Chapitre11º

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Ben repoussa son verre tout en réfléchissant à la question de Sophia. En fait, il connaissait déjà la réponse : il ne désirait pas qu’elle parle d’elle, il la désirait tout court. C’était aussi simple que cela. Il la désirait depuis qu’il avait posé le regard sur elle, depuis qu’elle l’avait dévisagé de ses grands yeux bleus. Il mourait d’envie de plaquer les lèvres sur les siennes, de l’embarquer dans un baiser torride, de la débarrasser de sa robe pour découvrir son corps, de l’entendre crier son prénom tandis qu’il la posséderait…

      Il bougea légèrement pour masquer sa gêne… et son érection ! Bon sang, que lui arrivait-il ? Il avait l’impression de retourner vingt ans en arrière et d’être à nouveau un adolescent timide et maladroit. Il perdait la tête !

      Non, il avait déjà perdu la tête.

      Il se leva et se força à chasser ses idées osées. À quoi bon fantasmer ? Il partait le lendemain et, dans une semaine, il ne se souviendrait même plus du visage de sa cuisinière.

      — Vous avez raison, Sophia, votre vie ne me regarde pas, affirma-t-il en lui souriant. Si cela vous intéresse cependant, sachez que vous faites du bon boulot.

      Sophia frissonna, touchée autant par le compliment de Ben que par son sourire. Elle était toujours mal à l’aise quand elle recevait un compliment. Généralement, ils n’étaient pas sincères, lancés par des gens qui attendaient quelque chose de la princesse . Les mots de Ben lui semblaient néanmoins honnêtes.

      Elle se redressa. Il fallait à tout prix qu’elle parte, qu’elle s’éloigne de lui avant qu’il ne lui dise d’autres mots gentils et qu’elle se comporte comme un petit chien n’attendant que des caresses.

      — Merci, c’est gentil. Et maintenant, je vais finir de desservir avant que vous ne regrettiez votre compliment.

      Sans attendre, elle se dirigea vers la cuisine et commença à laver les verres. Pourquoi regrettait-elle soudain de s’être enfuie du salon ? Elle se sentait vide sans lui. Si seulement il pouvait entrer dans la cuisine, lui sortir les mains de l’eau savonneuse, la prendre dans ses bras et l’embrasser comme si sa vie en dépendait… Oui, voilà ce qu’elle désirait. Hélas, Ben était monté se coucher, elle avait entendu la porte du salon se refermer.

      Frustrée, elle termina la vaisselle en se maudissant pour sa faiblesse. Ensuite, elle retourna dans sa chambre et prit une rapide douche avant de se coucher.

      Malheureusement, malgré sa fatigue et la perspective d’un lever aux aurores, elle ne parvenait pas à fermer les yeux. À chaque fois qu’elle essayait, l’image de Ben apparaissait devant. Elle voyait son visage viril, ses traits réguliers, son corps d’apollon…

      Après de longues minutes à se tourner et se retourner dans le lit, Sophia repoussa le drap de coton. Elle bouillait. Aucune des techniques de relaxation qu’elle connaissait ne fonctionnait. Impossible de fermer l’œil…

      Elle sortit du lit. Pieds nus, elle se dirigea vers la fenêtre et jeta un coup d’œil dans la nuit. La pleine lune se reflétait sur la surface immobile de la piscine. Et si elle allait nager ? Elle en avait soudain très envie. Si elle était silencieuse, elle ne dérangerait personne.

      Oui, voilà ce qu’elle allait faire : se rafraîchir, se fatiguer, et ensuite elle parviendrait peut-être à s’endormir.

      Sa décision prise, elle mit son maillot de bain, prit ses tongs et sortit en silence. Elle alluma l’éclairage de la piscine, puis jeta un coup d’œil aux alentours pour vérifier qu’aucun crapaud ne traînait dans les parages — ils adoraient les abords de la piscine et parfois y sautaient pour se baigner. Son inspection terminée, Sophia se glissa dans l’eau et commença à enchaîner les longueurs.

      Elle nagea jusqu’à sentir la fatigue la gagner et ses jambes devenir engourdies. Alors, elle fit la planche pour finir de se détendre et profiter quelques instants encore de la nuit étoilée.

      Elle se redressa soudain en sursaut et faillit boire la tasse. Elle venait d’entendre comme un bruit de plongeon derrière elle ! Lentement, elle se retourna. Sous l’eau, un corps ondulait dans sa direction. Sophie retint son souffle…

      *  *  

UN Millionnaire Pas Comme Les AutresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant