Chapitre16º

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Elle avait envie de faire disparaître ce regard suspicieux de son beau visage.

      Après tout, qu’elle ait été vierge n’avait aucune importante, si ? Comment les couples classiques réagissaient-ils en pareille circonstance ? Elle, qui était une experte en étiquette, n’en avait pourtant pas la moindre idée. Elle se sentait complètement perdue.

      Elle n’allait pas jouer les lâches pour autant, ce n’était pas son genre. De plus, elle n’avait aucun regret. Peut-être devait-elle simplement faire savoir à son merveilleux amant combien elle avait apprécié l’expérience, et combien elle avait envie de recommencer…

      Elle rouvrit les yeux. Aussitôt, le vertige la saisit. Ben n’avait pas changé, et pourtant elle le trouvait différent. Elle laissa le regard glisser sur son torse imberbe, sur ses abdominaux puissants. Après l’expérience  qu’ils venaient de partager, elle avait bien le droit de l’étudier du regard, non ?

      Sous le charme, son cœur s’emballa. Comment était-il possible qu’elle le désire à nouveau, aussi vite ? En avait-il envie, lui aussi ?

      — C’était…

      — Stop ! la coupa-t-il d’un ton cynique. Tu voulais dire que c’était fantastique ? Magnifique ? Les femmes me disent souvent qu’il s’agit de la meilleure expérience sexuelle de leur vie. Dans ton cas, j’imagine qu’il est difficile de juger puisque tu n’avais jamais fait l’amour avant.

      Sophia se raidit. Il blaguait. Il blaguait forcément, n’est-ce pas ? Même si c’était de très mauvais goût… Quel homme parlait de ses maîtresses passées de cette façon ?

      Elle le dévisagea. Non, apparemment, il ne blaguait pas. Il semblait au contraire fâché. La déception la gagna. Elle se força néanmoins à la masquer. Ce n’était pas difficile, elle était très douée pour cacher ses sentiments.

      — Le fait que j’ai été vierge te dérange ?

      — Cela me dérange autant que si j’étais monté dans une voiture conduite par quelqu’un qui m’aurait caché qu’il n’avait pas encore le permis.

      — Merci pour la comparaison !

      — Comment est-il possible que tu n’aies jamais fait l’amour avant ? Tu es jeune, tu es belle, tu n’es pas coincée. Nous vivons au XXIe siècle, il me semble.

      Désorientée, Sophia grimaça. Que faire ? Si elle lui avouait la vérité, il ne la croirait jamais. Lui vivait peut-être au XXIe siècle, mais pas elle ; parce qu’elle était née princesse, qu’elle était censée épouser un des hommes les plus courtisés du monde, et que l’accord signé entre les deux familles lui avait imposé d’être vierge le jour du mariage.

      Elle refoula une subite envie de pleurer. Son rêve venait de se transformer en cauchemar ! Une fois qu’elle aurait convaincu Ben qu’elle n’était pas une mythomane, elle serait obligée de replonger dans ce passé qu’elle tentait pourtant de fuir de toutes ses forces. Elle serait obligée de révéler une vérité qu’elle n’avait pas envie d’affronter.

      Que se passerait-il s’il devenait soudain intéressé ? Il n’avait pas l’air d’être ce genre d’homme, mais comment en être certaine ? Son statut de princesse de Brestania attirait beaucoup de gens peu scrupuleux.

      Elle se dit que le mieux était de répondre à Ben sur le même ton, avec la même arrogance, pour le déstabiliser à son tour — Peut-être que j’attendais simplement de rencontrer l’homme adéquat.

      Il s’assit en cachant sa virilité sous le drap, mais pas assez vite pour qu’elle ignore son érection. Un sentiment de triomphe la gagna aussitôt.

      — Je crois qu’il faut que nous mettions quelque chose au clair, Sophia. Faire l’amour avec toi était incroyable, plus qu’incroyable même, d’autant plus qu’il s’agissait de ta première fois. Tu n’as pas assez d’expérience pour le savoir, mais je peux t’assurer que c’est vrai.

      Il s’arrêta, comme s’il avait besoin de temps pour choisir avec précaution ses mots.

      — Le fait est que je ne cherche pas une relation sérieuse, continua-t-il. Je ne suis pas le genre d’homme à être ému par ta virginité. Cela ne veut rien dire pour moi, et tu ne représentes rien à mes yeux. Je suis désolé d’être aussi franc, mais je veux éviter tout quiproquo. Je ne cherche pas une partenaire, et même si c’était le cas, tu ne serais pas cette femme. Je t’ai dit que je croyais à la sincérité et je suis sincère avec toi. Nous menons des vies différentes. Tu es une cuisinière débutante en voyage à l’autre bout du monde tandis que je suis un homme d’affaires toujours entre deux avions. Cela ne pourrait jamais fonctionner entre nous.

      Sophia s’étranglait de rage. Elle faillit le gifler. Quel homme méprisant ! Elle se retint cependant. Autant garder un peu de dignité. Le point positif, c’était que l’attitude détestable de Ben lui simplifiait la tâche. Elle ne lui ferait aucune confidence, elle ne lui révélerait pas la moindre chose sur elle. Pourquoi le ferait-elle puisqu’il semblait n’avoir qu’un désir : la fuir le plus rapidement possible ?

      Des restes de son éducation princière lui revinrent. Elle sortit du lit, attrapa la serviette qui traînait au sol et s’enroula dedans. Puis elle riva le regard à celui du mufle assis dans le lit.

      — Je crois que tu te flattes. Je suis d’accord avec chaque mot que tu viens de prononcer. Entre nous, il ne s’agissait de rien d’autre qu’une initiation sexuelle, une initiation particulièrement réussie. Alors je te remercie pour l’expérience, mais sois rassuré, je ne cherche pas de relation non plus. Peut-être aurais-je dû t’avouer que j’étais vierge, mais je ne voulais pas rompre le charme de l’instant. Maintenant, puisque tu quittes l’Australie demain, je vais te laisser dormir. Bonne nuit, fais de beaux rêves.

      Ben semblait incrédule, choqué par ses paroles. Voilà qui était par fait pour lui remonter le moral ! Sans attendre sa réaction, elle sortit de la chambre

UN Millionnaire Pas Comme Les AutresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant