste insupportable et je ne peux pas continuer à agir comme si ça ne m'éteignait pas.

- Va prendre une tenue de sport, je vais te montrer quelque chose, dit-il en se levant.

Shadow Lover IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant