Chapitre 37º

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 ...Dis-moi tout.

      Soudain, il n’avait plus besoin d’encouragement. Il ne pouvait plus retenir les mots Même si je viens d’une grande famille, j’ai grandi sans connaître mes frères ni ma sœur. Mon père a mis ma mère à la porte à cause de son comportement ; par conséquent, nous sommes restés à l’écart du reste du clan Parker pendant des années.

      — À cause de son comportement ?

      — Ma mère aimait les hommes. Elle les aimait beaucoup. Elle aimait même les hommes plus qu’elle ne m’aimait moi.

      — Oh ! Ben, c’est…

      Il leva une main pour l’interrompre.

      — Après son divorce, elle n’a pas cherché un nouveau mari. Elle n’en avait pas besoin, le juge lui avait offert une importante compensation financière. Ce dont elle avait envie à ce moment-là, c’était de profiter de sa liberté dans les bras d’amants plus jeunes.

      — Et toi, dans tout ça ?

      — C’est simple, je passais mon temps seul, expliqua-t-il, désabusé. Je la regardais mettre les robes les plus moulantes qu’elle trouvait et se pavaner devant moi, un verre de Martini à la main. Parfois, elle rentrait pendant la nuit, mais souvent elle ne réapparaissait pas avant le petit matin. La plupart des enfants détestent être envoyés en pension, mais tu sais quoi ? J’adorais la pension car je m’y sentais en sécurité. C’était plutôt les vacances que je redoutais.

      — Pourquoi me racontes-tu tout cela?
— Parce que quand j’ai tenu le petit garçon de Phœbe et Séb entre mes bras, j’ai compris ce qui manquait à mon bonheur. J’ai compris que je désirais ce que je n’avais jamais eu, c’est-à-dire une famille à moi. Je pense que je pourrais en avoir une avec toi, conclut-il d’une voix soudain plus rauque en regardant Sophie droit dans les yeux.
Le cœur de Sophia s’arrêta de battre, puis repartit à un rythme effréné. Elle n’en croyait pas ses oreilles. Devait-elle se sentir heureuse ou bien perdue ? Pouvait-elle espérer que les sentiments de Ben aient évolué ?
Sous-entendait-il qu’il désirait ce futur dont elle rêvait ?

      — Avec moi ? balbutia-t-elle. Vraiment ?

      — Oui, avec toi. Tu m’as dit qu’un jour tu aimerais avoir une famille. Eh bien, moi aussi. Je ne peux pas te promettre l’amour, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire. Tu m’as avoué que tu n’aimais pas Josh , alors tu sais que les mariages arrangés peuvent fonctionner.

      Sophie ouvrit de grands yeux, de plus en plus abasourdie. Ce n’était pas possible, elle devait se tromper. Elle devait être en train de rêver.

      — Tu… Tu parles de mariage ?

      — Oui, j’ai bel et bien parlé de mariage. Je ne vois aucune autre façon d'y parvenir.

— Tu serais prêt à m’épouser juste pour que ton rêve d’une famille se réalise ?

      — C’est ton rêve à toi aussi. Nous sommes compatibles, Sophia, tu sais bien que c’est le cas.

      Elle ferma les yeux. Et elle qui pensait qu’il parlait d’amour… En fait, il ne parlait que de sexe. Elle s’était trompée du tout au tout.

      — Nous sommes compatibles au lit, c’est ce que tu veux dire…

      — Oui. Je n’ai jamais désiré une femme comme je te désire. Il me suffit de te regarder pour… Tu sais ce qu’il m’arrive quand je te regarde. Si tu acceptes de m’épouser, je te promets d’être fidèle, je t’en donne ma parole. Je te promets d’être un bon mari, un bon père pour nos enfants et de te soutenir dans tous tes projets. Alors, qu’en dis-tu ? Acceptes-tu de m’épouser, Sophia ?

      Les prunelles de Ben brillaient comme deux lacs d’argent. Il s’agissait d’une question importante, Sophia avait besoin de réfléchir. Et surtout, elle ne devait en aucun cas lui montrer ce qu’elle ressentait. Elle cacha sa déception, l’enfouit profondément en elle et se força à afficher un masque impassible.

      Était-elle stupide au point d’avoir imaginé que les sentiments de Ben avaient évolué à l’unisson des siens ? Il lui avait expliqué dès le départ qu’il ne tomberait jamais amoureux. Maintenant qu’elle le connaissait mieux, elle pouvait comprendre pourquoi. Et pourquoi il avait du mal à faire confiance et ne s’était jamais casé. Enfant, il avait été délaissé par sa mère ; puis, une fois adulte, il avait été trahi par Roselia.

      Un enfant l’aiderait-il à guérir ?

      Elle le regarda droit dans les yeux. Il lui avait juré qu’il serait fidèle et elle le croyait. Il ne se comporterait pas comme Josh et ne tomberait pas amoureux d’une autre femme. Durant son enfance, il avait vu les conséquences désastreuses de l’infidélité et il ne voudrait pas renouveler les mêmes erreurs que ses parents. Il n’avait jamais eu la chance de créer une véritable famille à lui, et pourtant, il en rêvait. Cet homme puissant et riche ne désirait rien d’autre qu'un bébé.
Et elle aussi.

      Leur bébé…

      Alors pourquoi un mariage arrangé entre eux ne pourrait-il pas fonctionner ? Le mariage de ses parents avait été arrangé, et ils avaient vécu ensemble, heureux, pendant longtemps. Pourquoi ne pouvait-elle pas parvenir au même bonheur avec Ben ? Un compagnon, du sexe, un sentiment de sécurité, c’était sans doute mieux que rien. Et puis peut-être finirait-il par l’aimer, un jour…

      — Que ferais-je, en tant qu’épouse ? demanda-t-elle enfin.

      — Tout ce que tu voudras. D’autant que je sais que tu es capable d’atteindre tous les objectifs que tu te fixes. L’espoir la gagna. Elle ressentait soudain le même émerveillement, le même sentiment de puissance et de liberté que lorsqu’elle avait traversé le Pacifique.

      — Oui, j’accepte de t’épouser, et j’accepte d’avoir une famille avec toi, de t’être fidèle.

      — Nous aurons une belle vie, ensemble ! s’exclama Ben, souriant. Je te le promets.

      En voyant ce beau et large sourire, des étincelles de désir se mirent à pétiller en elle. Leur relation ne fonctionnerait cependant que si elle ne se faisait pas d’illusions, elle ne devait pas l’oublier.

      Elle lui sourit en retour.

      — Oui, nous aurons une belle vie.

        * * *

UN Millionnaire Pas Comme Les AutresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant