Bunkoeur [ PLK ]

46. IDIOTE

18 h 30

Point de vue Lara

Connard.

C'est le prénom que ta mère aurait dû te donner. D'ailleurs j'aimerais bien l'appeler pour lui faire savoir qu'elle a mis au monde une petite salope. Où as tu appris à mentir avec une telle aisance ? À l'école ? Titulaire d'un CAP mécanique et d'un masters en mensonge option tromperie peut être ? « J'suis pas prêt » « Je baise ton absence » Vraiment ? Quelle façon diabolique de traiter une femme qui t'aime. Et tes potes qui me lancent des sourires hypocrites. Ils le savaient eux ?
T'es qu'une petite merde. Un petit con. Si tu couches pas avec Mélissa, tu meurs ? Tu veux vraiment la bais...

- LARA ? ? - la voix grinçante de Pauline vint m'extraire de mes pensées assassines - T'en fais une tête ! Ça va ?

Sans prendre la peine de lui répondre, j'accourus dans les toilettes publiques situées non loin de la scène principale. Là, je m'accroupis à même le sol, et cachai ma tête dans mes deux mains en éclatant en sanglots. Toutes les larmes que j'avais retenu se mirent alors à rouler abondamment sur mes joues. Des larmes de tristesse, de colère et de honte. La honte de n'avoir rien vu venir, d'avoir été si idiote et confiante. C'est vraiment pas des blagues quand ils disent que l'amour rend aveugle.

Je repris mes esprits en m'apercevant qu'à l'extérieur, la musique avait cessé. Devais-je confronter Mathieu ? Mélissa? Les deux en même temps ? Une gifle pour lui et un chassé pour elle ? L'inverse ? Le fait que les deux étaient présents au même endroit rendrait la confrontation pratique. J'aurais alors été en mesure d'obtenir des explications plus claires car malgré les dires de Pauline, tout restait encore très flou. L'idée me démangeait mais mon père était aussi présent. Et une dizaine de ses collègues. Lesquels m'auraient probablement regarder bizarrement au mieux, l'auraient blâmé pour mon comportement, au pire. Je ne voulais pas faire une scène devant toutes ces personnes et honnir papa.

J'abandonnai donc l'idée en me relevant et séchai mes larmes hâtivement.

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Point de vue Polak

« C'EST DANS LA BOÎTE ! » vociféra un technicien à l'autre bout du plateau. On avait enfin terminé. J'aime l'ambiance des tournages mais à un certain point. Parfois, c'est beaucoup trop long. Aujourd'hui, ça l'était. J'étais K.O. Et avec ma semi-nuit blanche, je n'avais qu'une chose en tête : retrouver mon lit et Lara à l'intérieur, éventuellement. D'ailleurs, il me semblait l'avoir vu à la volée aux côtés de Pauline pendant qu'on tournait, mais elle avait à présent disparu.

Après avoir tchèqué et bavardé avec mes gars ici et là, signé des autographes aux fans les plus deter' qui avaient trouvé le lieu du tournage et attendu sur le bas côté pendant des heures, je décidai de rechercher Lara tandis que le monde s'éparpillait progressivement. « Cimer, t'as pas vu Lara ? » avais-je répondu à Pauline qui s'était précipitée vers moi en exagérant les compliments pour gratter l'amitié.

- J'sais pas, pourquoi ? Elle était là y'a deux minutes puis elle a fait tomber son li...

La blonde fut interrompue par Lara, qui arrivait derrière nous.

- Salut.

La brune arracha son livre des mains de Pauline qui fut, autant que moi, prise de court par cette réaction. Quelque chose clochait. Lara avait l'air flegmatique, vide, froide. Bref, très différente de d'habitude.Je me dis que c'était peut être la présence de Pauline qui l'importunait. D'un mouvement de tête discret, j'ordonnai à la blonde de nous laisser.