Deux ans après l'accident qui a coûté la vie à sa mère et son jeune frère Isaac, Lara, 20 ans, se sent enfin prête à écrire une nouvelle page de sa vie. Dans la capitale où elle emménage avec son père réalisateur de clips musicaux, elle rencontre Ma...
Positif. Cet énième test de grossesse avait été sans équivoque. C'était le cinquième en deux jours, pour être exacte. Putain de merde, j'étais enceinte.
En théorie, c'est une nouvelle qui aurait pu m'enchanter dans la mesure où Valentin et moi avions passé ces deux dernières années à travailler sur ce projet « bébé ». Nos vies étaient désormais propice à l'arrivée d'un petit être et fonder une famille semblait être la conséquence logique d'une belle équation. Tout concordait : Mon retour à Paris après la validation de mon master londonien, un nouvel appart, son nouveau job en tant qu'avocat chez Holding Entreprises Inc, notre amour...enfin je crois.
Mais voilà, en pratique, heureuse, je ne l'étais pas. Un bébé c'est bien, mais je me serais contenter de la simple idée. Et maintenant que cette idée se concrétisait, je doutais.
Et c'est ainsi que je me retrouvais dans la salle d'attente du planning familial pour mettre fin à la petite vie qui grandissait en moi. Le pire dans tout ça ? Valentin n'était pas au courant. Après longue et mûre réflexion, j'avais décidé de l'épargner de mes tourments en gardant secret ce choix qui concernait mon corps, avant tout.
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« Madame Gónzalez ? » une voix m'extirpa de mes pensées abruptement. « Vous pouvez me suivre ? » l'infirmière m'invita à me lever. Je mis plusieurs secondes avant de réagir, encore hésitante peut être?
- Euh...Oui. - je suivi ses pas.
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C'était fait et c'était trop tard pour regretter quoi que ce soit, l'embryon avait été aspiré en un claquement de doigts. Je reviens rarement sur mes décisions mais le caractère irréversible de cette action me laissa un goût amer. Un sentiment de tristesse m'envahit tandis que je sortais du bâtiment. Allais-je regretter cet acte sur mon lit de mort ? Cet enfant, qui n'en était pas encore un, aurait pu changer le monde. Il aurait pu être médecin, futur président, athlète ? J'imaginais ses petites bouclettes, sa petite bouille, me demandais s'il aurait pu ressembler à mon frère si c'était un garçon, ou à ma mère si c'était une fille. Je commençais à me faire le film de cette vie que moi, Lara Gónzalez, venait d'abréger sur un coup de tête. Des larmes de culpabilité et de tristesse commencèrent à rouler sur mes deux joues.
Assise sur les marches de la gare, désemparée je défilai mon répertoire à la recherche d'un contact qui aurait pu combler le micro-vide qui venait de s'installer dans mon cœur à la suite de cet avortement, quelqu'un qui aurait pu m'apporter un réconfort serein, une épaule sur laquelle pleurer. Et, bizarrement, je pensais retrouver ce réconfort dans celui qui avait été mon meilleur cauchemar il y deux ans déjà.
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