Chapitre 20º

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Sophia semblait si perdue, si désemparée, que l’humeur de Ben s’adoucit. Sa colère reflua
— Il serait pourtant temps que tu le fasses. Tu n’es plus protégée par ton statut royal, désormais. Tu te trouves au milieu de l’Outback, avec un choix de moyens de transport limité, princesse ou pas. C’était Raphaël, mon assistant, au téléphone. Il voulait m’informer que la presse australienne parlait beaucoup de ta présence ici. Ce n’est finalement pas une mauvaise nouvelle car je suis sur le point d’acheter la plus grande compagnie téléphonique d’Asie, et de nombreux actionnaires s’opposaient à mes projets. Grâce à toi, cette affaire est passée au second plan. Je te remercie.

      — Je suis désolée que ma présence ait un impact sur ta vie. Rassure-toi, je vais très rapidement en sortir. Je ne serai bientôt plus qu’un mauvais souvenir que tu pourras vite oublier. Ce qui était ton intention dès le départ, n’est-ce pas ?

      Elle referma son sac à dos et repoussa les mèches de cheveux en désordre qui venaient de glisser sur son visage. Aussitôt, des souvenirs de leurs étreintes revinrent à la mémoire de Ben. Il se revit caresser sa douce toison, glisser les doigts un peu plus bas et titiller son clitoris… Son désir monta en flèche. Il n’avait plus qu’une envie : la basculer sur le lit et la posséder, ici, maintenant.

      — Partir, s’oublier : si seulement c’était aussi facile ! À ton avis, quelles vont être les conséquences sur ma réputation si je te laisse te débrouiller seule face à la horde de journalistes qui ne va pas tarder à arriver ? Sans compter que je refuse de te laisser partir seule.

      Elle écarquilla les yeux, comme s’il venait de proférer une absurdité
— Es-tu en train de me donner des ordres ? s’offusqua-t-elle.

      — Non, mais je suis prêt à t’en donner si c’est la seule solution pour que tu te rendes compte du problème. Qu’y a-t-il, petite princesse ? Tu n’es pas habituée à recevoir des ordres ?

      — J’ai passé ma vie à recevoir des ordres, et c’est la première fois que je peux enfin prendre toute seule mes décisions. Alors s’il te plaît, ne te fais pas de soucis pour ma sécurité. Je peux toujours demander à un de mes anciens gardes du corps de venir ici pour me protéger.

      — Et de combien de temps aurait-il besoin pour arriver ici ?

      — Je… Je ne sais pas, répondit-elle d’une voix faible.

      Ben serra les poings, comme si ce geste pouvait l’aider à juguler son désir. Sophia semblait si vulnérable, tout à coup, et encore plus attirante. Mais il ne devait pas fondre devant sa fragilité. Elle jouait un rôle, il ne devait pas l’oublier. Tout en elle était faux. Jusqu’à ce que son fiancé la trompe, elle avait probablement vécu dans un cocon, même si elle cherchait à lui faire croire le contraire. Eh bien, il était temps qu’elle apprenne qu’à Poonbarra c’était lui qui prenait les décisions !

      Soudain, une idée lui traversa l’esprit.

      — Il va falloir que tu viennes avec moi. Je vais te rendre un service et tu vas m’en rendre un.

      — Où veux-tu que j’aille ? l’interrogea-t-elle, suspicieuse. Et de quel genre de service parles-tu ?

      Il baissa les yeux vers le sac à dos. Ce n’était pas la première fois qu’il se trouvait dans une mauvaise situation, mais, comme toujours, il allait réussir à la retourner à son avantage. Peut-être l’effrayante perspective de devoir faire face à Sharla, lors du baptême de son neveu, serait moins pénible s’il était accompagné de Sophia ? La présence de cette belle princesse pourrait faire oublier celle d’une des plus belles femmes du monde…

      — Tu vas venir avec moi en Angleterre. Je dois me rendre à un baptême, je ne peux pas l’éviter, j’ai donné ma parole. C’est la première fois que la famille Parker va se réunir depuis bien longtemps, et cette perspective ne me réjouit guère.

      — Pourquoi ?

      — Cela ne te regarde pas !

      Il s’interrompit, conscient que son ton était peut-être un peu trop sec s’il voulait parvenir à ses fins.

      — Disons que je n’ai jamais beaucoup aimé les réunions de famille, reprit-il, plus doux. Mais puisque nous devons prendre en compte des questions de sécurité, disons que tu pourrais être mon invitée. Cela te permettrait de quitter l’Australie en toute sécurité, et de mon côté, d’éviter les questions de ma famille.

      — Je n’ai aucune envie d’aller en Angleterre, et je n’ai aucune envie d’être ton invitée.

      — Que proposes-tu à la place, alors ?

        **

UN Millionnaire Pas Comme Les AutresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant