Bunkoeur [ PLK ]

39. L'OLYMPIA

Point de vue Lara

« J'ai pas de voiture mais si tu veux j'passe te prendre? » - Valentin avait commencé à faire ses blagues salaces qui ne font rire que lui bien avant le début du concert. J'étais passée outre.

Nous étions partis manger en vitesse. Valentin est un garçon pointilleux et sélectif à tous les niveaux. Une heure. C'est le temps qu'on avait passé à chercher un resto non loin de l'Olympia. Pourtant, le choix ne manquait pas. McDonald's ? Non, nourriture transformée. Kebab? Trop gras. Et quand bien même on avait trouvé une brasserie convenable à deux pas du music-hall, il avait réussi à poser des questions barbantes à la serveuse « C'est bio? » ; « À base de quoi la sauce ?» ; « Comment vous expliquez ce dessert sur le menu alors que c'est pas la saison? »

- Tu paries combien qu'elle a craché dans ton plat Barbara ? - dis-je à Valentin, une fois la serveuse partie. J'avais lu le prénom sur son badge.

- Je sais pas mais je cracherais bien dans le sien. - répondit-il conscient de la double signification de son propos.

- Mais...t'es horrible.

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L'Olympia

20h30

« Putain. Il aurait pu nous éviter la fosse! » grognait Valentin tandis que celle-ci se remplissait à la vitesse grand V. « Déjà qu'on a pas versé un rond, arrête de te plaindre » lui avais-je lancé. Il n'était jamais satisfait, ce qui avait le don de m'agacer. « Encore heureux! » avait-il répliqué.

Aussi, j'étais un peu nerveuse à l'idée de revoir Mathieu, même s'il y avait peu de chances qu'il me spotte parmi la masse compacte de fans.

Bientôt, nous étions ensevelis parmi des milliers de fans, hardcores pour certains, je remarquai que quelques jeunes filles avaient inscrit « PLK » au marqueur sur leur fesses, cuisses ou bustes. C'était carrément flippant.

Mon regard se porta soudainement sur un Valentin, presque apeuré, sur ses gardes, serrant fortement ses effets personnels. Son look contrastait avec l'ambiance urbaine. Sa coiffure parfaitement laquée, son trench-coat et ses mocassins tranchaient radicalement avec la légèreté vestimentaire ambiante. C'était presque comique.

- Je rêve où t'es en train de stresser là? - lui dis-je en lui donnant un coup d'épaule.

- Du tout.

- T'es dans un concert de rap, pas en zone de guerre. Détend toi.

- Je suis détendu... « wesh ». - ajouta t-il sarcastiquement.

Je me renfrognai pour marquer mon exaspération.

- À peine.

- Ok, grillé. Je suis à deux doigts de sortir la bombe lacrymogène, j'ai la main dessus.

- Quel mépris!

- On peut plus plaisanter ?

- Une plaisanterie, c'est censé provoquer le rire. Là, t'es tout sauf drôle.

- Ma foi! Pardon Lara. - dit-il en posant un baiser saliveux sur ma joue.

- Beurk. - J'essuyai exagérément mon visage à l'aide de ma manche produisant un rictus incontrôlé chez le beau brun.