Chapitre 19º

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— C’était une expérience intéressante, conclut-elle d’une voix neutre.

      — Que s’est-il passé quand tu es arrivée en Australie ?

      — Nous avons accosté à Cairns, où Travis avait un ami. Il m’a conduite dans la direction de l’Outback. En route, je me suis arrêtée dans un magasin pour m’acheter une nouvelle garde-robe.

      Rafe posa un regard méprisant sur sa tenue.

      — Dans une friperie, on dirait…

      — Exactement ! Je ne voulais rien qui ne permette à qui que ce soit de me reconnaître. Et tu sais quoi ? C’était une véritable libération. En m’habillant ainsi, j’ai eu l’impression d’être comme toutes les autres femmes, pour la première fois de ma vie — Sauf que la plupart des femmes ne possèdent pas des comptes en banque remplis de milliards de dollars !

      Rafe se redressa soudain, frappé par une question.

      — Comment as-tu su que cette ferme m’appartenait ?

      — Je… Pourquoi poses-tu la question ?

      Sophia semblait mal à l’aise, tout à coup. Que lui cachait-elle encore ?

      — Assez de cachotteries ! Dis-moi la vérité.

      — La vérité, c’est que j’avais entendu parler de ta ferme.

      — Comment ?

      — Par Josh, l’homme que j’aurais dû épouser. Le mari de ta sœur Barbara , qui est marchant d’art, lui a un jour vendu un tableau et lui a raconté que le frère de son épouse était un homme d’affaires qui possédait une grande ferme dans l’Outback.

      — Et je t’ai intéressé.

      — Pas vraiment, non, désolée de te décevoir. Ce qui m’a intéressée, c’est le fait que tu n’étais jamais ici. Je savais grâce à Travis que la plupart des fermes employaient des cuisinières et j’ai pensé que je pourrais me débrouiller.

      — Nous avions déjà une cuisinière.

      — Je sais, marmonna-t-elle en baissant les yeux, avec l’air d’avoir un peu honte. Je l’ai rencontrée pour boire un verre et…

      — Laisse-moi deviner : tu lui as offert de l’argent pour qu’elle quitte son emploi plus tôt que prévu.

      Sophia hocha la tête, à l’évidence penaude.

      — Tu prétends vouloir être comme les autres femmes. Or celles-ci ne parviennent pas à leurs fins juste en distribuant de l’argent et en soudoyant les autres.

      — Es-tu en train de me faire croire que toi, tu n’as jamais utilisé ta fortune pour parvenir à tes fins ?

      Ben hésita à répondre. Comment Sophia réagirait-elle s’il lui disait que ce qu’il désirait vraiment, l’argent ne pouvait pas l’acheter ? Cela n’avait pas de prix ; il l’avait perdu et il ne pourrait jamais le récupérer.

      — Il s’agit de ton histoire, pas de la mienne, lui rappela-t-il. Continue.

      — Je t’ai dit tout ce que tu as besoin de savoir. Rassure-toi, tu n’auras pas à me supporter bien longtemps.

      Elle se dirigea vers l’armoire, y prit son sac à dos et le jeta sur son lit.

      — Que fais-tu — Je pars. Je ne peux pas rester ici. Si je reste, cela compliquera la vie de la ferme.

      Elle ouvrit un tiroir et en sortit une pile de T-shirts.

      — Épargne-moi ton cinéma, s’il te plaît. Tu ne quittes pas la ferme par bonté, n’est-ce pas, petite princesse ?

      Sophia serra les dents. Que de méchanceté dans la voix de Ben ! Et quel changement depuis la nuit précédente…

      Entre ses bras, elle s’était sentie en sécurité, protégée. Elle avait eu l’impression d’être capable d’atteindre tous ses objectifs. Pendant des heures, elle avait frissonné de plaisir tandis qu’il explorait chaque centimètre carré de sa peau, avec ses doigts experts, avec sa bouche magique, avec sa langue coquine… À chaque caresse, elle avait découvert de nouveau sommets de plaisirs.

      Ben Parker s’était révélé l’amant parfait ; et maintenant, il la regardait comme s’il la méprisait, comme si elle n’était qu’un vulgaire insecte qu’il avait envie d’écraser avec la semelle de sa chaussure.

      — Crois-tu qu’il soit juste de me critiquer simplement parce que je suis née dans une famille royale ? Je ne suis pas responsable de ma naissance.

      — Tu préférerais que je te critique à cause de tes mensonges répétés ?

      — Je ne pouvais pas te révéler ma véritable identité. Je ne pouvais pas en parler à qui que ce soit, sinon je n’aurais pas pu rester ici. Tu devrais pouvoir le comprendre.

      — Si tu me l’avais avoué, et si tu m’avais avoué être vierge, j’aurais eu le choix de décider si je voulais ou non être utilisé comme amant dans ta petite aventure autour du monde, la taquina-t-il, malicieux soudain.

      — Il ne s’agit pas de cela.

      — Ah non ? Tu m’as choisi parce que nous avons noué un lien profond en l’espace de moins d’une semaine ? ironisa Ben.

      — À vrai dire, je n’ai pas tenté d’analyser les faits, je me suis juste laissé porter. Et puis tu oublies que nous étions deux à décider. À moins que tu ne préfères nier ton rôle dans l’histoire ?

      — J’ai juste envie de comprendre. Est-ce que j’ai coché toutes les bonnes cases ? Riche, célibataire et séduisant, j’avais toutes les caractéristiques pour être l’amant parfait capable d’offrir à la princesse délaissée sa première expérience sexuelle ?

      — Espèce de salaud !

      Sophia lança une ceinture sur la pile de T-shirts. Le détachement cynique et la mauvaise foi de Ben la mettaient hors d’elle. Elle en avait assez de cacher sa colère. De toute façon, la colère était préférable à la vulnérabilité qu’elle sentait monter en elle.

      Le téléphone de Ben vibra. Il le sortit pour prendre l’appel, sans jamais cesser de la fixer. Elle continua à emballer ses affaires.

      — Où as-tu l’intention de partir ? lui demanda-t-il après avoir raccroché.

      Elle ne leva pas la tête. Tout à coup, elle avait peur de ne pas être capable de cacher sa fragilité.

      — Je n’ai pas encore réfléchi à la question

          *****

UN Millionnaire Pas Comme Les AutresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant